Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Sept Secondes en Enfer
Après le règlement de comptes où Wyatt Earp, ses frères Virgil et Morgan et Doc Holliday se sont confrontés à la bande des Clanton, Ike, le chef du clan, entend se venger. Ayant échoué par les moyens légaux, il fait abattre Morgan. Wyatt se lance alors à sa poursuite.

En 1957, John Sturges a réalisé Règlement de Comptes à OK Corral, un des films les plus connus et les plus populaires sur cet épisode fameux de l'Histoire du Far West. Dix ans plus tard, le réalisateur y revient pour y porter un regard bien différent. Le film s'ouvre sur le règlement de comptes, qui ne dura qu'une poignée de secondes, d'où le titre français, l'original étant The Hour of the Gun. On ne prend pas de temps à nous présenter les raisons de cet affrontement, les personnages sont présentés lors du générique alors qu'ils se rendent au Corral, on part du principe que les spectateurs en savent suffisamment sur le sujet pour ne pas avoir besoin de davantage. Ce qui intéresse ici n'est pas les motivations de chacun à ce moment mais ce qui a suivi. Après une introduction pleine de tension jusqu'à ce que les balles fusent, on se penche ainsi sur les aspects légaux qui ont suivi, Ike, qui a le shérif dans la poche, accusant Wyatt de meurtre (les distinctions entre shérif et marshall et leurs pouvoirs respectifs peuvent d'ailleurs être confuses quand on n'y connait pas grand chose comme moi). Le rapport d'autopsie démentant le fait que les Earp et Holliday aient tiré sur de pauvres innocents désarmés, les poursuites sont abandonnées mais le désir de vengeance d'Ike n'est pas éteint.

Après que Virgil et Morgan en aient fait les frais, l'un s'en sortant blessé, l'autre ne s'en sortant pas du tout, Wyatt va obtenir autorisation de coincer Ike et ce qu'il reste de sa bande, vifs s'il veut obtenir une récompense. Accompagné de Doc qui recrute en chemin un peu d'aide (on pense aux Sept Mercenaires du même Sturges bien que ce soit plus succinct, l'essentiel du film ne reposant pas là), on se rend compte que Wyatt, malgré ses airs de vouloir faire respecter la loi, refroidit un peu trop vite les complices d'Ike. Il a du mal à l'admettre, Doc n'est pas dupe, malgré les dollars qui lui passent sous le nez Wyatt n'est pas mécontent de les tuer plutôt que de les remettre à la justice.

On est en 1967, le western est devenu plus critique face à son passé et ses figures légendaires (encore qu'il ne faille pas s'imaginer que tout ce qui a précédé était lisse et consensuel) et Earp et Holliday émergent de cette vision comme des tueurs pas tellement plus moraux que Clanton et qui ont surtout l'avantage sur lui, dans la dernière partie, d'avoir un "permis de chasse". Sous les traits de James Garner qui jusque-là en matière de western avait surtout été le joueur Bret Maverick à la télévision, Earp ne manque pas de charisme tout en retenue, se livrant finalement peu tandis que Jason Robards campe un Holliday qui se sait condamné par la maladie et n'a que sa loyauté envers Wyatt pour le rendre sympathique, n'ayant par ailleurs pas grande considération pour sa vie ou celle des autres. Un aspect suicidaire déjà évoqué dans les précédentes interprétations du personnage mais ici dépourvu du romantisme que l'on pouvait trouver dans La Poursuite infernale, par exemple.

Derrière la caméra, John Sturges conserve un grand classicisme, ne cédant pas à l'influence du western italien venu secouer les codes quelques années années plus tôt. La violence n'est guère graphique, tout au plus un peu de sang bien rouge côté Earp lors du règlement de compte qui ouvre le bal, mais dans l'attitude des protagonistes, abattant froidement leurs adversaires. Le rythme est lent mais offre quelques beaux duels et embuscades, le face-à-face entre Ike et Wyatt concluant leur guerre tient ses promesses tout en restant très traditionnel dans son déroulement.

Quand un réalisateur revisite le même thème avec quelques années d'intervalle et un point de vue différent il y a de quoi susciter la curiosité et ici, Sturges accompagne l'évolution du genre en livrant un film plus sec, austère et désenchanté que son célèbre prédécesseur mais qui mérite tout autant d'être vu.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 18 Août 2022, 10:12bouillonnant dans le chaudron "Films".