De retour de Paris, Georgie ramène dans ses bagages Pierre, un chef cuisinier à même de lui permettre de recevoir ses voisins à Eynsleigh. Le premier dîner est un succès et Mordred Mortimer, célèbre auteur, demande à Georgie de lui prêter Pierre pour une réception qu'il va donner dans son manoir. Quand plusieurs invités tombent malades et que l'un d'eux décède, Pierre est accusé de meurtre.

C'est réglé comme du papier à musique. Chaque mois de novembre arrive le nouveau tome des enquêtes de Georgiana Rannoch, désormais épouse de Darcy O'Mara et incessamment sous peu mère d'un premier enfant. Pas le temps de se reposer pour ses dernières semaines de grossesse cependant. À peine revenue de Paris où elle s'est fourrée dans un pétrin suffisant pour que même Wallis Simpson se mobilise (pas par altruisme mais quand même), voilà que sa tranquillité est dérangée lorsque son tout nouveau chef cuisinier est accusé de meurtre. Ne supportant pas l'injustice et de devoir se rabattre sur des plats bien anglais, Georgie va voler à son secours.

Le roman est court et pendant les premiers chapitres, on se dit qu'on n'aura à peine eu le temps de mettre l'intrigue en place qu'il faudra la résoudre pronto. En fait, et malgré encore une fois une fin très rapide, une fois l'enquête lancée, on a suffisamment de fausses pistes et de questions pour que cela ne paraisse pas trop simple. Encore que, on devine très vite qui et plus ou moins pourquoi mais le comment est suffisamment compliqué pour que l'on se dise que peut-être, on est parti sur de mauvaises bases... Surtout quand il y a un personnage posé là, presque inutile et que l'on ne soupçonne pas, ce qui du coup parait forcément suspect.

Rhys Bowen ne résiste pas aux stéréotypes mais en use avec suffisamment d'équité pour qu'on ne se vexe pas. Le cuisinier français a forcément un côté diva déconcerté par les mœurs anglaises mais les Anglais sont montrés comme toujours méfiants vis-à-vis de tout ce qui est étranger et différent de leurs tourtes et autres puddings. Un partout, la balle au centre. Intrigue centrée sur Eynsleigh, l'arrière-plan historique reste discret avec toujours les inquiétudes de Georgie concernant son cousin Edward VIII qu'elle continue de défendre en public et en croisant les doigts pour qu'il ne lui donne pas tort de le faire mais la crise monarchique n'est pas encore publique. En revanche, au rayon célébrité, on a droit à une présence de marque qui ne va pas être pour rien dans la résolution de l'affaire (et la pique envoyée à Mordred est aussi valable pour Rhys Bowen et la conclusion d'un certain tome qui m'avait parue trop facile).

On sent qu'on repousse au maximum le moment où la toile de fond historique va envahir le devant de la scène et la question de voir comment ce sera négocié reste en suspens. The Proof of the Pudding profite donc de cette légèreté pour être un whodunit agréable, sans trop prendre de risque et dire grand chose de l'époque où il se déroule.