Ophélie a deux talents bien particuliers: en touchant un objet, elle peut accéder aux souvenirs de son possesseur, et elle est également capable de se transporter d'un lieu à un autre en passant à travers des miroirs. Mais affligée d'une extrême maladresse et peu intéressée par le grand monde, elle préfère passer la majeure partie de son temps à s'occuper de son musée. Jusqu'au jour où on la fiance avec Thorn, qui l'emmène chez lui au Pôle. Accompagnée d'une tante qui lui sert de chaperon, Ophélie va avoir bien du mal à se faire à son futur époux glacial et au panier de crabe de la cour. Et surtout, à découvrir pourquoi on la choisit elle pour cette alliance hors du commun.

La découverte d'Harry Potter et À la Croisée des Mondes à la fin des années 90 a peut-être contribué à me rendre blasée, toujours est-il qu'en matière de fantasy pour la jeunesse, j'ai été régulièrement frustrée par mes lectures successives, les trouvant dans le meilleur des cas sympathiques comme dans le cas de L'épouvanteur, mais sans m'enthousiasmer plus que ça et me sentir investie par le sort des personnages.

Il est un peu tôt pour dire si La Passe-Miroir va inverser la vapeur, car ce premier tome comporte quelques défauts, mais cela faisait un moment que je n'avais pas été convaincue par une de mes lectures sur ce créneau. Le récit met un peu de temps à décoller. Certes, il faut bien poser l'univers, mais les premiers chapitres, environ jusqu'à l'arrivée à Citacielle, manquent de dynamisme et si l'héroïne n'est pas désagréable, son côté godiche mais moins superficielle que son entourage est des plus classiques.

Une fois dans la famille de son fiancé, en revanche, l'histoire se fait plus prenant, avec une Ophélie sous tension et qui risque gros au moindre faux pas, alors qu'on ne l'a pas mise au courant de certaines règles pourtant fondamentales. Thorn et sa tante son ambigus à souhait bien que le premier, comme Ophélie, semble assez classique dans le genre du personnage misanthrope mais qui a de bonnes raisons pour l'être et peut cacher des sentiments plus profonds que son extérieur sinistre le laisse paraître. Comme je suis cliente de ce type de personnages, je ne vais néanmoins pas m'en plaindre.

La Citacielle est un véritable nid de serpents dont on n'a pas encore fait le tour, et les mésaventures de la pauvre Ophélie se succèdent alors sans temps morts. L'univers mis en place, avec ses esprits de famille notamment, est intrigant.

Reste qu'à la fin du premier tome, on a l'impression de n'avoir lu qu'une mise en bouche. Suffisamment alléchante pour goûter à ce que l'on espère être un plat de résistance consistant mais qui donne l'impression que Christelle Dabos s'est un peu trop retenue, dans les informations données au lecteur (comme l'héroïne, on met un moment à comprendre en gros de quoi il va être question) mas aussi dans les possibilités qu'offrent les pouvoirs des personnages.