Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Potion précédente-Potion suivante
The Crown, saison 2 épisode 3: Lisbon
Michael Adeane a recours à un ultime atout pour dissuader Eileen Parker de divorcer, ce qui pourrait entraîner un scandale impliquant Philip. Anthony Eden, quant à lui, a de plus en plus de ma à tenir face à son gouvernement et à l'opinion publique.

Après un deuxième épisode qui tenait du passage obligé dans un recap qui vise à être exhaustif, je m'attendais à ce que le troisième épisode fasse à peine moins office de corvée, mais c'est finalement avec un plaisir certain que je l'ai revu. Peut-être parce qu'après avoir été agacée par les actions de tous ces mecs dans l'épisode précédent, c'était salvateur de les voir un peu payer le prix de leurs écarts.

Quand l'épisode commence, une fois n'est pas coutume, Elizabeth est en compagnie de ses enfants, à leur montrer sur un globe terrestre le trajet accompli par leur père, qui n'est pas seulement là pour s'amuser mais voyage dans les coins les plus reculés du Commonwealth pour rappeler aux gens qui y crèchent qu'ils en font partie. Sinon, qui sait, il pourrait leur prendre des envies d'indépendance. Je ne sais pas si une visite de Philip ne donnerait pas encore davantage l'envie d'être indépendant de tous ces gens, mais ne persiflons pas avant même le générique.

Après que les enfants partent se coucher, Elizabeth suggère à leur nounou qu'elle mette une photo de leur père près de leur lit histoire qu'ils se souviennent de sa trombine, car à cet âge-là, les absences de quelques mois semblent interminables (en saison 1 c'était la même qui était prête à faire une tournée du Commonwealth en partant du principe que les enfants ne s'apercevraient même pas de l'absence de leurs parents, mais comme c'était pour dépanner papa on va dire que ce n'est pas la même chose.)

Sur ces bonnes paroles, un domestique amène tout un tas de bobines que le duc d’Édimbourg leur a fait parvenir afin que sa famille suive ses progrès. Voilà qui ravit la reine. Malgré la distance, grâce à l'échange de vœux radiophoniques à cœur ouvert de l'épisode précédent, le moral est nettement remonté, autant qu'elle en profite car ça ne va pas durer très longtemps.

En effet, Michael Adeane vient d'apprendre qu'Eileen Parker va entamer une procédure de divorce contre son mari, puisqu'elle a désormais la preuve qu'il lui fallait de ses infidélités. Il faut donc prescrire un remède plus sévère que de jolis discours de Noël pour afficher une image de félicité matrimoniale dans le couple royal aux yeux du public.

Pour se faire Adeane va lâcher le Kraken, appuyer sur le gros bouton rouge qui met à feu ce qui est l'équivalent dans son milieu d'une bombe atomique, recourir à l'arme ultime: sortir Tommy Lascelles de sa retraite. Tatatiiin! Générique.

(Le duc d’Édimbourg a encore dérapé? Ça tombe bien, je viens de recharger mon fusil!)

Anthony Eden est encore une fois de retour de Jamaïque, soi-disant totalement requinqué. Alors qu'une meute de journaliste l'attend, il descend de son avion sur un fond de coucher de soleil que ne renierait pas Michael Bay avant de prendre la pose sur le tarmac tel Kylian Mbappe célébrant un but. Tout va bien, ma santé est excellente, je vais enfin pouvoir me concentrer sur mon boulot. On y croirait presque s'il ne nous avait pas chanté la même chanson en saison 1. Et parce que spoiler: Histoire! aussi, un peu.

Elizabeth a réuni toute sa famille pour assister à la grande représentation des aventures de Philip en Antarctique, et c'est plutôt tout mignon de les voir pour une fois réunis dans une bonne ambiance à plaisanter en voyant le duc faire mumuse avec des pingouins et des huskies. Calme avant la tempête, tout ça, tout ça.

Enfin, même si c'est mignon ça reste une belle occasion manquée pour Philip et Mike Parker de jouer dans leur propre version des Montagnes Hallucinées.

