Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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[Rec]
Angela Vidal et son cameraman Pablo font un reportage dans une caserne de pompiers de Barcelone. Espérant obtenir des images juteuses, ils suivent une intervention dans un immeuble dont les habitants ont lancé un appel après avoir été alertés par les cris d'une vieille voisine. Lorsque pompiers et policiers pénètrent dans l'appartement, la vieille dame se montre particulièrement agressive.

Dans les années 2000, le cinéma horrifique et fantastique espagnol a fait preuve d'une jolie vitalité,, lançant la carrière de Juan Antonio Bayona, accueillant deux des plus beaux films de Guillermo Del Toro... Un des succès de ces années-là, fatalement suivi de suites et d'un remake américain, est [Rec] de Jaume Balagueró et Paco Plaza. Pour se faire, les réalisateurs ont adopté la forme éminemment casse-gueule du found-footage. Procédé en principe malin pour donner une patine amatrice et immersive tout en tournant à l'économie, il sert trop souvent de cache-misère pour des films peu inspirés où les invraisemblances sautent d'autant mieux au visage qu'on est censé croire que l'on est devant des documents miraculeusement retrouvés plutôt que devant une fiction classique. Ici, le prétexte est de suivre la présentatrice d'une chaine locale de Barcelone et son caméraman dans ce qui doit être un reportage ordinaire tournant vite à la catastrophe.

Le premier quart d'heure pose ainsi le cadre, avec découverte tranquille de la caserne puis arrivée sur les lieux du drame, un immeuble ancien du centre-ville où des policiers ont déjà appelé suite aux hurlements de démente d'une vieille dame. Après la découverte de la dame en question, on plonge dans ce qui semble être un film de zombies traditionnel, outre le procédé de faux reportage: un lieu rapidement clos, un échantillon de la population représentatif avec une mère et sa petite fille malade, un couple de vieux râleurs, un vieux garçon raciste, une famille d'immigrés asiatiques, un soignant, un policier dépassé et énervé et un brave pompier, sans parler d'une héroïne prête à tout pour capter un scoop. Les premières agressions sont rapides avant que l'on se pose un peu pour avoir une amorce d'explication et quelques indices pour la suite: comment les autorités ont su qu'il fallait mettre l'immeuble en quarantaine alors que policiers et pompiers dépêchés sur les lieux ne soupçonnaient rien de spécial, le dernier étage où l'on suggère que quelque chose cloche sans que les habitants ne sachent ou disent vraiment quoi...

D'une durée limitée (1h15 générique compris) Rec s'emballe dans sa dernière moitié alors que la contamination s'étend et qu'Angela et Pablo sont poussés vers les combles pour dix dernières minutes éprouvantes quoique atténuées finalement par le recours à la lumière infra-rouge qui en un sens filtre l'horreur. La découverte de l'appartement condamné et une nouvelle piste quant à la nature de la menace apportent une touche de glauque supplémentaire. Balagueró et Plaza concilient deux thèmes de l'horreur différents dans un mariage qui n'est peut-être pas inédit mais qui ne manque pas d'intérêt à défaut d'avoir le temps de l'explorer vraiment. C'est à la fois l'attrait et la limite d'une approche par le petit bout de la lorgnette, où les protagonistes, faute de vision d'ensemble de la situation, ne peuvent que grappiller et nous faire part que de miettes d'explication. D'un côté cela permet d'entretenir un mystère potentiellement plus effrayant qu'une résolution détaillée, de l'autre cet aspect lacunaire n'est pas sans frustration et confusion.

Du reste [Rec] n'évite pas totalement les facilités courantes de l'exercice: certes, on nous montre qu'Angela est avide de sensationnelle mais que son camarade ne lâche pas sa caméra dans des situations périlleuses où l'on n'a pas trop de ses deux mains pour repousser l'assaillant est évidemment difficile à croire et le travail sur le son est remarquable mais justement bien trop quand la journaliste n'a qu'un simple micro en main, d'autant plus qu'elle fait elle-même une remarque à ce sujet à la mère de la fille qu'elle interroge. En revanche le casting est fort réussi, apportant pour contrebalancer une touche de véracité (surtout les petits vieux plus vrais que nature), aidés par leur manque de notoriété, à part peut-être Manuela Velasco qui était vraiment animatrice à l'époque, ce qui devait participer à l'aspect reportage sur le vif au moment de la sortie du film.

[Rec] ne contourne pas tous les poncifs du film de zombies (ou d'infectés) ni les contraintes du format choisi mais sans chercher à révolutionner le genre ses réalisateurs font preuve d'une véritable habileté qui permet à leur long-métrage de se montrer d'une redoutable efficacité.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 4 Mai 2023, 18:31bouillonnant dans le chaudron "Films".