Le Duc de Windsor désire retourner en Grande-Bretagne et à la vie publique, précisément quand un dossier compromettant sur sa conduite durant la Seconde Guerre Mondiale émerge des archives. Elizabeth est prise entre son envie très chrétienne, attisée par les sermons de Billy Graham, de lui pardonner et les informations de plus en plus sordides qui sont portées à sa connaissance.
Les apparitions du duc de Windsor dans la première saison de
The Crown étaient l'occasion d'opposer à Elizabeth un double négatif, un exemple à ne pas suivre: là où la reine devait faire passer les intérêts de la Couronne avant ceux de sa propre petite personne, Edward/David était celui qui avait fait l'inverse, abandonnant le trône pour "épouser la femme qu'il aimait" et laissant la Firme ramasser les pots cassés. Le fait de se concentrer uniquement sur les raisons sentimentales qui l'ont poussé à l'abdication servait un récit destiné à s'achever sur la décision d'Elizabeth de préserver la Couronne, quitte à rendre sa sœur malheureuse et donc choisir son devoir avant toute chose, mais éludait un point important: Edward VIII inquiétait le gouvernement et la Cour bien avant l'arrivée de Wallis Simpson dans la partie, par ses prises de position politiques et son manque de motivation devant les aspects les plus contraignants de son job. Faire l'impasse en saison 1 pouvait s'expliquer par le choix narratif développé ci-dessus, mais il était tout de même important de ne pas rester sur cette simplification d'une situation qui n'avait pas grand chose de la plus belle histoire d'amour du XXe siècle vendue pour faire pleurer dans les chaumières. Cela tombe bien, cet épisode, dont on pourrait traduire le titre par "Passé", est consacré aux sympathies nazies du duc de Windsor.
Cette saison, on a eu droit à du flash-forward pour certaines scènes pré-génériques, mais on renoue cette fois avec un flash-back tout ce qu'il y a de plus classique, situé en 1945, en Allemagne, où l'on découvre un contingent de soldats américains s'offrant une virée en forêt avec un prisonnier allemand, un certain Loesch, pour guide.
Il les mène à une clairière et leur indique où creuser (X doesn't mark the spot), ce que les troufions s'emploient à faire. Ils mettent bientôt à jour un coffre qu'ils ramènent illico au château de Marburg, non loin de là. Dans ledit château, on sort les archives et le contenu du coffre va bientôt s'y ajouter.
Le coffre contient divers papiers et microfilms qui sont le ticket que Loesch compte utiliser pour qu'on lui offre une retraite dorée en échange des renseignements fournis. Mais tout d'abord, on doit savoir si les documents en valent vraiment la peine et ils sont envoyés à Londres pour traduction.
Le traducteur a à peine eu le temps de se mettre au boulot qu'un nom lui saute aux yeux: Windsor.
Une fois l'intégralité du texte traduite, le dossier est jugé suffisamment brulant pour que le traducteur l'amène immédiatement à son supérieur...
La chaîne de commandement s'enclenche, le supérieur en question jugeant qu'il faut absolument le transmettre au Premier Ministre...
C'est l'occasion de revoir John Lithgow, ce à quoi je ne m'attendais pas du tout, c'est sympa de sa part d'être revenu juste le temps d'une petite scène (à moins que la saison 2 ait été filmée en même temps que la saison 1... Apparemment, c'est ce qu'ils font pour les saisons 3 et 4).
À son tour, Churchill estime qu'il doit mettre au courant la seule personne au-dessus de lui et va donc porter le dossier au roi, qui le consulte en compagnie de Lascelles et de la future Queen Mum.
Comme pour John Lithgow, c'est très agréable de voir Jared Harris passer dire bonjour... Le pauvre George VI est encore une fois accablé, cette fois-ci par ce qu'il vient de lire. D'accord, il y avait des rumeurs, mais ce qu'il y a là-dedans est plus grave que ce qu'il soupçonnait. La honte pour toute la famille royale, quelque chose que les gens ne doivent jamais apprendre, car ils ne le leur pardonneraient jamais. Maintenant qu'on a bien fait monter le suspense sur ce que raconte le fameux dossier, le quatuor décide de ne pas en parler. Et d'ailleurs, on veillera à ce que rien de tout cela ne soit publié, jamais. Générique!