On passe ensuite sur Elizabeth, à qui l'on a accordé quelques jours de vacances à Sandringham, sur le départ lorsqu'elle croise Tommy Lascelles, venu à la demande d'Adeane "pour une question de routine". Elle s'étonne tout de même que pour une simple question de routine Adeane ait fait venir Lascelles dans une voiture royale avec chauffeur, qui n'a pas du tout été envoyé par Adeane en fait: voiture et chauffeurs étaient le cadeau de départ à la retraite qu'a reçu Lascelles de la part de la reine. Oups.

Soit Elizabeth a tellement l'habitude de faire des cadeaux somptuaires à ses anciens employés que celui de Lascelles est noyé dans la masse, soit c'était de si peu d'importance pour elle qu'elle ne s'en souvient pas, soit elle a délégué la tâche de choisir le cadeau et ne s'est pas spécialement souciée de savoir ce que c'était. Quoiqu'il en soit, comme on disait de mon temps, ça marque mal. Ce qui n'empêche pas Lilibet de partir en villégiature le cœur léger, dans la bienheureuse insouciance de celle qui ignore que Tommy Lascelles la juge.

Tommy Lascelles te regarde et te juge, Elizabeth comment peux-tu ne pas tomber raide morte d'embarras dans la seconde?

Mais le devoir l'appelle. Tout en se lissant la moustache de concert, Adeane et Lascelles sont d'accord qu'il faut sauver le ménage Parker. Pas parce qu'ils en ont quoi que ce soit à faire de leur bonheur conjugal, attention, mais pour éviter que tout scandale lié à la conduite de Mike éclabousse Philip et par ricochet, la Couronne. Lascelles a davantage l'habitude de s'opposer aux idées de mariages quand cela touche à la famille royale, mais puisqu'il faut s'y coller pour raviver la flamme, il va s'y coller.

À bord du Britannia l'insouciance prévaut toujours tandis que Philip lit une partie de la lettre de sa femme le remerciant des jolis films qu'il leur a envoyé. Lettre qui lui promet de très chaleureuses retrouvailles, si vous voyez ce que je veux dire, gros coup de coude dans les côtes, clin d’œil égrillard, autant dire que Philip a hâte d'être de retour au moins pour ça.

Eden, sur le point de reprendre le boulot, consulte les titres de presse guère élogieux à son égard, mais c'est l'air confiant qu'il fait face à son gouvernement. Hum, attendez, moins de temps s'est écoulé entre l'envoi de la lettre d'Elizabeth à Buckingham et sa réception par Philip sur le Britannia qu'entre le retour d'Eden en Angleterre et son premier conseil des ministres? La reine a droit à un service postal vraiment express, ou alors Game of Thrones n'est décidément pas la seule série a avoir un soucis pour gérer les histoires de durée des trajets sur longue distance.

Passons, l'important est qu'Eden félicite tout d'abord ses troupes pour avoir si bien tenu la baraque en son absence. C'est tout de même chouette un gouvernement uni. C'est alors que MacMillan abat ses cartes.

Quel gouvernement uni? La guerre décidée par Eden a divisé le gouvernement, ils ont une crise énergétique sur le dos, la réputation du pays à l'international est aux fraises.

Et quand Eden lui rappelle qu'il était le premier a appuyer sa décision d'intervenir en Égypte, MacMillan joue les innocents. Ah mais lui il était partant du moment que la guerre était légale, là elle ne l'est pas alors forcément il est contre, comment peut-on suggérer le contraire!

Là, sans surprise, Eden perd un peu son calme. Ah, son beau discours sur les élèves d'Eton, qui ont les mêmes codes, qui parlent le même langage, comme il doit lui paraître loin maintenant. Mais sa tirade sur ses alliés d'hier qui le poignardent dans le dos maintenant que tout va mal pour lui ne rencontre pas d'oreilles compatissantes. C'est évidemment MacMillan qui porte le dernier coup:

"Come now, Anthony you know as well as I there is no justice in politics."

