Encore une fois, la famille Locke se croit à l'abri de tout danger, capable d'utiliser leurs clés magiques en toute détente, sans savoir que l'ennemi rôde, cette fois-ci sous les traits de Gideon, officier britannique de la Guerre d'Indépendance possédé par une entité maléfique.

Cette adaptation très libre et très branchée ado du comics de Joe Hill et Gabriel Rodriguez aurait pu s'arrêter à l'issue de la saison 2, alors que Dodge était enfin vaincu. Hélas, elle introduisait dans la foulée un nouveau grand vilain qui n'avait pas l'air bien affriolant: un très méchant officier anglais possédé par un très méchant démon (c'est intéressant, vraiment). La saison 3 ne fait pas mentir cette mauvais impression. Kevin Durand dans le rôle de Gideon grimace, hurle et ne fait preuve d'aucune subtilité, tandis que ses comparses ne valent pas mieux. Il y a peut-être une recherche de cohérence avec les personnages de Gabe et Eden qui eux aussi prenaient des mines de grands méchants mais le premier au moins parvenait un moment à tromper son entourage.

Il ne reste de toute manière plus grand chose de l’œuvre d'origine. Même la possession de Bode par Dodge ne soutient pas la comparaison: elle est amenée de manière particulièrement idiote et n'est qu'une péripétie là où c'était un point capital de la dernière partie du comics, sans parler du fait qu'évidemment, on édulcore à mort, Bode/Dodge ne tuant pas un de ses camarades de classe de six ans.

Là vous voyez, c'est marqué: indications de jeu: "vous êtes méchants. Faîtes grrrr!"

La mère Locke est toujours aussi insupportable, interprétée par un ersatz de Julianne Moore qui sourit béatement sans que l'on comprenne pourquoi, Bode est un des gamins les moins crédibles du monde vu à l'écran. Il rédige tout seul un discours de garçon d'honneur, il conduit un engin de chantier (pourquoi ne pas avoir inversé les rôles entre lui et son frère dans cette scène? Ça aurait eu plus de sens... Mais ça n'aurait pas assez mis Bode en valeur, je suppose), je ne reviendrai pas sur les méchants angloys et le reste est correct mais terriblement lisse, comme on peut l'être dans une série pour ados Netflix. Heureusement, les épisodes sont brefs, surtout dans la dernière moitié mais comme la saison précédente, on règle l'intrigue dans le premier quart d'heures pour se farcir 20 minutes de conclusion où tout le monde se tombe dans les bras et s'auto-congratule.

Alors certes, les décors et l'ambiance sonore restent soignés, si l'on n'a pas lu le comics et qu'on prend la série pour ce qu'elle est, ça peut faire passer le temps, mais sinon, c'est horriblement lénifiant et un pur gâchis, vu le potentiel de l'histoire et du concept des clés. Au moins ce coup-ci c'est terminé et bien terminé, ouf.