On fait ensuite un bond de plus d'une décennie pour retrouver Elizabeth et sa mère en train de suivre à la télé le prédicateur américain Billy Graham, de passage en Angleterre pour évangéliser les foules. De Billy Graham, je ne connais pas grand chose, je crois en avoir entendu parler pour la première fois dans un documentaire sur Arte qui traitait des liens entre les présidents américains et le courant évangélique et il y avait l'air nettement plus hystérique mais c'était peut-être plus tard dans sa carrière. Ou carrément une autre personne.
La Queen Mum n'est pas charmée par ce blanc-bec et totalement déconcertée par les pleurs et l'émotion qu'il provoque dans la foule. Comment des gens qui ont gardé leur lèvre supérieure rigide pendant toute la durée de la guerre peuvent-ils sangloter ainsi comme des bébés? Où va le monde!? Sa fille, au contraire, est totalement fascinée par ce qu'elle entend. C'est un de ces rares épisodes où je vais davantage approuver les positions de personnages qui m'agacent d'ordinaire et beaucoup moins d'Elizabeth.
On fait un saut en France où l'esprit n'est guère à écouter des prêches. Le duc et la duchesse de Windsor fêtent l'anniversaire d'un de leur carlin, Trooper, avec tout le faste que l'occasion mérite, et immortalisent l'instant par des photos.
Attendez, ce gars était censé être une icône de la mode, qu'est-ce que c'est que ce pantalon de clown?
Journal de Trooper, entrée 52:
"Les deux maboules qui me séquestrent m'ont à nouveau forcé à me plier à l'un de leur rituel incompréhensible et humiliant. Que quelqu'un me libère ou m'achève."
Mais derrière cette jovialité de façade, Edward est tristounet. Il ne prend plus goût à la chasse...
Ni au bridge...
Ni à la préparation d'un bal costumé sur le thème de la mer...
Edward s'ennuie, Edward déprime, Edward va de divertissements futiles en contemplations moroses de photos de lui du temps de son bref règne (dont une ressemble à un mauvais montage de la tête d'Alex Jennings sur une image de George VI, bizarrement).
Aussi se contente-t-il d'observer de loin la nouba en costumes, avec pour seul déguisement une couronne de galette des rois, la seule qu'il portera jamais (et qui lui va déjà comme une cravate de tulle à une vache, alors la vraie...). Il s'en va rejoindre Wallis qui elle aussi n'a pas vraiment goût à faire la fête, et commence immédiatement à se plaindre. Au bout d'un moment, ne rien faire d'autres que se divertir, cela lui pèse, surtout quand c'est dans une compagnie aussi peu intéressante que les amis de bobonne, qui lui fait sèchement remarquer que vivre à ses côtés n'est pas non plus une sinécure. Bien. Parce que les voir danser la valse dans les flashbacks du temps de la crise d'abdication, c'était bien joli à l'époque de la saison 1, mais ce fameux mariage n'était pas vraiment aussi fleur bleue qu'on nous l'avait montré.
Edward est un peu comme le roi Loth d'Orcanie, quand il s'ennuie, il complote, et il a donc une idée: revenir en Angleterre et trouver un job d'utilité publique! Qu'on se le dise, servir son pays, il a ça dans le sang!
Wallis n'est pas vraiment tourneboulée par ce plan, vu qu'elle a un poil plus les pieds sur terre que son époux, et lui rappelle que la famille royale ne le laissera pas faire, mais Edward a contacté son avocat qui est optimiste, d'autant que l'ancien roi a encore quelques amis et fans dans son pays d'origine. Il parviendra bien à obtenir un pardon de la reine et ensuite, roule ma poule!