On retrouve Eileen Parker en train d'admirer les performances au ballon ovale de son fiston, et on arrive à la scène qui consacre la future-ex-Mrs-Parker comme le personnage le plus badass de toute la série. En effet, elle ne tarde pas à remarquer Tommy Lascelles en train de lire sur un banc un bouquin d'histoire militaire de façon tout à fait naturelle et détachée, les parcs londoniens sont faits pour profiter d'une retraite bien méritée, n'est-il pas?

Après d'aimables salutations et un semblant de conversation innocente, Lascelles évoque le fait qu'il ne connait que trop la difficulté pour un mariage de tenir quand l'époux est secrétaire privé d'un membre de la famille royale. Mais un mariage solide peut survivre à un tel obstacle.

Eileen Parker a depuis longtemps passé le stade où elle prenait sur elle pour que le mariage survivre donc cela ne l'émeut guère. Lascelles tente au moins de la convaincre d'attendre le retour de voyage du duc d'Édimbourg pour entamer la procédure de divorce car le mari de la reine effectue une tâche très importante et le moindre scandale réduirait ce boulot à néant.

Et là, Eileen l'envoie immédiatement dans les cordes:"You came here because you knew it's where I'd be, and you wanted to put in a word on their behalf. It's pathetic. Still their round-the-clock lackey, even in retirement.

Ouille. Lascelles vaincu par KO, une première (et probablement une dernière). Parce que Philip a beau se plaindre à plusieurs reprises que Lascelles et ses semblables ne le traitent pas comme il le mérite, on ne l'a jamais vu chercher une confrontation directe avec le moustachu en chef pour lui expliquer sa façon de penser. Ah non, là bizarrement, il n'y a plus personne. Quant au duc de Windsor, on est obligé de lui accorder qu'on l'a vu essayer, une fois, pour se faire vite remettre à sa place. Il est improbable que ce fait d'armes soit mentionné dans l'épitaphe d'Eileen Parker mais il devrait l'être.

(Mais... que vient-il de m'arriver? Quelle est cette sensation étrange? Est-ce donc cela, la défaite dans un échange verbal?"

Ignorant qu'elle a loupé la chute d'un titan, Elizabeth II arrive à Sandringham et n'a pas plus tôt déballé les corgis qu'elle apprend que son Premier Ministre arrive.

Une arrivée peu glorieuse car de la gare au palais, Eden est pris à partie tout du long par la population en colère, sous les flash des journalistes.

Une fois à bon port, Anthony Eden avoue à la reine que cette fois-ci, ce n'est plus tenable, tous les médecins qu'il a consulté sont formels: il doit faire passer sa santé en priorité, et donc présenter sa démission. Dont acte, navré de vous décevoir, votre Majesté.

Il a de la chance, sa Majesté est d'humeur compréhensive et compatissante:

" I did think that the decision to go to war was rushed. And I was sorry to see you lie to the House, when you told them that you had no prior knowledge of the Israelis' intentions. We both know that to be untrue. But, wrong though it was I did have sympathy for you. To have waited in the wings for so long and to have supported a great man like Winston so patiently, so loyally. And then to finally have your opportunity to measure yourself against him. To do nothing is often the best course of action but I know from personal experience how frustrating it can be. History was not made by those who did nothing. So, I suppose it's only natural that ambitious men, driven men want to go down in History."

Sur ce, exit Anthony Eden, deuxième Premier Ministre d'Elizabeth II, plus que onze (si on ne compte que le Royaume-Uni, évidemment, et pas les autres pays du Commonwealth ou on n'en finit plus). Je suppose qu'il y a un sens de la tragédie dans ce personnage: un héros de la Première Guerre Mondiale, un des rares à ne pas avoir cédé aux sirènes de l’apaisement, le fidèle bras droit de Churchill et quand il accède enfin au poste suprême, il restera dans les mémoires pour les mauvaises raisons.

Mais c'est aussi un peu le problème avec les erreurs des personnages historiques qui ont des responsabilités aussi importantes: quand les mauvaises décisions entrainent de nombreuses morts, ça peut créer un frein à la sympathie ou au moins la pitié qu'on veut nous faire éprouver pour le personnage en question.

