Émerveillé par King Kong découvert en avant-première, Jimmy Quinn ne s'attend pas à voir débarquer sa vedette, Fay Wray, le soir-même dans son speakeasy. L'actrice est victime d'une tentative d'extorsion et Jimmy est choisi pour jouer les intermédiaires entre elle et ses maîtres-chanteurs. La proposition est vite exceptée mais Jimmy découvre que l'affaire est plus compliquée que prévue.

Jimmy Quinn n'a pas le temps de souffler. Troisième tome et à peine un an s'est écoulé depuis que l'on a fait sa connaissance dans Jimmy The Stick. Entretemps, Roosevelt a été élu, la fin de la Prohibition est imminente et notre brave gangster commence à repérer quelles pattes graisser pour glisser harmonieusement dans la légalité tandis que ses vieilles connaissances Lansky (dont on évoque les soucis quant à la santé de son fils) et Luciano sont plutôt partants pour diversifier leurs activités. C'est dans ce contexte que Jimmy va faire connaissance avec le milieu du cinéma. Celui très officiel des représentants de la RKO et l'autre, plus crapoteux, des films signés d'un certain Oscar Apollinaire.

Son enquête pour découvrir qui se cache derrière la tentative d'extorsion, les photos osées d'une parodie de King Kong, sont encore une fois prétexte à revenir dans le passé de Jimmy, car décidément il recroise souvent des gens à qui il a eu affaire dans son enfance. Les bas-fonds new-yorkais des années 20 ne sont pas si peuplés qu'on peut le croire. Peu de cadavres dans ce tome, en tout cas. En fait, jusqu'aux derniers chapitres, il n'y en a aucun hormis celui d'une chèvre qui apparait de manière incongrue et le point de départ est un paravent pour une toute autre histoire. L'intrigue n'est pas prévisible mais Jimmy en est curieusement détaché bien que l'on essaie d'utiliser sa petite-amie Connie pour justifier qu'il s'implique dans les dernières pages. Connie dont j'appréciais la débrouillardise mais qui ici boude pour une raison que l'on découvrira tardivement. Un prétexte de bouderie qui a davantage sa place dans une sitcom ou une série pour adolescents que dans un roman mettant en scène un gangster à la morale élastique. Espérons qu'elle se rattrape dans le volume suivant.

Alors que l'opus précédent montrait un progrès par rapport au tout premier dans sa construction, Jimmy and Fay est étrangement mené, avec un héros qui va au-delà de ce qu'il lui était nécessaire d'accomplir sans que l'on cerne très bien pourquoi. L'histoire ménage quelques surprises mais elle se révèle plutôt décousue. Le personnage principal, les détails historiques mêlés aux aventures de ce dernier et le rythme continuent de faire de ces romans des lectures agréables mais que l'on espérerait davantage maîtrisées.