Parce que lui et sa sœur adorent la musique mais ne peuvent avoir leur propre instrument, la famille du souriceau Wolfgang Mausart a clandestinement élu domicile dans le piano du compositeur de la cour, le loup Antonio Salieri. Mausart est aux premières loges pour goûter les mélodies du maître des lieux tout en se disant qu'il est capable de faire mieux. Un jour, il ne résiste pas à la tentation de courir sur le clavier.

Mozart fait partie de ces personnalités historiques qui sont devenues, par leur œuvre mais aussi par un curieux concours de circonstances, des personnages de la culture populaire mis de ce fait à toutes les sauces, de plus ou moins bon goût. Le voici transformé en petite souris dans un univers d'animaux anthropomorphisés suite à une idée simple, encore fallait-il l'avoir, du dessinateur Gradimir Smudja: Mozart était autrichien, en allemand, tout le monde le sait grâce à Art Spiegelman, souris se dit maus, et nous voilà partis: Thierry Joor, éditeur chez Delcourt, s'est occupé d'adapter le concept à un scénario destiné à un jeune public.

L'histoire est donc la suivante: Mausart et sa famille squattent le piano du compositeur de la cour, le loup Salieri, qui bien que doué ne l'est pas autant que la petite souris. Quand celle-ci danse sur les touches de l'instrument, le couple royal qui passait sous les fenêtre de la demeure est charmé et ordonne à son musicien officiel de rejouer ce joli morceau pour l'anniversaire de la reine. Face à la perspective de perdre sa charge, Salieri va faire pression sur Mausart. Comme on le voit, il n'est pas question ici de raconter la vie du vrai Mozart sous les traits d'un rongeur et bien que l'on croise des personnages inspirés de gens qu'il a côtoyé (Leopold et Nannerl, Constance et bien sûr, Salieri), on est dans un conte avec une flûte enchantée qui doit autant au fameux opéra qu'à un certain Peyo.

L'intrigue elle-même n'enseignera pas grand chose aux enfants sur le vrai Mozart, d'autant que médium oblige, on n'y entendra pas sa musique. Néanmoins, cela peut toujours être une porte d'entrée pour s'intéresser à qui se cache derrière ce petit héros. Salieri tient encore une fois le rôle de l'antagoniste mais il n'est pas ici motivé par la jalousie, il agit poussé par la panique à l'idée de perdre son travail. Tout se résout dans la bienveillance. L'atout majeur de l'album, cependant, ce n'est pas le scénario bien tourné et léger mais les illustrations de Smudja. Elles sont splendides, croquant des personnages vivants, souvent drôles (le roi - et non l'empereur - est impayable) et adorables. On pourrait passer des heures à les regarder, repérer tous les petits détails dans les coins, le travail sur les costumes, très détaillés, les intérieurs (mention spéciale au piano aménagé... même si du coup on peut se demander comment il sonne!).

Mausart se tire donc plus que bien d'être une nouvelle exploitation d'un compositeur élevé à un rang mythique. L'album propose une histoire mignonne qui offre la possibilité au dessinateur de déployer son immense talent. Bonne nouvelle, il existe un deuxième tome.