Alors que Pie XIII est dans le coma, les cardinaux se réunissent pour un nouveau conclave. Après que l'heureux élu ait pris des initiatives malvenues, Voiello décidé de le remplacer par sir John Brannox, une personnalité pour le moins inhabituelle à ce poste.

Il y a un peu plus de trois ans débarquait conjointement sur Canal+ et HBO The Young Pope, mini-série de Paolo Sorrentino contant l'histoire de Lenny Belardo, cardinal italo-américain élu pape et qui déconcertait la Curie autant que le public par sa conduite incontrôlable. Était-il un saint, un démon, un psychopathe? Il était difficile à cerner, pour dire le moins, et son sort restait ambigu à l'issue des dix épisodes. On aurait pu rester sur cette fin ouverte mais voilà que Sorrentino propose une suite.

Le réveil de Pie XIII étant très improbable, il faut trouver un nouveau pape et Voiello, sentant le poste suprême lui échapper, mise sur un collègue qui lui parait malléable. La manœuvre se retourne contre lui de manière hilarante mais on ne s'attarde finalement guère sur François II dont on dispose promptement. Voiello se tourne alors vers un autre cardinal, totalement improbable puisqu'il s'agit d'un aristocrate anglais dandy et dépressif, incarné par John Malkovitch, qui après quelques difficultés, devient évêque de Rome. Entre ses tourments personnels, des menaces d'attentats et un Pie XIII qui commence à remuer, il va y avoir de quoi faire.

Comme dans The Young Pope, le résultat est déconcertant. On a des morceaux de satire réjouissante, des caméo de personnalités dans leur propre rôle (qui s'intègrent finalement bien, sans prendre plus de place que nécessaire) avec Marilyn Manson et Sharon Stone, des passages assez forts (le "discours de guerre" de Pie XIII) et c'est toujours aussi iconoclaste mais aussi inégal, notamment toute la sous-intrigue centrée sur le personnage de Ludivine Sagnier, éloignée des démêlés au Vatican (qui offrent en particulier une grève des nonnes donnant lieu à des échanges mémorables). De plus, si John Malkovitch est excellent en Brannox/Jean-Paul III, son personnage parait par moment trop effacé, il est vrai déjà dans le cadre de l'histoire éclipsé par l'ombre projetée par Pie XIII à qui une partie des fidèles se met à vouer un culte.

L'interprétation est d'ailleurs de premier ordre, avec un Silvio Orlando toujours en grande forme en secrétaire manipulateur et ambitieux mais qui n'est finalement pas le pire de la bande, un Jude Law séduisant et inquiétant et bien d'autres comme Mark Ivanir et J. David Hinze en exécuteurs des basses œuvres.

The New Pope est une suite dans la droite lignée de The Young Pope, brillante mais foutraque au risque de se perdre un peu dans sa recherche de singularité, mais c'est aussi une conclusion extrêmement satisfaisante à la première mini-série.