Benjamin découvre avec stupeur et après tout le reste de son entourage que Mara, C'Est Un Ange et Mosma sont derrière l'enlèvement de George Lapietà et que ce dernier, avec son fils Tuc, ont depuis été enlevés par une bande bien plus malintentionnée, obéissant aux ordres du terrible et mystérieux Pépère.

Presque vingt ans après le dernier roman mettant en scène les aventures de la famille Malaussène, Daniel Pennac avait retrouvé ses personnages pour ce qui s'annonçait alors comme le premier tome d'une trilogie, finalement ramené à un diptyque dont le dernier volet arrive enfin, avec un titre qui sonne comme une note d'intention: Terminus Malaussène. L'issue du premier volume avait laissé les héros dans une situation inextricable comme seuls ils savent s'y fourrer et pendant les premières pages de la suite, alors qu'on remet un peu tout le monde en place, on peut se demander si Pennac n'a pas lancé trop de fils pour pouvoir tous les nouer d'ici la fin. Or non seulement il le fait mais on reverra même les premiers romans de la série d'un nouvel œil. Il ne s'agit décidément pas ici d'offrir une nouvelle histoire en bonus alors qu'on ne s'y attendait plus mais de porter une conclusion et un dernier regard d'ensemble à tout ce qui a précédé.

On replonge donc avec plaisir dans cette intrigue alors que le pauvre Benjamin découvre que la nouvelle génération vaut bien l'ancienne. Alors que Verdun, Titus et compagnie tentent de sauver ce qui peut l'être, on découvre également le contenu du brûlot écrit par Alceste dans le tome précédent. Qui prend à contrepied dans un premier temps avant que l'on comprenne toute l'importance de cette intrigue jusqu'ici secondaire. On aurait dû s'y attendre, les éléments les plus disparates finissaient toujours par se lier dans les précédents livres mais la surprise de voir le puzzle peu à peu prendre forme fonctionne toujours. Un peu plus prévisible, une fois n'est pas coutume, était l'identité de Pépère, grand méchant que l'on découvre ici, dresseur de malfrats de tous horizons, personnage tellement pittoresque qu'il nous ferait presque oublier par moment à quel point ce qu'il fait est horrible, heureusement l'auteur nous l'expose régulièrement. Quant à griller qui il est vraiment trop en amont, ce n'est pas si grave puisque ce n'est pas une révélation de dernière minute et que l'important est surtout de savoir comment cela révélé à Benjamin et cie et alors, quoi?

Et c'est là que le roman risque de frustrer le plus, un risque qui repose pourtant sur un procédé qui n'est pas particulièrement innovant. Pennac ne va tout de même pas oser nous laisser comme ça? Si! Non! Peut-être... Une fin qui sent la fin et quoiqu'on pense de celle-ci, Terminus Malaussène ne démérite pas dans sa tâche. De quoi donner envie, à peine refermé, de relire Au Bonheur des Ogres et d'enchaîner sur ses suites.