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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Sang pour Sang
--> It's Noirvember!
Ray, employé d'une boite de nuit minable, a une aventure avec Abby, la femme de son patron Marty. Ce dernier en est alerté par un détective privé qu'il a engagé, qu'il charge alors de faire disparaitre les amants. Le détective accepte contre une grosse somme d'argent mais suit son propre plan.

Allez, un peu de néo-noir pour changer avant le dernier film de cette édition 2023! Neo, tout est relatif puisqu'on va parler du tout premier long-métrage de Joel et Ethan Coen, sorti sur les écrans en 1984. Les spectateurs et les critiques de l'époque pouvaient-ils se douter qu'ils assistaient au début de carrière de futurs palmés et oscarisés? Ce qui est certain, c'est que découvrir Sang pour Sang (ou Blood Simple dans la langue des Coen) après avoir vu une bonne partie de leur filmographie pousse forcément à y chercher leur ton, leur style, leurs thèmes de prédilection histoire de voir si tout était déjà là. En l'occurrence, pas besoin de chercher beaucoup pour trouver. Avec un scénario écrit par leurs soins et un budget modeste fourni par divers nantis du Minnesota, les frères Coen ont eu les mains libres pour livrer une œuvre qui n'avait rien d'une commande, en s'attaquant pour la première fois mais pas la dernière au genre du film noir.

Le mari, la femme, l'amant, un détective et un meurtre, les ingrédients sont classiques, la recette appliquée de manière personnelle. Déjà, les plans foirent car appliqués par des gens pas aussi malins qu'ils s'imaginent l'être ou qui sans être idiots, ignorent trop de paramètres pour comprendre les événements. Abby n'a rien d'une femme fatale comme Lana Turner dans Le Facteur sonne toujours deux fois, source d'inspiration qui ressurgira des années plus tard dans The Barber. Elle ne comprendra jamais qui la menace vraiment. Marty, qui commandite le meurtre, sera la première victime. Ray, interprétant mal ce qu'il voit, saute aux mauvaises conclusions et aggrave la situation. L'infâme détective Visser va passer la dernière partie du film à essayer d'effacer des éléments incriminants pour lui alors que personne ne le soupçonne ni même ne soupçonne son existence. D'ailleurs, tout le monde laisse une longue piste d'éléments compromettants sans que jamais la police n'arrive pour les interpréter, bien ou mal. Meurice, l'autre employé de Marty présenté comme le mec cool et raisonnable du lot, ne comprendra jamais ce qui se joue et entretiendra innocemment la confusion générale. L'illusion de pouvoir contrôler quoi que ce soit, élément récurrent chez les Coen, est déjà bien présent tout comme le sens qui échappe aux protagonistes.

Comme un certain goût pour le raisiné également. Sang pour Sang n'est pas aussi cartoonesque que leur film suivant Arizona Junior mais on pousse à l'absurde l'idée de la victime increvable, des traces impossibles à effacer, des tâches de sang qui continuent sans arrêt de réapparaitre. L'acharnement de Ray pour se débarrasser de Marty en devient absurde sans pour autant paraître délirant sur le moment. Le goût de dépeindre des endroits paumés aussi fait son apparition. Ici, le Texas, avec au centre une boite de nuit dans une plaine désolée, des motels et un appartement jamais totalement meublé. La mise en scène peut paraître sobre, l'image conserve une patine années 80 mais on trouve déjà des idées, les plans récurrents sur les poissons péchés par Marty et son verre de lait, certaines transitions d'une scène à l'autre qui brouillent les pistes entre fantasme et réalité...

Le film marque aussi la rencontre entre les Coen et l'actrice Frances McDormand, alors inconnue. Les acteurs sont tous fort bien choisis. À l'époque, C. Emmet Walsh dans le rôle du répugnant privé Visser et Dan Hedaya, le Nick Tortelli de Cheers dont il donne ici plus ou moins une version réaliste, devaient être les visages les plus connus de la distribution. McDormand n'est pas la seule à marquer le début d'une collaboration fructueuse puisqu'on croise déjà Carter Burwell à la discrète BO et Barry Sonnenfeld en directeur photo (et doublure bruits de vomissements de Marty, ça ne s'intente pas). Il assistera les Coen jusqu'à Miller's Crossing avant de passer à son tour réalisateur (ce qui marquera le début d'une autre collaboration fructueuse avec Roger Deakins mais c'est une autre histoire).

Bien que les moyens limités se fassent parfois sentir, encore que l'intrigue se prête à un cadre intimiste, Sang pour Sang est une solide entrée en matière dans laquelle Joel et Ethan Coen ne donnent pas leur pleine mesure mais qui annonce le meilleur (ce qui est évidemment très facile à dire avec un recul de quarante ans).
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 22 Novembre 2023, 19:31bouillonnant dans le chaudron "Films".