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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Passagers de la nuit
--> It's Noirvember!
Accusé d'avoir tué sa femme, Vincent Parry s'échappe de la prison où il devait purger une peine à perpétuité. Il est secouru par Irene Jansen, une jeune femme qui a suivi son procès et qui est convaincue de son innocence. Traqué, Parry se fait refaire le visage et tente de découvrir l'identité de l'assassin de son épouse.

J'ai entamé le Noivember Challenge de cette année par deux modestes séries B mais il ne faudrait pas croire que c'est parce que j'ai éclusé tous les classiques. J'en suis même très loin et Les Passagers de la nuit de Delmer Daves, réalisé en 1947, fait partie de ces incontournables pour deux raisons. Tout d'abord, ses têtes d'affiche: il s'agit de la troisième et avant-dernière association à l'écran du couple mythique Humphrey Bogart/Lauren Bacall (et le dernier qu'il me restait à voir). Ensuite, le film est resté dans les annales pour sa manière de mettre en scène son personnage principal: tant que Vincent Parry ne s'est pas fait refaire la bobine, Delmer Daves s'ingénie pour ne pas la dévoiler, en recourant le plus souvent à la vue subjective. Il faut bien attendre la moitié du film pour que le protagoniste passe sur le billard, après quoi Bogart, recouvert de bandages, doit garder le silence et ce n'est que dans le dernier tiers que la star apparait enfin dans son entier.

Néanmoins, ce procédé, sans doute déjà pas inédit à l'époque mais remarquable par la durée sur laquelle on l'utilise, ne va pas sans une certaine artificialité. C'est notable quand des personnages s'adressent à Parry et sont filmés comme s'ils lui faisaient face, un peu raides et empruntés. Impossible alors de ne pas se dire qu'ils ne s'adressent pas à un interlocuteur mais à une caméra. Heureusement, Daves alterne avec d'autres trucs, comme lors de la course en taxi durant laquelle Parry reste dans l'ombre et il offre quelques scènes mémorables, comme le passage chez le chirurgien qui ne paie pas de mine et s'achève sur une scène de délire un brin psychédélique qui fait brièvement basculer le métrage dans le film d'épouvante.

Avec son protagoniste accusé à tort et son procédé de mise en scène, on se dit qu'Alfred Hitchcock n'est pas loin et sans faire offense à Delmer Daves, Bacall et Bogart dirigés par Hitchcock, ça sent un peu l'occasion manquée. Au-delà de ce héros au visage insaisissable, l'intrigue comporte tout de même quelques facilités: si l'on s'arrange pour que l'arrivée rapide et opportune d'Irene pour sauver Parry soit expliquée de manière à peu près crédible tout en se disant que ça tombait bien, San Francisco passe pour une bien petite ville où tout le monde connait tout le monde ou ne peut que se croiser. Cela rend la résolution de l'enquête fort aisée. Cela ne veut pas pour autant dire que Parry se tire facilement d'affaire, bien au contraire. S'il tombe sur quelques passants bien disposés à aider un homme accusé du meurtre de sa femme et à le croire innocents, il reste un homme traqué et même une fois qu'il découvre qui a tué son épouse, prouver son innocence reste une gageure. Si l'on peut reprocher des facilités dans les coïncidences qui réunissent les différents personnages, il n'y en a pas quand il s'agit de proclamer la vérité à la face du monde.

Évidemment, concernant la distribution, la réunion de Bogart et Bacall à l'écran est la principale attraction. Probablement du fait qu'ils n'apparaissent pas vraiment ensemble pendant leurs premières scènes, ils ne dégagent pas la même alchimie que dans leurs autres films. Bogart n'est longtemps qu'une voix laconique, Bacall a toujours un regard magnétique mais reste froide et leur romance est ici difficilement crédible. On peut d'ailleurs s'amuser de la manière dont on insiste sur le fait que Parry, une fois passé entre les mains du chirurgien esthétique, fait dix ans de plus que son âge véritable, comme s'il fallait faire croire que la différence d'âge entre Parry et Irene était moindre que celle entre Bacall et Bogart alors qu'ils formaient un couple bien établi et un argument de vente du film. Les seconds rôles sont très corrects, en particulier Agnes Moorehead en fouineuse et Clifton Young en escroc encombrant, tandis que Tom D'Andrea en fait des caisses en taxi serviable mais il fallait bien un personnage comique pour alléger un peu l'atmosphère.

De tous les films du duo Bogart/Bacall, Les Passagers de la nuit est probablement le plus audacieux sur la forme. Il n'en est pas pour autant le plus réussi et celui dans lequel le couple étincelle le plus mais il vaut amplement le détour et pas uniquement par complétisme.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 12 Novembre 2023, 19:26bouillonnant dans le chaudron "Films".