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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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No Country for Old Men
Au cours d'une partie de chasse, Llewellyn Ross tombe sur les cadavres laissés par un règlement de comptes entre dealers et sur une valise contenant 2 millions de dollars. Il la ramène chez lui mais pour profiter du magot, il va devoir échapper à Anton Chigurh, un tueur implacable. Une course-poursuite à travers le Texas s'engage entre les deux hommes.

À la sortie de No Country for Old Men en 2007, la partie de la filmographie des frères Coen réalisée au XXIe siècle était jugée décevante par certains: comédies mineures voire ratées pour O'Brother, Intolérable Cruauté ou The Ladykillers, exercice de style beau sur la forme mais creux dans le fond avec The Barber... D'aucuns ont donc vu dans cette adaptation d'un roman de Cormac McCarthy un retour en grande forme, pour d'autres les Coen n'étaient jamais vraiment partis. Quoiqu'il en soit, le film est considéré comme un des sommets de leur œuvre si ce n'est le pinacle et il a été couronné de quatre Oscars, dont meilleur film et meilleur réalisateur, autant dire qu'il ne faut jamais enterrer les artistes trop vite.

Située dans les années 80, l'intrigue a un aspect intemporel. Pendant un moment, on se dit que l'on pourrait aussi bien avoir devant soi un pur western se déroulant au XIXe siècle tant les voitures ou les armes à feu pourraient être remplacées par des chevaux et des colts sans que cela ne change grand chose. Les figures que l'on croise sonnent comme des archétypes: le brave shérif, le tueur, le chasseur dégourdi, l'épouse discrète... Les paysages arides du Texas et de la frontière mexicaine ne donnent pas l'impression d'avoir beaucoup changé en un siècle. Par la suite, certains éléments ne cadrent évidemment pas (l'émetteur) et à l'inverse on se dit que le film a beau se passer dans les années 80, il pourrait aussi bien se dérouler maintenant: de la tentation du fric facile pour échapper à la précarité à la discussion des vieux flics sur la jeunesse qui se colore les cheveux, il n'y a guère que le passé de vétéran du Vietnam de Ross pour marquer vraiment le film historiquement. Pas de nostalgie ou de reconstitution façon musée. Cela peut paraître secondaire mais participe beaucoup à l'ambiance du film, hors du temps, sec et sans apprêt (Carter Burwell, complice des Coen à la musique, est bien présent mais il faut attendre le générique final pour qu'il soit perceptible).

On assiste à une traque emplie de tension, avec quelques grands moments comme le passage dans le motel. Il s'agit de l'adaptation d'un roman que je n'ai pas lu et de ce fait j'ignore ce qui vient de McCarthy et des Coen. Néanmoins, si les idées et la caractérisation des personnages ne sortent pas de leur tête, le choix de ce livre en particulier est pertinent. On sent notamment une filiation avec Fargo en troquant les paysages enneigés contre le désert asséché, avec cette mallette pleine de dollars, l'escalade dans le pire, un brave flic local perdu au milieu du carnage. Là où, cependant, la policière incarnée par Frances McDormand apportait un peu de fraicheur, le shérif joué par Tommy Lee Jones reste impuissant devant la situation et il n'y aura pas de conclusion facile: pas de grand affrontement final, pas de vilains punis, en fait ce qui aurait pu être le point culminant du film est traité par une ellipse qui nous place devant le fait accompli.

Comme d'habitude avec les Coen, le casting est de haute volée. Le rôle de Ross a relancé la carrière de Josh Brolin, ici mutique, concentré sur sa survie alors qu'un geste particulièrement suicidaire l'a lancé dans une cavale dont l'issue est de plus en plus certaine. Tommy Lee Jones en shérif revenu de tout mais qui apporte une humanité dépassée est excellent aussi tout comme la brochette de seconds rôles, récurrents dans le cinéma des deux frères (Stephen Root) ou ne faisant qu'y passer (Woody Harrelson ou encore Kelly MacDonald, merveilleuse dans son ultime scène ). C'est toutefois, évidemment, Javier Bardem qui s'illustre dans le rôle d'Anton Chigurh, psychopathe doté de "principes" rigides, "Coyote" sinistre inarrêtable dans la poursuite de son but, quelles que soient les blessures qu'il se prend, figure de méchant inoubliable.

Un grand cru des Coen donc, alternant scènes particulièrement et séquences plus contemplatives débouchant sur une fin délibérément ambiguë et sans grandes réponses tranchées.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 20 Mars 2023, 17:34bouillonnant dans le chaudron "Films".