Le prince Inga mène une existence paisible sur l'île de Pingaree aux côtés de ses parents. La visite du jovial roi voisin, Rinkitink, amène un peu d'animation. Moins que l'invasion menée conjointement par le roi de Regos et la reine de Cor, qui enlèvent les parents d'Inga et leur peuple pour les réduire en esclavage. Inga, Rinkitink et Bilbil, le bouc parlant de ce dernier, vont partir à leur secours.

Dans son laïus introductif, L. Frank Baum avertit que ce roman sera un peu différent des précédents. Il ne ment pas puisque pour une fois, on ne suit pas un enfant d'Oz ou d'ailleurs précipité sur les routes et rencontrant en chemin des personnages tous plus extraordinaires les uns que les autres. Le groupe se forme dans les premiers chapitres à Pingaree et ne s'étoffera pas vraiment par la suite et le récit, qui comporte pourtant des voyages, donne moins l'impression d'une succession d'étapes prétextes à des échanges avec des créatures bizarres mais dont les péripéties sont souvent anodines. Cela tient probablement au fait que Rinkitink in Oz était au départ un roman écrit avant que Baum ne débute ce qui deviendra tout un cycle et les éléments oziens (le roi des Nomes, Dorothy, Glinda...) n'apparaissent qu'à la fin, sans trop faire pièce rapportée mais tout de même, cette partie devient plus faible et facile, Glinda ayant les pouvoirs de toujours tout régler quand la situation devient désespérée (elle n'a pas trop à se fouler sauf en ce qui concerne Bilbil).

Le ton est donc un peu différent, avec une armée d'invasion bien moins de pacotille que ce à quoi on a droit d'habitude. Il y a de la magie, bien sûr, Inga bénéficiant de trois perles dotées de pouvoir qui vont bien l'aider dans sa quête, du moins quand elles ne sont pas égarées. Bilbil le bouc aigri est en revanche dans la lignée des animaux parlants d'Oz, tout comme Rinkitink qui donne son titre au livre et qui, on respecte certaines traditions, est d'une utilité douteuse dans le dénouement de l'histoire et amène plus de problèmes qu'il n'en résout mais bizarrement, tout les gentils l'aiment bien quand même et ne se soucient guère de lui dire ses quatre vérités (à part Bilbil mais il est aigri, et il s'excuse à la fin).

Malgré ou à grâce à son statut bâtard de roman du cycle d'Oz qui n'en est à la base pas vraiment un, Rinkitink in Oz sort du lot, avec des méchants davantage pris au sérieux et redoutables que d'ordinaire et un personnage principal qui galère un peu plus, aide magique ou non. On retombe dans les facilités habituelles dans les derniers chapitres mais les aventures d'Inga auront été moins superficielles que celles que vivaient trop souvent les protagonistes des autres tomes.