Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Mains d'Orlac (1924)
Paul Orlac, pianiste virtuose, voit ses mains réduites en miettes lors d'un accident ferroviaire. Sa femme Yvonne supplie le brillant chirurgien Serral de sauver son gagne-pain et l'opération est une réussite. Bientôt, Orlac apprend qu'on n'a pas réparé ses mains mais qu'on lui a greffé celles d'un criminel exécuté peu de temps auparavant et commence à les soupçonner d'être dotées d'une vie propre et malfaisante.

Si le roman de Maurice Renard peut de nos jours paraître un brin désuet, il a néanmoins longtemps inspiré le cinéma et la télévision. La première adaptation suit d'ailleurs de peu sa publication, puisque dès 1924 Robert Wiene, le réalisateur du célèbre Cabinet du Dr. Caligari, s'y est attelé. Le scénario est plutôt fidèle à l'original, malgré quelques changements étranges: Stephen et Rosine sont ainsi rebaptisés Paul et Yvonne, et film muet oblige, ce n'était pas parce que c'était trop compliqué à prononcer pour les acteurs. D'autres sont intéressants, comme le rôle de la femme de chambre qui est ici beaucoup plus sympathique.

Par ailleurs, la scène d'ouverture restitue plutôt bien celle du roman, peut-être la plus réussie, lorsque Yvonne/Rosine se précipite sur les lieux de l'accident, de nuit, espérant retrouver son mari vivant. On n'atteint pas la même portée cauchemardesque mais ça n'en reste pas moins une réussite. De plus, les révélations finales du roman étaient franchement tirées par les cheveux, au point de se dire que si l'histoire avait totalement embrassé le genre fantastique, elle aurait paradoxalement été plus crédible. Pourtant, malgré la fidélité de l'adaptation, cela passe un peu mieux à l'écran, peut-être parce que l'on a coupé certaines apparitions fantomatiques et simplifié le stratagème de l'antagoniste.

Le principal écart, finalement, c'est que le roman était pour les deux-tiers entièrement du point de vue de l'épouse d'Orlac, et l'on suivait ses efforts pour maintenir le ménage à flot, tout en essayant de comprendre ce qui tourmente son mari. Ici, elle est cantonnée dans un rôle plus secondaire et l'on se concentre sur le pianiste et sa terreur à l'idée de ce que ses nouvelles mains peuvent le pousser à faire. On peut comprendre la volonté de changement, car le titre du livre vendait la mèche et son succès devait rendre vaines les tentatives de suspense mais c'est dommage.

Wiene rend en tout cas perceptible toute l'étrangeté de cette intrigue, bien que l'on puisse regretter qu'il n'y ait pas davantage de beaux décors expressionnistes car la demeure du père Orlac et certaines ruelles sont tellement frappantes que l'on en redemande. L'accompagnement musical à base de cordes grinçantes et de pizzicati participait également à poser l'ambiance mais je dois dire qu'à la longue il devenait fatigant. Pour ce qui est du jeu d'acteurs, l'interprétation de Conrad Veidt et Alexandre Sorina peut paraître outrée par moment mais elle correspond aux codes de l'époque (encore que ça m'a moins frappée dans les autres films muets que j'ai pu voir, mais ils n'appartenaient pas au mouvement expressionniste allemand).

Malgré un tempo un peu languissant à l'occasion, cette première adaptation retranscrit bien le roman de Renard, améliorant ici et là l'histoire même si l'on aurait pu espérer quelque chose de plus riche, visuellement.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 5 Mai 2020, 12:07bouillonnant dans le chaudron "Films".