Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Watch, saison 1
Le Guet d'Ankh-Morpork est composé de marginaux dirigés par un alcoolique notoire, Sam Vimes, et se montre bien incapable de résoudre la moindre affaire criminelle. Quand Carcer Dun, un homme surgi du passé de Vimes, réapparait avec l'intention de détruire la ville à l'aide d'un dragon, le moment sera enfin venu pour le Guet de prouver sa valeur.

Les Annales du Disque-Monde, ce sont plus de trente romans écrits en l'espace de trois décennies par Terry Pratchett dans lesquels il a pu déployer un vaste univers et aborder divers sujets par le biais de la fantasy et de l'humour. Un cycle à succès duquel se dégagent des personnages récurrents comme Rincevent, les Sorcières ou les membres du Guet. Si les fans sont nombreux, les adaptations à l'écran ne l'étaient pas tant que cela, finalement on ne compte que trois téléfilms en deux parties chacun pour la chaîne britannique Sky et quelques tentatives en animation. Aussi l'annonce d'une série centrée sur le Guet avait de quoi allécher, jusqu'à l'arrivée des premières photos: décors urbains ordinaires, costumes sortis d'une friperie vaguement punk, acteurs pour certains en décalage total avec leur version de papier, puis des bandes-annonces criardes... Il y avait de quoi craindre le massacre. Finalement, qu'en est-il?

En terme d'adaptation, c'est globalement, on peut le dire, une aberration. Prendre ses distances avec l’œuvre de base, pourquoi pas, encore faut-il comprendre pourquoi: lorsqu'un livre a déjà été adapté une foultitude de fois, l'aborder sous un angle hétérodoxe peut amener un vent de fraîcheur. Or ce n'est pas le cas ici. Lorsqu'on adapte une œuvre méconnue qui offre un potentiel au travers de certaines idées mais ne peut être adaptée telle qu'elle: là encore, cela ne correspond pas puisque le cycle a une fanbase fidèle et n'a pas besoin d'être remanié dans les grandes largeurs pour attirer un nouveau public. Pourtant on se retrouve avec un capitaine Vimes incarné par un Richard Dormer qui cabotine comme un damné, visiblement convaincu qu'il joue un genre de Jack Sparrow du pauvre, un Carrot presque antipathique, une Cheery de quasiment deux mètres (pourquoi Carrot doit-il quitter sa mine si tous les Nains sont gigantesques?) dont les revendications n'ont pas grand chose à voir avec celle des livres, une Sibylle jeune et jolie (on met en avant son côté femme d'action mais finalement la série ne se montre pas plus moderne que les livres en dépit de la volonté affichée puisqu'on ne peut visiblement avoir dans ce rôle qu'une jeune femme mince et sexy). Detritus, arrivés à l'épisode 3 vous ne vous souviendrez même plus qu'il a été dans la série, trop cher probablement... Comme réaliser un Bibliothécaire crédible. Et ne parlons pas de Veterini, pourtant l'idée de féminiser le personnage en confiant le rôle à Anna Chancellor ne me rebutait pas... Mais ce look, cette caractérisation... Seuls Chicard et Colon s'en tirent indemnes en étant tout simplement absents.

Il en va de même d'Ankh-Morpork, personnage à part entière: pas de cité sale, grouillante, mélange de médiéval et de victorien (avec des moyens limités, Going Postal arrivait à en donner une vision convenable bien qu'édulcorée). On se croirait dans de la fantasy urbaine contemporaine de base, à quelques bâtiments près et les Ombres, censé être un quartier coupe-gorge, n'impressionne guère: avec ses murs tagués et ses mauvais groupes de rocks qui se produisent dans des pubs, on a surtout l'impression d'être dans le quartier bohème touristique de la ville. Tout est d'une pauvreté d'imagination flagrante, d'un manque de fantaisie (un comble!) absolu, en témoigne ces éclairages aux néons, ces cagibis de la Guilde des Assassins qui vont vous rappeler le boulot, cet épisode se déroulant presque intégralement dans... un EHPAD. Quant à l'humour, il se révèle généralement assez pataud.

Ce manque d'imagination visuelle et dans les rebondissements vont être les défauts majeurs de la saison. Après tout, on peut accepter la trahison envers les personnages si les scénaristes apportent, en contrepartie, quelque chose d'intéressant. La série aurait même pu devenir un bon rendez-vous hebdomadaire si l'on arrive à faire abstraction des romans ou si on ne les a pas lu. Pendant les premiers épisodes, on pose d'ailleurs les bases d'une intrigue plus ambitieuse que ce que les trailers laissaient soupçonner (on reconnait ici et là des morceaux d'aventures du véritable Guet). Hélas, très vite on se rabat sur une quête d'artefacts guère palpitante, qui laisse encore une fois songer que sous un verni qui se veut cool et irrévérencieux, on se retrouve finalement devant les ficelles habituelles du genre. Pourtant, The Watch évite d'être un naufrage total grâce à une véritable alchimie qui se forme entre les personnages principaux. D'accord, on ne sait visiblement trop que faire de Carrot qui peine à être autre chose que la jeune recrue et les grimaces de Dormer ont vite usé ma patience. Néanmoins, on sent une véritable tendresse pour ce groupe de héros improbables qui vient tempérer l'apparent cynisme de l'entreprise. C'est peu en regard de tous les reproches que j'ai pu faire auparavant et pourtant rien que cela suffit pour que je ne le range pas dans les accidents industriels d'envergure à côté de séries comme le Dracula avec Jonathan Rhys-Meyer ou encore Salem.

En tant qu'adaptation, The Watch est un cas d'école, qui à chaque instant fait se demander ce qui a pu justifier de la part de l'équipe de production de telles décisions alors que de bons personnages bien définis avec une véritable évolution étaient livrés clé en main, qu'un illustrateur comme Paul Kidby avait donné une vision suffisamment détaillée, fidèle et marquante de l'univers pour servir de base de travail à l'équipe artistique, quitte à ne pas vouloir prendre de risques. Prise comme une œuvre indépendante, la série n'est hélas que très moyenne, sans véritable folie, mais elle maintient la tête au-dessus de l'eau grâce à des protagonistes attachants. C'est peu, il est vrai, mais bien plus que ce que les premières images laissaient craindre.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 16 Février 2021, 21:28bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".