Après huit ans de servitude dans la marine, Rhuys Ap Kaledan débarque dans la cité franche d'Aniagrad, espérant refaire sa fortune et redonner à son nom le lustre d'antan. Un ancien associé de son père ne tarde d'ailleurs pas à le prendre sous son aile, mais à Aniagrad, il faut se méfier de tout et de tout le monde.

Ce n'est pas la première histoire que Lionel Davoust a écrite se déroulant dans l'univers d'Evanegyre, mais si comme moi, vous n'y aviez pas encore fait une incursion, Port d'Âmes est un excellent moyen d'y entrer, et peut se lire de façon parfaitement indépendante (bien que j'imagine que les aficionados y trouveront des allusions qui m'ont totalement échappé).

Il s'agit d'un de ses romans de fantasy où le lieu, Aniagrad en l'occurrence, est un personnage à part entière, et l'on est vite pris dans ses intrigues, son fonctionnement opaque avec les sinistres Administrateurs qui gèrent la cité. Les nids de crabes où tout est permis en apparence mais où paradoxalement on a intérêt à ne pas faire de vagues ne sont pas rares dans le genre mais il y a de belles trouvailles comme le concept des Transferts.

Pour quelqu'un qui a enduré huit ans d'esclavage, Rhuys peut paraître au départ un peu naïf et idéaliste mais cela peut aussi s'expliquer par le fait qu'il a longtemps été coupé du monde qui était le sien au lieu d'être initié à ses travers et a donc pu le mettre sur un piédestal. Mais il se rattrape bien par la suite et le roman n'apporte pas de réponses trop simples aux questions qu'il soulève (quels moyens peut-on employer pour arriver à une noble fin? Et cette fin ne finit-elle pas par devenir une excuse pour tout se permettre?)

Port d'Âmes s'avère donc être un one-shot au ton doux-amer finement écrit, qui tout en mettant à mal les beaux principes du héros ne tombe pas pour autant dans un cynisme facile.