Lascelles informe Adeane de l'évolution de la situation sur le front de l'indomptable Eileen Parker. Il faut mettre Elizabeth II au courant car même si le duc n'a bien entendu commis aucune faute dans toute cette histoire, la presse va s'en donner tout de même à cœur joie.

Sitôt dit, sitôt fait, Elizabeth prend la nouvelle avec impassibilité. Il faut dire qu'elle a aussi un nouveau Premier ministre à accueillir dès son retour à Londres.

MacMillan débarque en suant la satisfaction de soi comme rarement vu, on s'attendrait presque à le voir faire la roue. La reine lui offre ses félicitations tout en remarquant qu'il a hérité d'un calice empoisonné, ce à quoi MacMillan acquiesce en descendant en règle le bilan de son prédécesseur. Une attitude qui n'impressionne guère Elizabeth, bien qu'elle ne se départisse pas de son sourire bienveillant.

"But it wasn't just Eden's war, was it? It was a war prosecuted by a government of which you, as chancellor, were a major constituent part. I also seem to remember that you were one of the loudest voices in support of the war in the beginning. One always has to accept one's own part, I believe in any mess."

Deuxième victoire par KO de l'épisode, peut-être moins spectaculaire que celle d'Eileen face à Lascelles parce qu'après tout, là ce n'est que Harold MacMillan et qu'on a déjà vu Elizabeth II passer un savon mémorable à Churchill en personne, mais ça fait toujours plaisir.

MacMillan est beaucoup moins fiérot à présent, elle t'a à l’œil, coco, et elle en a vu d'autres.

En mer, Parker reçoit enfin un télégramme l'informant de la demande de divorce de sa femme et des preuves qu'elle a contre lui. Philip ne peut pas croire que son ami ait été assez bête pour se confier dans des lettres au baron Nahum même si ce qui se dit au Thursday Club n'est pas censé en franchir les portes.

Philip comprend immédiatement que cela implique un retour vite fait à la maison dans l'ombre de sa femme et à supporter les courtisans, d'où probablement son manque de compréhension face à la boulette de Mike.

On a ensuite une scène à la base un peu improbable puisque je doute que la reine se soit déplacée chez Eileen Parker en personne, quoiqu'il en soit elle vient sous couvert de prendre des nouvelles, de compatir à sa situation, en évoquant les temps d'insouciance à Malte où elles faisaient toutes les deux les courses comme des personnes ordinaires.

Eileen lui explique que si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait demandé le divorce plus tôt mais que la Couronne devait alors s'occuper de la crise liée aux envies de mariage de Margaret et Townsend, et que par égard elle n'avait pas voulu en rajouter, mais la situation n'est plus tenable, et elle montre même la fameuse lettre à la reine. Bien que le papier n'incrimine pas Philip, Elizabeth doit bien constater que la bande s'amusait bien loin de la rigueur de la Cour.

Tout comme Lascelles plus tôt, elle essaie quand même de convaincre Eileen d'attendre avant de faire part publiquement de sa décision, comme une dernière faveur.

Eileen a bouffé Lascelles au petit-déjeuner, alors qu'est-ce qu'Elizabeth II , reine du Royaume-Uni, cheffe du Commonwealth, défenderesse de la Foi et patincouffin, à côté?

" I've had enough of favors to you people. My entire adult life has been favors to you. You people aren't even remotely aware of the cost of the damage to families and marriages in your service. I've instructed a solicitor. That's my decision."

Voilà, c'est bien que ça sorte. Elizabeth est sans doute une des membres de la famille royale les moins égocentriques, ça ne l'empêche pas comme le reste de prendre un peu pour garanti qu'une batterie de gens fassent passer leurs besoins après les leurs. Ça ne peut pas faire de mal d'avoir un petit rappel que le monde ne peut pas sans cesse tourner autour d'eux et de ce qu'ils représentent. L'annonce est donc faite et la valse médiatique commence:

À bord du Britannia, malgré l'assurance de l'avocat de Mike Parker que le tintouin se calmera d'ici 48 heures, ni lui ni Philip n'en croient un mot. La démission de Parker est obligatoire et il la présente aussi sec. Philip l'accepte tout aussi sèchement.