De son côté, Elizabeth, à l'issue d'une réunion de travail, demande à Adeane s'il ne pourrait pas lui arranger une rencontre avec Billy Graham. Son secrétaire lui explique qu'il ne faudrait pas qu'on s'imagine que la Couronne soutient les causes défendues par ce dernier, mais s'il le convainc de venir faire un petit sermon un de ces dimanches, ça devrait passer crème. Voilà qui est réglé, quand Adeane soumet un autre problème: le duc de Windsor désire faire un petit séjour en Angleterre, rencontrer des potes, écrire un peu, mais pour entrer sur le territoire, il a besoin de l'accord de la reine, qui le donne. Après tout, le duc ne compte pas s'éterniser...
Philip fait bruyamment savoir qu'il pense que c'est une très mauvaise idée, et en règle générale le voir se mêler d'une conversation qui ne le concerne en rien serait des plus agaçants, mais pour une fois que ses vannes sont réservées à quelqu'un qui le mérite, un point pour l'effort. Quoiqu'il dise, de toutes façons, l'autorisation est donnée.
Le hasard fait bien les choses, précisément quand Edward décide de faire son retour sur scène, des historiens déterrent des archives le dossier Marburg, et entendent bien le faire publier malgré les gros tampons confidentiels apposés partout. Seulement voilà, leur supérieur a les mains liées, même s'il comprend que ses collègues estiment de leur devoir de livrer la vérité au public même si cela implique une personnalité de premier plan. Il y a tout de même une faille à exploiter: si la Grande-Bretagne ne publie pas le contenu du dossier, les Américains, qui ont des duplicatas en leur possession, ne sont pas soumis aux mêmes contraintes.
Encore inconscient que son passé va bientôt le rattraper, Edward arrive à Londres, non sans s'être plaint par voie épistolaire à Wallis de son voyage et des gens horriblement communs qui ont cherché sa compagnie pendant la traversée. Enfin, heureusement il se retrouve vite en compagnie de ses semblables pour discuter de sa reconversion.
Au cours d'un dîner organisé par un ami d'Edward, "Fruity" Metcalfe, l'avocat du duc explique la situation: qu'Edward ait une profession serait une violation de l'accord passé au moment de son abdication, et il pourrait non seulement être chassé du pays, mais aussi perdre sa pension.
Là, quelqu'un de normalement constitué ferait remarquer que s'il se trouvait du travail, il aurait un salaire, et il n'aurait donc plus besoin qu'on lui verse une pension, mais apparemment pour Edward et son entourage, un travail n'est pas quelque chose qui permet de gagner sa croûte mais juste de tromper son ennui quand on commence à trouver les parties de bridge répétitives. Donc officiellement, pour le moment, Edward doit feindre de n'être là que pour trouver l'inspiration pour écrire, son avocat se charge de réunir quelques personnes pour arranger son cas.
Billy Graham a accepté l'invitation d'Elizabeth et se lance dans un sermon qui heureusement pour moi se révèle fort bref, au point où je n'ai pas l'impression qu'il y ait dit grand chose.
Philip ne cache pas vraiment bien son ennui, la Queen Mum est tout en amabilité mais je la soupçonne d'essayer de mettre Graham au défit de garder son sérieux en arborant en face de lui le chapeau le plus grotesque du monde (et elle doit en avoir une collection), tandis qu'Elizabeth boit complètement les paroles du prédicateur.
Après le sermon, Elizabeth a un petit tête-à-tête avec Graham où elle lui dit à quel point son laïus lui a plu, et elle est très heureuse de pouvoir discuter religion avec lui. En tant que cheffe de l'Église anglicane, elle n'a pas d'ordinaire quelqu'un à son propre niveau ce qui la dérange car elle se voit avant tout comme une simple chrétienne.
À ce stade, il faut signaler que Peter Morgan s'est arrangé avec la chronologie, car la visite de Billy Graham en Europe ne coïncide pas avec l'exhumation du dossier Marburg mais le choix fonctionne plutôt bien: on a déjà vu Elizabeth faire sa petite prière avant d'aller au lit mais il fallait bien développer un peu son rapport à la religion, puisqu'elle est aussi une personnalité religieuse. Ce n'est pas plus mal de mêler cela à un épisode où il sera question de pardon plutôt que d'y consacrer un épisode entier sans lien avec le reste.
