Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Royaume désuni
Le 8 mai 1945, Mary Clarke, onze ans, fête avec ses parents l'Armistice dans la petite ville de Bournville, localité vivant autour de la fabrique de chocolat Cadbury. Elle y rencontre à cette occasion Geoffrey Lamb, le fils d'un collègue de son père. Elle ignore alors qu'ils seront fiancés quelques années plus tard alors que l'Angleterre célèbre le couronnement d'Elizabeth II et quels événements ponctueront dans les décennies suivantes la vie de sa famille, du mariage de Charles et Diana au confinement de 2020.

Dans Le Cœur de l'Angleterre, Jonathan Coe retrouvait la famille Trotter et leurs amis pour retracer dix ans de l'Histoire récente du pays, une décennie qui allait conduire au Brexit. Rebelote ici mais sur une bien plus grande amplitude temporelle. Cette fois, Coe s'intéresse à des cousins des Trotter (et des Foley qui apparaissent dans Expo 58. Inutile toutefois d'avoir lu les précédents romans pour apprécier celui-ci), les Lamb, également originaire de la région de Birmingham, de Bournville, qui s'est essentiellement bâtie autour d'une chocolaterie, Cadbury. Marque emblématique outre-manche qui n'évoque pas grand chose chez nous, le roman expliquera pourquoi.

Le roman est divisé en plusieurs parties, autant de tableaux tournant autour d'un événement marquant de l'Angleterre contemporaine: l'Armistice de 1945, le Couronnement d'Elizabeth II, l'Investiture de Charles comme Prince de Galles, son mariage avec Diana, la mort de celle-ci et enfin la commémoration des 75 ans de l'Armistice dans un pays pas encore tout à fait déconfiné. On suit les membres de cette famille grandir, les rencontres, les séparations et les retrouvailles, l'évolution des mentalités sur certains points et le conservatisme obstiné sur d'autres, les relations avec le Pays de Galles, l'Union européenne, l'émergence d'un journaliste excentrique et provoquant dont personne n'imagine au départ les ambitions politiques... L'auteur ne cache pas les zones d'ombre des personnages même sympathiques comme Mary, clé de voute de la famille, les faiblesses des uns et des autres à commencer par Geoffrey, incapable d'exprimer ses sentiments et figé dans ses préjugés, mais aucun n'est vraiment détestable non plus (quoique Paul Trotter fait une apparition, fidèle à lui-même). L'humour est toujours présent mais le roman s'avère poignant par moment, en particulier sur la fin avec un décès dans des conditions compliquées par les règles strictes et en même temps confuses liées au COVID.

Le Royaume désuni marque donc le retour de Jonathan Coe là où il brille particulièrement, dans un regard sans nostalgie sur le passé de son pays qui n'occulte pas l'incertitude du futur, sans jamais tomber dans la sinistrose totale grâce à une écriture vive qui ne manque pas d'esprit et des personnages "typés" pour représenter chacun un aspect de sa nation mais qui sonnent toujours juste.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 18 Mars 2024, 11:36bouillonnant dans le chaudron "Littérature".