Après la mort de sa femme Katie, Tom démissionne de son poste de professeur et décide de partir rejoindre Sharon, une amie d'université, à Jérusalem. Une fois sur place, il fait connaissance d'un vieil homme qui lui transmet avant de mourir des pages extraites des Manuscrits de la Mer Morte susceptibles de remettre en question les fondements du christianisme.

Par quel bout prendre ce roman de Graham Joyce? Le résumé de quatrième de couverture dans la collection Pocket Terreur ou le mien d'ailleurs pourraient laisser croire à un thriller ésotérique précurseur du Da Vinci Code. On en est pourtant loin et toute la partie relative aux pages à déchiffrer et les grandes révélations qu'elles comportent n'en est que l'une des facettes qui s'ajoute et se mêle aux autres. On y suit avant tout un homme bouleversé par la mort de sa femme mais pas seulement et l'on remarque vite qu'il n'a pas la conscience tranquille. On en comprend les raisons très tôt même si l'auteur laisse planer le suspense et qu'il y aura successivement de nouvelles informations, des volte-faces. Le parcours de Tom, que l'on a tout de même de plus en plus de mal à suivre car la nature de son tourment donne davantage envie de le gifler que le voir atteindre quelque paix que ce soit croise celui de Sharon, amie et ex qu'il a connue depuis la fac qui tente de l'aider et d'Ahmed, excentrique personnage poursuivi par un djinn. Comme Tom, affirme-t-il.

Le voyage de Tom à Jérusalem, tentative d'échapper au fantôme de sa femme et à sa culpabilité, verse vite dans le bizarre, et l'atmosphère particulière de la Ville sainte n'y est pas étrangère. Au contraire, l'ambiance de la Vieille Ville, alors que Rabin et Arafat sont sur le point d'atteindre un accord, agit comme un personnage à part entière sur Tom et son équilibre mental déjà chancelant. Un djinn a-t-il étendu son emprise sur lui? Est-il en contact spirituel avec un personnage biblique qui a un message à lui faire passer sur la réécriture des véritables événements par un sinistre misogyne? Le fantôme de sa femme a-t-il fait le trajet depuis l'Angleterre pour lui demander des comptes? Ou a-t-il simplement besoin d'une bonne thérapie pour réaliser qu'il est rongé par ses actes et ses fantasmes passés? Il faudra attendre les dernières pages pleines de tension pour y voir plus clair. Encore que, et cela ne changera pas l'opinion que l'on a pu se faire à ce stade du personnage principal.

Un roman n'a pas besoin d'avoir un protagoniste agréable pour être bon et l'on peut suivre avec un certain plaisir les mésaventures d'un être pathétique mais le voyage de Tom Webster vers une quelconque illumination finit par indifférer tandis que son entourage est plus intéressant mais finalement juste esquissé. Cependant, Requiem bénéficie d'une ambiance réussie et inquiétante où la ville de Jérusalem semble prendre vie pour exacerber les fragilités de son visiteur.