La guerre fait rage entre les troupes de l'Union et les barbares du Nord dirigés par Dow le Sombre. Tout va finalement se jouer durant une féroce bataille de trois jours où vont se croiser un ancien maître d'armes déchu, une aristocrate ambitieuse, un prince menacé et intrigant, des vétérans, des recrues inexpérimentées et des officiers à la compétence toute relative.

Pour ce nouveau one-shot après l'excellent Servir Froid, on retrouve avec plaisir l'univers créé par Joe Abercrombie dans La Première Loi, ainsi que beaucoup de personnages, plus ou moins sympathiques (voir Bayaz participer à l'intrigue n'est jamais bon signe). Caul Shivers est toujours marqué par son séjour dans le sud, tout comme Gorst que l'on n'avait fait que croiser dans Servir Froid mais qui paie ici son manque de vigilance. On découvre également quelques nouveaux venus comme le caporal Tuny, personnification du sous-officier planqué et magouilleur, ou Finree, jeune femme ambitieuse ayant l'intention de faire grimper son mari dans la hiérarchie.

Comme d’habitude, si l'on croise des personnages parfaitement répugnants, le point fort de ce roman est la façon dont l'auteur arrive à nous balader avec eux: certains se révèlent plus fins que prévus. Ainsi, Finree, par son ambition, pourrait sous la plume d'un autre se résumer à être une méchante, or si elle finit par se plier aux raisonnements de Bayaz et à des compromissions on la voit à plusieurs reprises essayer d'apaiser les souffrances de certains et pas uniquement dans le but de donner une bonne image d'elle. Si l'on nous montre des personnages hauts en couleur capables d'exploits, la guerre n'est pas glorifiée et l'aspect addictif qu'elle peut avoir sur une partie des protagonistes illustrent généralement qu'ils n'ont pas grand chose d'autres pour exister.

Avec son intrigue resserrée sur une poignée de jours et une aire géographique limitée, Les Héros n'est pas aussi ludique que Servir Froid mais on retrouve des retournements de situation constant, de l'humour noir et on va de surprises en surprises, rien n'étant jamais totalement garanti. Encore une fois également, derrière un apparent cynisme on voit toujours pointer le désir de quelques survivants de faire le bien, au moins à leur mesure, ce qui ne rend pas la lecture totalement déprimante.