Harold MacMillan quant à lui n'est pas un admirateur de Billy Graham et le fait savoir en riant lors d'une réunion avec le gouvernement, quand il est interrompu par un des historiens que l'on a vu un peu plus tôt, et dont on apprend qu'il s'appelle John Wheeler-Bennett. Le nom n'évoque peut-être pas grand chose, mais la Couronne n'est jamais loin puisque c'est lui qui avait été chargé de rédiger la biographie officielle de George VI. Ce qui n'a aucun rapport avec sa présence ici, puisqu'il vient refiler le dossier Marburg au Premier ministre.
Edward continue de son côté de poser les jalons de son retour en se rendant à un autre festin donné en son honneur, où se trouvent personnalités politiques telles que Lord Salisbury, qui se fait discret depuis que la reine lui a remonté les bretelles en saison 1 mais qui est toujours dans les bons coups, et des personnalités artistiques comme Noël Coward, qu'on a connu plus inspiré, ou encore ce brave vieux Cecil Beaton.
On suggère plusieurs professions à Edward, qui trouve une carrière dans l'économie bien trop sordide, mais est plutôt attiré par la diplomatie. Il est bon de préciser qu'après la guerre il s'était déjà entretenu avec des membres de la Cour, notamment Tommy Lascelles, pour obtenir un poste quelque part et s'imaginait carrément ambassadeur en Argentine - comme par hasard - avant qu'il lui soit suggéré de tenter quelque chose aux États-Unis. Sur le moment il s'est dit intéressé, mais finalement est retourné à sa vie oisive, donc les envies de bosser d'Edward, elles ont tendance à le prendre comme une envie de pisser pour le quitter tout aussi brusquement, excusez-moi de le dire.
Toujours la dernière au courant, Elizabeth apprend de MacMillan que le gouvernement n'a pas vraiment d'autre choix que de laisser publier les dossiers Marburg, que leurs prédécesseurs respectifs avaient espérer garder dans l'ombre.
La Queen Mum et Adeane mettent enfin la reine au parfum: à la fin de la guerre, un certain Loesch, assistant du traducteur personnel d'Hitler, avait caché des documents que ses supérieurs, voyant la défaite venir, l'avaient chargé de détruire, afin de négocier sa liberté. Des documents concernant les rapports entre le duc de Windsor et le haut-commandement nazi, et apparemment, c'est gratiné. Et maintenant tout cela va ressortir au grand jour, précisément quand Elizabeth a choisi d'accepter le retour sur le territoire d'Edward. Quel timing malheureux.
Donc, pendant qu'Elizabeth prend connaissance du fameux dossier...
... Edward se voit déjà ambassadeur en France, rien que ça. Oh, il y a juste un détail à régler, il doit passer à Buckingham Palace pour obtenir l'assentiment de la reine, mais l'un dans l'autre, il est plutôt confiant.
Il fait donc sa visite et après un échange de banalité, expose à sa nièce ses différents projets de carrière, sans même se rendre compte que malgré son masque impassible habituel, elle a quand même du mal à cacher qu'elle a envie de lui faire la peau. Niveau regard sévère, ce n'est pas du Tommy Lascelles, mais ça mérite bien un 8 sur l'échelle de Tommy Lascelles.
Quand vient son tour de parler, Elizabeth lui assure qu'elle est certaine qu'il serait totalement compétent à chacun des postes qu'il lui soumet, mais il y a une paille: Tonton, je sais ce que tu as fait pendant la Guerre. Un exemple au hasard, ce télégramme datant de 1940 où il dit qu'il est prêt à soutenir publiquement la paix avec l'Allemagne et désavouer le gouvernement du Royaume-Uni, ou qu'il avait envisagé de se faire offrir une baraque en Espagne par le gouvernement allemand pour y passer la guerre tranquille pendant que ses compatriotes se battaient et mouraient. Bon d'accord, finalement, il est parti aux Bahamas pour y être gouverneur, mais seulement parce que son gouvernement le lui avait ordonné, histoire de l'éloigner des convoitises des nazis.
