Port Royal, 1665. Le corsaire Charles Hunter est chargé par le gouverneur de faire main basse sur un riche galion espagnol chargé d'or. Hunter recrute un équipage de choc pour sa mission, et c'est parti.

Ce roman de Michael Crichton a été publié à titre posthume. On peut se demander si l'auteur envisageait une publication, ou au moins pensait le retravailler un peu, car on ne peut se défaire d'une sensation d'inachevé une fois le livre refermé (il est très court, mais dans l'édition de poche anglaise, mieux vaut penser à se munir d'une loupe. D'accord, c'est la crise, on économise le papier, mais pensez à nos yeux!).

On a tous les ingrédients d'une histoire de pirates, qui ont fait leurs preuves, mais rien de plus. Les membres de l'équipage du héros sont ainsi d'une originalité folle: un Noir gigantesque et muet, une fille travestie en homme au passé étrangement semblable à celui de Mary Read, un Français dont Hunter se méfie même s'il ne peut se passer des talents (et il a raison de se méfier, le fourbe mangeur de grenouilles va naturellement le trahir!)... Les personnages féminins ne sont pas vraiment gâtés, à l'exception de Lazue, la fille pirate (mais elle se comporte en homme), entre la nymphomane mal mariée et la nièce du gouverneur bien boulet. Le manicheisme de l'ensemble est aussi pénible, l'Espagnol est très très méchant et sadique, on sait d'avance qui est fiable et qui ne l'est pas, qui est un crétin qui va forcément mettre la pagaille, etc.

Pourtant, ça commence agréablement, c'est rythmé et plutôt sympathique, tout en étant aussi original qu'une reproduction de la Joconde. Le début à Port Royal et tout ce qui tourne autour du gouverneur aurait même pu être intéressant si cela avait été plus développé, ce qui n'est pas le cas. Quant à l'expédition elle-même, ma foi, elle est bien menée même si on se demande pourquoi nous ajouter des cannibales et une attaque de kraken qui vient comme un cheveu sur la soupe.

La dernière partie est bâclée, et c'est là qu'on sent vraiment que le livre n'était pas destiné à être publié en l'état. Tout se conclut à vitesse grand V. Le reste du livre n'était déjà pas bien développé, mais on a plus que des dialogues ou presque et malgré l'enchaînement de péripéties, l'intérêt décroit tant on sent la hâte d'en finir.

On ne jettera pas la pierre à l'auteur qui, si ça se trouve, n'avait écrit ce texte que pour se distraire, mais j'attends toujours le bon gros roman de pirates avec des rebondissements qui n'ont pas été vu cent fois et des personnages un peu fouillés.