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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Convoi des Braves
Travis et Sandy, deux vendeurs de chevaux, acceptent de guider jusqu'à la vallée de San Juan un convoi de Mormons. En chemin, le groupe croise la route d'un chariot de saltimbanques, des Navajos, et les Clegg, un clan de hors-la-loi.

Curieux film que ce Convoi des Braves qui pourtant a tout du western le plus classique qui soit: des pionniers, des hors-la-loi, des gentils cow-boys, des obstacles naturels et humains à surmonter, une fusillade finale... Pourtant, sorti en 1950, c'est un projet en apparence modeste que John Ford a tourné là: s'il y retrouve des acteurs avec qui il a déjà travaillé et avec qui il retravaillera à de nombreuses reprises tels que Ward Bond, Ben Johnson et Harry Carey Jr, il leur donne le haut de l'affiche quand ils étaient en général cantonné à des seconds rôles. Car de vedettes, point, seulement des visages familiers pour les habitués du genre. Le film ne fait qu'1h20, la durée de la série B et est tourné en noir et blanc alors que le technicolor se démocratisait, surtout pour mettre en valeur Monument Valley (évidemment que c'est tourné là-bas).

Un Ford mineur donc? On pourrait le penser et pourtant, c'est tellement du Ford pur jus qu'on pourrait presque y voir une synthèse des thèmes qu'il aimait à explorer et de certains de ses précédents films: la formation d'une communauté à travers cette caravane de Mormons à laquelle va se joindre des braves garçons un peu insolents mais au grand cœur et des réprouvés comme un charlatan et ses compagnes de voyage. On peut voir dans les Clegg une relecture des Clanton de La Poursuite infernale jusque dans la fin du patriarche, assez similaire à celle du vieux Clanton. On peut également voir dans ce voyage une variation sur le même air que La Chevauchée fantastique sur un tempo plus apaisé: ainsi, alors que dans le film fondateur qui a fait de John Wayne une star la menace apache planait sur tout le métrage pour enfin exploser dans une scène de poursuite d'anthologie, la rencontre avec les Navajos débouche ici sur une entente et quand on frôle le dérapage à cause d'un membre de la famille Clegg, le drame est évité.

Les similitudes sont aussi dans les relations entre les personnages mais là encore l'ambiance est davantage bon enfant: un des chefs mormons les plus intransigeants rechigne à aider le docteur et ses compagnes au-delà du nécessaire mais le reste de la compagnie les intègre sans trop d'effort. La Denver de Joanne Dru peut faire écho à la Dallas de Claire Trevor, tout comme le charlatan joué par Alan Mowbray rappelle le docteur alcoolique déchu campé par Thomas Mitchell et va être amené à prouver sa valeur, d'une autre manière toutefois. Seuls les Clegg sont unilatéralement menaçants et irrattrapables, nécessaires pour apporter une tension qui sans eux serait fort chiche (la caravane de pionniers ne souffre pas non plus beaucoup des éléments, pourrait-on d'ailleurs reprocher).

Pour être des seconds couteaux plutôt que des stars, les acteurs n'en sont pas moins bons. Ben Johnson et Harry Carey Jr forment un duo d'amis sympathiques, Joanne Dru, déjà habituée à jouer les voyageuses en chariot avec La Rivière rouge est tout aussi bien, Alan Mowbray est à la fois cabotin comme son personnage le demande et touchant, on croise quelques tronches comme Jane Darwell, déjà femme à poigne dans L'Étrange Incident de William Wellman et surtout connue comme la dame aux pigeons de Mary Poppins. À noter aussi la présence dans le rôle d'un des Navajos de l'athlète Jim Thorpe, qui a eu une vie et une carrière intéressante.

Le Convoi des Braves n'est pas aussi puissant ou aussi riche que d'autres films de son réalisateur mais il serait dommage de passer à côté pour autant car ce périple au travers du site mythique de Monument Valley est attachant de par son caractère modeste et presque intimiste malgré les paysages grandioses traversés.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 2 Janvier 2023, 18:21bouillonnant dans le chaudron "Films".