Un instant désarçonné, Edward joue la carte "je n'étais pas pro-nazi, juste pro-apaisement". Elizabeth était trop jeune pour se souvenir, mais les gens de sa génération à lui avaient vécu la Grande Guerre, plus jamais ça, et il tenait donc à rester en bon rapport avec l'Allemagne pour ne pas causer de nouveaux massacres.
De plus, les gens ne croiront jamais qu'il a été un traitre, et balaieront les allégations comme de la propagande ennemie.
Elizabeth laisse en stand-by l'autorisation pour son oncle d'exercer un métier mais elle est tout de même ébranlée par son joli discours, qui s'ajoute à sa détermination d'être une bonne petite chrétienne, et elle fait part à Philip de ses questionnements: ne serait-il pas, après tout, son devoir de chrétienne de pardonner à Edward?
C'est l'occasion pour Philip de briller. Arrête de déconner deux secondes, Lilibeth, et va plutôt voir Tommy Lascelles, c'est un monstre mais il saura te dire ce qu'il pense de cette idée de pardonner à Edward.
Vergangenheit, c'est cet épisode où les ennemis de toujours s'allient pour contrer une bien plus grande menace, en fait.
C'est l'occasion de découvrir Tommy Lascelles dans son habitat naturel, en train d'organiser sa prochaine campagne de Warhammer.
En fait, il reconstitue la bataille de Salamanque avec des petits soldats que lui offrit jadis George V, le premier des quatre monarques qu'il a servi. On a droit à une petite scène amusante entre lui et Elizabeth, mais les affaires sont les affaires et elle lui expose les raisons de sa visite.
Sans surprise, Lascelles trouve que pardonner à Edward serait une grosse boulette, et entreprend de mettre Elizabeth au courant de tous les faits, car les dossiers Marburg ne sont en fait que la partie émergée de l'iceberg.
Ainsi, Edward n'a pas perdu son temps pour partir dans les chapeaux de paille, puisque dès le début de son règne il s'est entouré de personnalités comme Carl, duc de Saxe-Coburg, qui n'était pas juste un simple membre de la famille mais aussi un nazi notoire. De plus, avec un mélange de je-m'en-foutisme vis-à-vis des devoirs de sa fonction et de conviction, il laissait voir à Wallis le contenu des boites rouges.
Or, Wallis Simpson était soupçonnée à l'époque d'être vraiment au mieux avec Von Ribbentrop, ambassadeur d'Allemagne. Au point où le gouvernement en est venu à préférer ne pas transmettre au roi des papiers trop confidentiels, même si en principe il est censé être tenu au courant de tout.
Au moins Edward a-t-il eu le bon goût de rapidement abdiquer, mais ça ne l'a pas vraiment calmé, au contraire.
En effet, alors qu'il avait promis de faire profil bas, il n'a pas tardé à se faire inviter en grandes pompes à Berlin avec son épouse, par un Hitler qui considérait sa venue comme une visite d'État. Pourquoi la Couronne et le gouvernement n'ont pas décidé dès cet instant de lui sucrer sa rente, telle est la question.
Entre autres activités organisées durant ce séjour, entrevues avec des SS et visite de proto-centre de concentration, c'est là qu'on pense qu'on a commencé à élaborer un plan de réinstallation d'Edward sur le trône. Ce à quoi s'ajoutent une fois les hostilités commencées, des fuites d'information ou le fait que le duc ait affirmé au gouvernement allemand qu'un bombardement intensif de l'Angleterre ferait plier ses habitants... Bref, on est très loin du simple quidam pro-apaisement qui s'est montré trop optimiste tel qu'Edward a essayé de se présenter un peu plus tôt à sa nièce.
Elizabeth en est donc à cogiter une nouvelle fois devant un sermon de Graham, qui est cette fois-ci bien lancé sur le thème du péché.
