Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Les Nibelungen, première partie: Siegfried
Après avoir terminé son apprentissage de forgeron auprès de Mime, le prince Siegfried part pour Worms, forteresse burgonde. En chemin, il tue un dragon et devient presque invulnérable en se baignant dans son sang. Puis, il s'empare du trésor du Nibelung Alberich, qui maudit ses richesses avant de mourir. À Worms, pour obtenir la main de la princesse Kriemhild, Siegfried accepte d'aider son frère le roi Gunther à conquérir la farouche Brunehild.

Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas par la lecture que je suis venue à la légende de Siegfried et des Nibelungen, ni par la musique (je n'en suis pas à la moitié de la tétralogie de Wagner au moment où je tape ces lignes) mais par L'Anneau Sacré, téléfilm en deux parties d'Uli Edel produit par HBO (qui à l'époque ne cassait pas encore la tire-lire pour faire de beaux dragons) que j'avais maté principalement pour voir Robert Pattinson jouer autre chose que Cedric Digorry. C'est dire si cela remonte et qsi décidément, tout mène à tout. La référence de l'adaptation du mythe à l'écran reste en tout cas, tout juste un siècle après, le diptyque de Fritz Lang composé de Siegfried (ou La Mort de Siegfried) et La Vengeance de Kriemhild.

La version restaurée est haut-de-gamme mais certains intertitres semblent manquer en début de métrage ou n'auraient en tout cas pas été du luxe. On commence en effet avec Siegfried qui achève son apprentissage de forgeron chez Mime le Nibelung par la confection d'une superbe épée, sans que l'on sache rien du contexte. Les Nibelungen ne semblent guère apprécier Siegfried (ils sont très laids donc on doit en déduire qu'ils ne sont pas gentils et dignes de confiance) mais ce dernier maltraite et menace un Nibelung qui s'est juste moqué de lui, ce qui semble excessif. Pourquoi ces gens passent du temps ensemble, pourquoi Mime a-t-il daigné héberger et enseigner son art à quelqu'un qu'il n'aime pas, mystère. Heureusement, la suite sera plus fluide. Les moyens déployés sont considérables et les décors, notamment la forteresse de Worms, très dépouillée, sont impressionnants. Lang déploie sa science du cadrage, offrant des plans savamment composés et mémorables comme Siegried et ses vassaux sur le pont suspendu ou les salles du trône de Gunther et Brunehild.

Les antagonistes fourbes sont immédiatement identifiables à leur sale tête (Wagner n'était pas discret sur ses intentions quant aux Nibelungen, on peut laisser le bénéfice du doute à Lang, à sa scénariste alors épouse Thea Von Harbou, c'est toujours plus compliqué), que ce soit Alberich ou Hagen, mais les protagonistes, Siegfried en tête, n'apparaissent pas comme particulièrement sympathiques. Ce n'est pas forcément volontaire: le dragon devait être à l'époque une performance technique mais il a l'air étonnamment mignon et paisible, il s'abreuve tranquillement avant que Siegfried, qui aurait pu faire un détour, ne vienne le trucider. Un panneau indiquant que le bestiau terrorise la région n'aurait là encore pas été de refus. Kriemhild et Brunehild ne sont pas vraiment gâtées par l'intrigue. Au moins Kriemhild pense bien faire mais accorder sa confiance à un personnage qui a écrit traitre sur son casque ailé ne la fait pas passer pour une grande penseuse. Brunehild a bien le droit de s'estimer bafouée et de vouloir se venger mais faute d'avoir construit une relation avec Siegfried, son geste final peut laisser perplexe.

J'ai du mal à juger de l'interprétation dans les films muets car les codes de jeu sont différents de ceux auquel le cinéma parlant m'a habituée. On n'est en tout cas pas là sur des roulements d'yeux et des mimiques outrées que l'on a tendance à imaginer justement quand on n'a pas l'habitude. Tout le monde a du moins la tête de l'emploi, à commencer par Paul Richter en Siegfried (de nos jours un tel rôle impliquerait un passage à la salle) tout comme Hans Adalbert Schlettow dans celui du vilain Hagen qui a en juger par sa fiche Wikipedia n'avait toutefois pas besoin d'aller puiser très loin pour jouer les horribles.

Malgré un manque de contexte au départ déstabilisant mais qui n'empêche pas de suivre un récit il est vrai peu complexe, Siegfried est un premier volet visuellement impressionnant, dont on comprend pourquoi il a pu marquer et inspirer autant. Divisées en plusieurs chants, les quelques 2h30 de film passent sans encombres.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 6 Octobre 2024, 18:45bouillonnant dans le chaudron "Films".