Quelle n'est pas la surprise du vieux Geppetto, quand il taille dans une buche une marionnette qu'il appelle Pinocchio, de la voir prendre vie. Le garçon de bois est turbulent et ne cesse de s'attirer des ennuis malgré l'aide d'un Grillon-qui-parle et de la Fée bleue. Arrivera-t-il à apprendre de ses erreurs pour devenir un gentil et réel petit garçon?

Quelques mois après le remake live du dessin animé Disney signé Robert Zemeckis, sorti dans l'indifférence quasi-générale sur la plateforme des studios (si ça pouvait servir de leçon) et l'adaptation en stop-motion de Guillermo Del Toro qui vient de débouler sur Netflix et qui m'intrigue, je me suis dit qu'il était temps que je lise le roman de Carlo Collodi. Je n'ai pas un attachement particulier au personnage, juste un vague souvenir du dessin animé et d'avoir vu la version de Luigi Comencini quand j'étais toute petite mais c'est un peu comme Peter Pan, Alice ou le Magicien d'Oz: des personnages qui font partie de la culture populaire, qu'on connait dans les grandes lignes mais dont on n'a pas forcément lu les aventures originales qui peuvent du coup nous surprendre.

On y trouve évidemment tous les éléments emblématiques: le vieux Gepetto, la Fée bleue, un grillon qui essaie de raisonner le héros, un pays trop merveilleux pour les enfants paresseux, le nez qui s'allonge quand Pinoccho ment... mais pas forcément dans l'ordre attendu. J'avais par exemple toujours cru que la Fée bleue donnait vie à Pinocchio mais elle n'arrive qu'à mi-course et rien n'explique pourquoi le bout de bois dans laquelle la marionnette est taillée a une existence propre. Néanmoins, il y a d'autres marionnettes vivantes dans l'histoire, des animaux doués de paroles et de la magie donc il n'est pas étonnant que dans un tel univers on ne s'en émeuve pas plus que cela. Les premiers chapitres laissent entrevoir un Pinocchio insupportable au point que Gepetto se dit qu'il aurait dû s'abstenir de le créer et on le comprend, un Pinocchio qui tue le grillon avec un marteau (c'était un accident, l'insecte va mieux ensuite mais pas de remords...). Cependant le personnage montre finalement vite qu'il n'a pas si mauvais fond et peut être courageux, il est juste naïf, paresseux et influençable. Ses mésaventures parfois violentes mais souvent teintées d'humour vont lui permettre d'être moins de tout cela avant d'obtenir sa récompense et la brièveté des chapitres, les nombreux rebondissements permettent de bien s'amuser même si la morale est extrêmement appuyée, on sent que le but était de faire la leçon aux enfants tout en les distrayant.

Il n'est en tout cas pas donné à tout le monde de créer un personnage connu de tous, quitte à ce que les nombreuses adaptations brouillent un peu l’œuvre d'origine et le récit vif de Carlo Collodi emporte toujours plus d'un siècle après sa création.