Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Gars du large
Amis d'enfance, Jim et Tyler ont chacun un bateau pour pêcher le saumon au large de l'Alaska. Désirant acheter un schooner pour se lancer dans la chasse aux phoques, Tyler s'allie à des voleurs de poissons pour financer son rêve. Pendant ce temps, la colère gronde contre ces hors-la-loi et Jim, resté dans le droit chemin, se trouve pris entre deux feux.

Dans la foulée d'Âmes à la mer, Henry Hathaway s'est lancé dans un deuxième film d'aventures maritimes pour le compte de la Paramount, encore une fois avec George Raft (qui obtient ici la tête d'affiche) en mauvais garçon au bon fond. L'intrigue ne se déroule pas en haute mer mais sur les côtes de l'Alaska, et il n'y a pas un grand enjeu humaniste: point de trafiquants d'esclaves à mettre en déroute, on y suit le rude quotidien de braves pêcheurs qui vont prendre les choses en main face à des marins peu scrupuleux qui piratent le produit de leurs efforts, avec une amitié virile qui va virer au duel fratricide ou peu s'en faut. Le film aborde son intrigue de manière presque documentaire au départ, avec des images de la faune de l'Alaska et l'importance du saumon dans l'écosystème mais également dans la vie des habitants. Le premier tiers adopte un ton bon enfant alors que Tyler rentre au port pour retrouver son ami Jim, Nicky la tenancière de l'hôtel avec qui il entretient une petite romance tandis que Di Turlon, amie d'enfance des deux hommes, revient de l'université après des années d'absence. Le mécontentement des habitants du coin vis-à-vis des pirates est amené très tôt mais reste en arrière-plan tandis que l'on s'amuse des facéties d'une otarie apprivoisée et que l'on découvre les us et coutumes pittoresques de tout ce beau monde.

L'ambiance se gâte ensuite brutalement quand les pêcheurs se lancent dans des représailles vis-à-vis des voleurs. Les premiers n'hésitent pas à lyncher les seconds qui certes pour criminels qu'ils sont n'étaient pas jusque-là présentés comme fondamentalement mauvais, à commencer par Tyler, dont on comprend la tentation de se lancer dans des magouilles. Néanmoins, on nous offre une bataille où personne ne retient ses coups et où, même sans plans sanglants, on nous fait comprendre qu'on ne fait pas dans la demi-mesure: attaque à la hachette, à la chaîne, au harpon, corps coincé entre deux bateaux... Difficile après cela de jouer la carte de l'apaisement tandis que Jim, qui cherchait à avertir Tyler, finit par le blesser, et s'attire l'inimitié du chef des pirates, Red. Le ton vire à la tragédie et les quelques apparitions de l'otarie ne suffise pas à remonter le moral.

Hormis l'affrontement évoqué plus haut, le film ne repose pas sur des scènes d'action épiques. Néanmoins, Hathaway s'y entend pour faire vivre ce petit village de pêcheurs en plein développement et il y a un certain cachet naturaliste dans les scènes de pêches qui attire l'attention. Le changement d'atmosphère en milieu de métrage arrive naturellement et le scénario évite de rendre l'affrontement trop manichéen: les mesures prisent par les villageois peuvent ainsi paraître excessives même si on n'explore pas vraiment le thème du lynchage comme le fera plus tard L'Étrange incident, Tyler est nuancé tandis que Red devient de plus en plus inquiétant. Les personnages féminins, au nombre de deux, peuvent paraître un peu basiques au premier abord: la fille bien élevée pour le gentil, celle au passé tempétueux pour le mauvais garçon mais elles ne manquent pas de caractère.

Le casting est d'ailleurs de bonne tenue: on y croise un jeune Henry Fonda en brave et honnête pêcheur tandis que, comme souvent, George Raft va tomber du mauvais côté de la loi. Il est toujours un peu bizarre quand il doit prendre un air joyeux mais fort correct par ailleurs et sa scène finale démontre que motivé et bien dirigé, il était tout à fait capable d'exprimer des sentiments et bien moins monolithique que la réputation qu'on lui a faite (et qu'il a peut-être mérité par la suite). Dorothy Lamour en tenancière d'hôtel et Louise Platt en reine des glaces qui se dégèle vite forment un bon duo faisant contrepoids à leurs partenaires masculins tandis qu'Akim Tamiroff est très bien en chef des bandits et le légendaire John Barrymore amène un peu d'humour en journaliste volubile flanqué d'un comparse à l'esprit de synthèse admirable.

Contrairement à Âmes à la mer, Les Gars du large ne souffre pas de coupes franches au montage et l'angle plus resserré sur une petite communauté cherchant à survivre et se développer sans grand héros doté de tous les talents joue aussi à son avantage et en fait un mélodrame maritime tout à fait recommandable.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 4 Décembre 2022, 16:24bouillonnant dans le chaudron "Films".