Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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L'écharpe
Dan Morley fait croire à sa maîtresse qu'il est écrivain pour justifier son manque d'argent et d'emploi stable. Lorsqu'il l'étrangle avec son écharpe porte-bonheur pour s'emparer de ses économies, il réalise cependant qu'elle lui a inspiré le personnage d'un roman. Dan devient petit à petit un auteur à succès... et un tueur en série.

Robert Bloch a commencé à écrire très tôt, encouragé par nul autre que H.P. Lovecraft dont il était fan. Il a emprunté à l'œuvre de son maître dans certaines de ses nouvelles. Il semble néanmoins y avoir une différence majeure dans leur approche de l'horreur: chez Lovecraft, elle est généralement extérieure, venant de très loin et au-delà de la compréhension humaine. Un élément récurrent chez Robert Bloch est en revanche la figure du psychopathe qui abrite dans l'intérieur de son cerveau une folie qui lui est propre, bien humaine même si elle le condamne par ailleurs tôt ou tard à être traqué par la société.

L'écharpe en est un bon exemple. Jusque-là cantonné aux nouvelles, Bloch a écrit ce roman en 1947. Un court roman et quand je dis 1947, c'était la date de copyright indiquée dans mon exemplaire mais au cours de ma lecture, j'ai été intriguée par les mentions de Bob Dylan et du LSD. Bloch n'était pas visionnaire, il a simplement remanié son texte en 1966 et c'est cette version qui fait désormais autorité. Apparemment, les changements concernent une mise à jour des références (d'où le LSD), des ajouts de passages coupés par les éditeurs vingt ans plus tôt et surtout un épilogue qui donne un nouveau regard sur ce qui a précédé. On se doutait sans celui-ci que Dan Morley n'était pas un narrateur fiable, que sa misogynie obsessionnelle pouvait bien être due à un traumatisme lorsqu'il était plus jeune mais que sa vision des personnages féminins était forcément en grande partie faussée. On suit en tout cas son parcours et son ascension alors qu'il se découvre un talent d'écrivain mais qu'il lui faut tirer son inspiration des femmes qu'il fréquente et dont il se débarrasse quand il en a exploité ce dont il avait besoin, en les étranglant avec son écharpe. Bien sûr, de son point de vue ce n'est jamais vraiment prémédité et l'on se demande combien de temps son manège va durer. Le roman est bref donc on s'en doute, pas très longtemps. Bien qu'intelligent, Dan perd finalement de plus en plus vite les pédales et on ne sait trop dans les dernières pages ce qui est vrai, une hallucination, un élément réel filtré par un esprit délirant.

L'âge du roman explique le recours à des éléments de psychanalyse qui risquent de paraître datés mais la plongée dans la psyché du tueur est fascinante tandis que l'on doute de pas mal de choses (qui croire concernant le psy Jeff Ruppert?) et le suspense ne fait que croitre alors que l'étau se resserre sur Dan mais surtout sur la femme dont il est tombé amoureux (du moins le pense-t-il) et qu'il pourrait entraîner dans sa chute.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 1 Décembre 2023, 20:01bouillonnant dans le chaudron "Littérature".