Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Silverado
Échappant à une tentative d'assassinat, Emmett fait la connaissance de Paden, qui vient d'être détroussé. Ensemble, ils font évader de sa cellule le fougueux frère d'Emmett, Jake, et sont aidés dans leur fuite par Mal, un aventurier. Tous quatre prennent la route de la petite ville de Silverado, espérant y retrouver leur famille ou y faire fortune.

En 1985, le western est tombé en désuétude. Les géants fondateurs du genre sont morts ou à la retraite, la vague du western italien a reflué tout comme celle plus contestataire et ne reste guère que Clint Eastwood pour y revenir occasionnellement. Il faudra toutefois attendre encore quelques années avant qu'il ne signe ce qui sera considéré comme son chef-d’œuvre en la matière, Impitoyable. C'est dans ce contexte que Lawrence Kasdan réalise un film qu'il a coécrit avec son frère Mark, Silverado. En s'inscrivant dans une veine très classique, sans excès de violence, sans volonté de mettre au jour la face la plus sombre de la Conquête de l'Ouest, sans le jeunisme qui allait paradoxalement faire vite vieillir Young Guns quelques années plus tard. Pourtant, il ne s'agit pas ici de pasticher les classiques des années 50, le casting, la musique de Bruce Broughton, l'allure des personnages, inscrivent aussi Silverado dans son époque.

Le scénario des Kasdan se débrouille pour caser des péripéties à intervalles réguliers: évasion de prison, chevauchées, bandits de grands chemin, attaques des sbires de propriétaires terriens, fusillades et duels. Chacun des personnages principaux est vite caractérisé et a sa Némésis attitrée, ce qui fait que l'on discerne rapidement qui va tuer qui dans la dernière bobine. Ce schéma permet d'équilibrer du mieux possible les héros, imparfaitement toutefois. Très rapidement, Paden émerge comme le personnage le plus intéressant, ancien bandit qui va affronter ses anciens complices par fidélité envers ses nouveaux amis. Il n'est pas étonnant qu'il soit celui à qui l'on colle l'antagoniste le plus mémorable, l'affable mais sans scrupules Cobb, tandis qu'Emmett, davantage leader droit dans ses bottes, n'a à se mettre sous la dent que l'homme le plus puissant du voisinage, certes, mais surtout dépourvu d'un charisme suffisant pour en faire un adversaire d'anthologie. Mal s'en tire plutôt bien avec une sous-intrigue familiale développée et un ennemi qui rétrospectivement profite de la notoriété de Jeff Goldblum tandis que Jake est le plus mal servi, électron-libre sans véritable évolution.

Avec pour but d'offrir un spectacle rythmé par son action, le film passe vite sur certaines sous-intrigues, notamment celle relative à Hannah. Un simple échange de regard parait suffisant pour faire comprendre qu'elle aura une histoire avec Paden, qui vient d'ailleurs lui rendre visite après leur arrivée à Silverado, mais on a deux scènes entre elle et Emmett où il tente maladroitement de lui faire ses adieux alors qu'aucun lien entre eux ne semblait s'être tissé jusque-là. Comme s'il y avait eu des coupes au montage d'autant qu'Hannah n'occupe qu'un rôle très périphérique et les personnages de Stella, la tenancière du saloon, et de Rae, la sœur de Mal en rupture de ban, attirent davantage l'attention et ont davantage d'impact dans l'intrigue. La mise en scène de Kasdan est carrée, offrant de beaux plans comme la convergence des quatre héros vers la ville avant l'affrontement final et ne cède pas aux effets à la mode de l'époque (Young Guns encore) ce qui lui permet de garder un certain cachet.

La distribution est éclectique. Bizarrement, alors qu'il est celui qui se fera une place dans le western dans les années à venir, que ce soit au sommet de sa gloire ou plus récemment pour son retour, Kevin Costner est celui qui ressemble le plus à un cow-boy de carnaval et l'exubérance de son personnage est vite irritante. À l'inverse, sous ses airs de frère caché de Robin Williams, Kevin Kline se détache du lot, il est vrai aidé par le rôle le plus intéressant. Quant à Scott Glenn et Danny Glover, ils s'imposent dans le calme. Le choix de certains acteurs de second rôle peut étonner, notamment John Cleese en shérif ou Jeff Goldblum en joueur professionnel donc forcément fourbe mais cela fonctionne. Linda Hunt dans le rôle de Stella et Brian Dennehy dans celui de Cobb tirent particulièrement bien leur épingle du jeu.

Flop au box-office américain à l'époque, Silverado est une tentative de relancer le genre, très formatée dans ses péripéties mais que le casting qui se partage entre évidences, contre-emplois et futures vedettes transforme en curiosité.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 21 Mai 2023, 19:09bouillonnant dans le chaudron "Films".