Parker connaissait les règles: pas d'erreur, pas de scandale et pas d'humanité, il sera donc débarqué à Gibraltar et fera le reste du voyage en solo. Bon, Philip ignorait pour les lettres, certes, mais durant le voyage et même avant au Thursday Club, il devait bien connaître les écarts de conduite de son petit camarade et ne devait pas lever le petit droit pour l'avertir que cela pourrait mal finir, trop occupé à décompresser lui-même. Du coup le mélodrame à base de "on ne nous laisse pas être humain!", à d'autres.

Il ne peut que regarder le pauvre Mike livré en pâture aux journalistes à peine un pied posé sur le plancher des vaches.

À Londres, c'est l'heure de la revue de presse et elle n'est pas brillante, Lascelles est venu lui-même la faire en compagnie d'Adeane, pour signifier que l'heure est grave, vraiment.

La presse britannique reste plutôt sympathique, mais à l'étranger les journaux s'éclatent, par exemple une feuille de chou de Baltimore, ville dont le simple nom fait siffler les oreilles de la Queen Mum puisque c'est de là que venait Wallis Simpson.

D'ailleurs la relation entre cette dernière et Edward VIII est mentionnée, bref c'est la crise la plus grave depuis l'Abdication, on n'avait pas entendu ce couplet depuis longtemps.

La Queen Mum est d'avis à faire revenir Philip au bercail immédiatement, mais Adeane et Lascelles en sont d'accord, cela ne ferait que confirmer que le duc a quelque chose à se reprocher et qu'on veut le tenir à l’œil. Il faut néanmoins donner une manifestation publique d'unité, et puisque Philip n'ira pas à la reine, c'est la reine qui ira à Philip.

Ce dernier, évidemment, n'apprécie ni les nouvelles instructions qu'il reçoit sur la ligne de conduite à tenir, ni la cravate à petits cœurs qu'on lui fait porter pour l'occasion.

Le duc d'Édimbourg vient donc rejoindre son épouse dans l'avion qu'elle a pris pour Lisbonne, et on est loin des gâteries que lui faisait miroiter la lettre de la reine en début d'épisode. En fait, il n'y a pas la place pour des retrouvailles en tête à tête tout court.

Ils se doivent à leur public et font donc coucou pour les cameras sur la passerelle avant de rejoindre le Britannia et que l'on raccroche les wagons avec la scène d'ouverture de la saison.

On en arrive donc à ce qui chiffonne Philip: le manque de respect des "moustachus" à son égard, et le fait qu'il souffre d'être la cinquième roue du carrosse, puisque même son fils de dix ans a un rang supérieur au sien.

Ça fait partie de ces moments où l'on veut bien être compréhensif, mais où cela devient compliqué. Oui, on peut comprendre et compatir au fait qu'il se sente étranger, mis à l'écart. Qu'il ait affaire à un tas de snobs, dans ce milieu, est bien facile à croire, mais il a fait le choix de s'engager là-dedans en épousant Elizabeth.

Le personnage de Margaret ne m'est pas particulièrement sympathique, mais si Edward VIII n'avait pas abdiqué, elle et sa sœur auraient mené une vie sans grand intérêt mais très privilégiée de membres secondaires de la famille royale, et le fait qu'Elizabeth soit l'aînée n'aurait pas eu grand importance, elles auraient été sur un pied d'égalité. La dynamique a complètement changé quand Elizabeth est devenue héritière du trône et que Margaret vive mal ce changement de statut au-delà de son contrôle, on peut facilement l'admettre bien que cela ne lui donne pas toutes les excuses du monde. De plus, Philip a beau se sentir étranger à ce milieu, il était un prince à sa naissance et a fréquenté dès son plus jeune âge la famille royale. On ne parle pas de quelqu'un comme Megan Markle qui vient d'un univers complètement différent et qui, même après avoir été longuement briefée, ne peut pas exactement savoir ce que cela signifie d'intégrer la Firme avant que ce soit fait et prend donc le risque d'une désillusion.