Quand le duc de Windsor revient, Elizabeth a pris sa décision, et lui refuse net tout retour à la vie publique. Ce qui ne plait guère à Edward, qui accuse aussitôt la reine de s'être laissée influencer par sa mère et Lascelles, puisqu'elle est infoutue de penser par elle-même (oui, Edward, si tu comptes convaincre quelqu'un de changer d'avis et de t'écouter toi, la meilleure méthode est de lui reprocher son manque d'indépendance d'esprit). D'ailleurs, le seul monarque a avoir jamais eu des opinions personnelles, c'était lui et c'est pour cela qu'on l'a éloigné, mais qu'Elizabeth se demande qui a causé plus de tort à la monarchie: lui avec son indépendance ou sa petite bande à elle avec son manque d'humanité?
Cette tentative de renverser la table tombe complètement à plat, puisque Elizabeth aura mis le temps dans cet épisode, mais est désormais en mode "remontage de bretelles de vieux schnoques", le mode qui lui va le mieux. Pendant des années, elle et sa famille ont fermé les yeux sur sa conduite en balayant tout comme des rumeurs malfaisantes, mais la coupe est pleine. Donc non, elle ne pardonnera pas à Edward. Ce qui, au fond, est totalement secondaire. Car plutôt que demander le pardon de la reine, Edward devrait surtout se demander comment se pardonner à lui-même.
Voilà, c'est réglé, et les historiens ont le feu vert pour publier les dossiers incriminants.
Edward, quant à lui, voit ses espoirs de come-back définitivement écrasés et retourne finir ses jours en France (on en a de la chance, dites-donc).
Elizabeth, secouée tout de même par cette aventure, se ménage une nouvelle rencontre avec Billy Graham pour parler du pardon et de comment faire quand, tout en sachant que c'est son devoir de chrétienne, elle ne peut vraiment pas pardonner?
Après quelques fascinants échanges théologiques, Graham lui trouve une petite parade: elle peut prier Dieu de la pardonner de ne pas pouvoir pardonner, et aussi prier pour le pardon de ceux à qui elle ne peut pardonner elle-même.
Le soir venu, Elizabeth s'y emploie donc pieusement quand elle est interrompue par son butor de mari qui débarque complètement bourré.
Cependant, il ne faut pas croire qu'il retombe dans les travers de ses sorties avec Mike Parker. Non, cette fois-ci ses compagnons de beuveries étaient... là Queen Mum et Tommy Lascelles, pour fêter le renvoi du duc de Windsor.
Elizabeth réagit comme n'importe qui le ferait: WTF? Quelque part, c'est dommage que l'apéritif n'ait pas été traduit en image mais d'un autre côté, l'imagination a bien plus de pouvoir, en l'occurrence.
Néanmoins, la reine ne partage pas le sentiment de victoire de son entourage, car elle considère toujours qu'elle a échoué en tant que chrétienne.
De l'avis de Philip, néanmoins, empêcher le serpent de revenir dans le jardin d'Eden, si ce n'est pas chrétien, alors rien ne l'est.
Ce qui finit par dérider Elizabeth.
Du coup, zou! Galipettes! Sur lesquelles on baisse un voile pudique et on rejoint une dernière fois le duc de Windsor, ce qui est un peu tue-l'amour.
Edward est définitivement retourné à sa vie d'oisif, dans une énième soirée bridge durant laquelle il se défausse de tous ses rois (symbolisme!).
Et pour conclure, sans aucun commentaire car en a-t-on besoin à ce stade, les dernières images de l'épisode sont des photos d'archives des véritables duc et duchesse de Windsor lors de leur passage à Berlin.
Après
Marionettes, deuxième épisode fort réussi de la saison, et aussi épisode totalement nécessaire.
Point Corgis: la perfection n'étant pas de ce monde
Vergangenheit souffre cruellement de l'absence totale de corgis, et on a même pas les lévriers de Lascelles pour se consoler, les seuls chiens de l'épisode sont les carlins du duc de Windsor, c'est la dèche.