Herrington High est un lycée sans histoires et sans intérêt perdu dans l'Ohio. Jusqu'au jour où l'équipe enseignante adopte un comportement de plus en plus troublant qui commence à s'étendre aux élèves. Six lycéens comprennent l'incroyable vérité: tout ce beau monde est piloté par des parasites extra-terrestres. Comment enrayer l'invasion avant qu'il ne soit trop tard?

Revoir The Faculty pour la première fois depuis sa sortie en salle revient à sniffer de la poudre d'années 90 chimiquement pure. De la fin des années 90 pour être plus précise. L'époque à laquelle le cinéma pour ados connaissait un revival de l'horreur suite au succès de Scream, où MTV était encore la chaîne branchée (Internet arrivait dans les foyers mais la connexion était lente, occupait la ligne téléphonique, bref, ce n'est pas là qu'on allait mater clips et séries), où l'on portait des pantalons baggy et des t-shirt XXL même quand on pesait 30 kg tout mouillé ou au contraire des petits crop-top (la mode de 2023 en somme). Où un film commence par une chanson des Offspring pour se terminer sur un tube d'Oasis avec entretemps des reprises de Bowie, Pink Floyd ou Alice Cooper interprétées par des groupes dont on a perdu la trace si tant est qu'on les ait connus un jour. Où Elijah Wood n'était pas encore Frodon et où l'on pouvait imaginer que le beau gosse Josh Hartnett avait le potentiel pour rester tête d'affiche pendant encore longtemps.

The Faculty, donc, qu'est-ce que c'est au juste? Après la brève résurrection du slasher orchestrée par Wes Craven et le scénariste Kevin Williamson, les frères Weinstein n'allaient pas en rester là et, outre les suites de Scream, ont produit ce projet, également scénarisé par Williamson, qui reprend peu ou prou le concept du film précédemment cité mais appliqué au thème de l'invasion extra-terrestre insidieuse: soit des personnages qui ont les mêmes références que les nôtres, ont conscience d'être dans une situation proche des livres et films qui font partie de leur culture et tentent d'en tirer une ligne de conduite. Ce sont des références clairement énoncées (L'Invasion des Profanateurs de Sépultures) ou que les connaisseurs reconnaitront tandis que les néophytes les apprécieront au premier degré (la scène du test sanguin de The Thing recyclée en scène de sniff de drogue). Produit totalement opportuniste, en somme? Sans doute, ce qui n'empêche pas d'y trouver des qualités.

Les jeunes héros sont archétypaux au possible; le sportif, la pom-pom girl peste, le souffre-douleur chétif, le bad-boy, la gothique revêche et la gentille propre sur elle. On essaie pourtant de tordre les stéréotypes: Stan le quaterback est sur le point d'abandonner son équipe car il préfère être un élève moyen anonyme, Zeke le voyou rebelle et Stokes la gothique sont respectivement plus calés en science et en pop culture que le geek de service... On ne va pas tout à fait au bout de l'idée cependant. On rassure bien vite sur le fait que non, Stokes n'est pas vraiment lesbienne, pensez-donc (si remake il y a elle le sera probablement pour finir avec la pom-pom girl à l'homophobie internalisée). Delilah, la moins développée, a droit à une vie familiale compliquée pour expliquer sa méchanceté ce qui n'est pas bien palpitant et Casey passera de harcelé de service à héros du campus qui chope la reine du bal, ce qui n'est là encore pas bien original. Le parcours de certains de ses camarades peut sembler s'achever dans une intégration après avoir été marginaux qui verse dans le conformisme en contradiction avec leur opposition à la menace du film mais leurs dernières scènes sont plus fines que cela. Je les surinterprète peut-être. Il y a néanmoins une bonne dose de mauvais esprit compte-tenu du fait que l'arme qui défait les parasites est une drogue.

À la réalisation, Robert Rodriguez, capable du pire comme du moins pire, livre ce qui est une commande, avec application et sans outrance. Les images de synthèse sont désormais bien repérables mais ne piquent pas trop les yeux non plus. Le casting est un festival, surtout avec les années, de "eh! mais je le connais!": on croise en profs Piper Laurie, Famke Janssen et Robert Patrick mais aussi Bebe Neurwith (la Lilith de Cheers et Frasier), Daniel von Bargen (le colonel Spangler de Malcolm) tandis que parmi les rôles principaux, les six auront su se maintenir dans le paysage ciné et télé, avec divers niveaux de notoriété, certes. On a aussi la surprise de voir apparaitre brièvement Usher, Summer Phoenix, ou encore Danny Masterson (je n'ai pas dit que la surprise était forcément bonne).

The Faculty appartient trop à son époque (un quart de siècle déjà) pour ne pas prétendre que le film n'a pas vieilli mais il ne vieillit pas trop mal et reste sympathique à revisiter. Pas de quoi crier au film culte, à la pépite à redécouvrir d'urgence mais des films de la vague horrifique pour ados de l'époque, on a là un représentant très fréquentable.