Il savait d'avance que sa femme et son fils passeraient avant lui, et même si c'est arrivé plus vite que prévu, ce n'est pas vraiment quelque chose qu'il peut jeter à la tête de la reine comme si elle était responsable de la manière dont la monarchie fonctionne ou que les règles avaient été changées après 1947.

Cependant, le but de la conversation est de sortir de cette crise, et Elizabeth va donc donner un os à ronger à Philip. "Elizabeth II prend sur elle", épisode 159.

Premier effet kiss-kool, elle émet des lettres patentes faisant de Philip un prince du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord. S'ensuit une grande cérémonie qui ce me semble a été ajoutée pour les besoins de la série mais qui ne s'est pas déroulée dans la réalité où le faire-part a été suffisant. Mais c'est plus cinématographique d'envoyer l'apparat et la pompe.

Philip et l'assistance se regardent alors en chien de faïence. Philip croit-il que ce titre est la victoire dont il avait besoin pour enfin être pris au sérieux par la Cour ou au contraire réalise-t-il à ce moment que tout ce cérémonial ne change rien et que ce qu'il a souhaité si fort est complètement vide de sens? Ça reste ouvert à l'interprétation, j'imagine, mais je penche plutôt pour la deuxième option.

On a alors la joie de revoir Cecil Beaton pour une séance-photo lyrique:

"O, famous son of England, this is he. Great by land and great by sea. Thine island loves thee well, thou greatest sailor since our world began... Now to the roll of muffled drums, to thee the greatest soldier comes. For this is he, O give him welcome. This is he, England's greatest son. He that gained a hundred fights, nor ever lost an English gun."

Pour celles et ceux qui se demandent, la citation du jour vient de L'Ode sur la mort du duc de Wellington d'Alfred Tennyson.

Deuxième effet kiss-kool: Michael Adeane doit sacrifier sa pilosité faciale. C'est rassurant de voir cette histoire se régler de façon aussi adulte.

La dernière scène montre Philip visiter Mike Parker dans sa garçonnière, où ce dernier, en attendant de repartir pour l'Australie, vit les affres de celui qui doit apprendre à se faire cuire un œuf tout seul.

Après quelques marques de sympathie, Philip renoue avec son hobby préféré, se plaindre de son sort. Son couple va mieux mais la reine s'est mise en tête, comme nouveau départ, de faire d'autres enfants, quelle barbe.

Parker se montre étonnamment fin psychologue et comprend totalement ce que désire vraiment Elizabeth: un enfant qui soit le sien, pas d'enfants engendrés pour être l'héritier ou la roue de secours. Et donc, contrairement à Charles, un enfant qui est juste un enfant et qui n'est pas sans cesse là pour lui rappeler qu'il est destiné à la remplacer tôt ou tard. Charles n'est pas juste un gamin, il est la Couronne autant qu'elle, et elle a beau faire de son mieux, elle reste froide envers lui car elle ne peut totalement aimer un rappel de sa propre mortalité. Pourquoi Parker a-t-il attendu sa dernière scène pour dire quelque chose d'intelligent, on en viendrait presque à le regretter.

C'est l'heure des adieux, et Mike remercie Philip pour ce moment, en insistant pour lui donner du "sir" alors que le prince aimerait qu'il continue de l'appeler par son prénom, mais Parker sait que cette ère est derrière eux, et qu'il est inutile de chercher à la prolonger.

Ce dont Philip prend conscience à son tour. Elizabeth a lâché du lest en sa faveur et il ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, après tout.

L'épisode clôt la trilogie d'ouverture au sein de cette saison 2 centré sur la chute d'Anthony Eden et la crise conjugale entre Philip et Elizabeth. Et même si elle s'achève sur un épisode plus agréable à regarder que le précédent, je pense qu'il y avait moyen de traiter tout cela en deux épisodes au lieu de trois, ou de mieux équilibrer l'aspect politique et l'aspect plus intime. Dans le prochain épisode, Margaret a la vedette. Quelle joie.

Le Point Corgis: on les voit à l'arrivée au palais de Sandringham. C'est peu mais peu de corgis c'est mieux que pas de corgis du tout.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 15 Septembre 2018, 16:36bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".