Alors que le roi Alroy est encore mineur et de santé fragile, le royaume de Gwynedd est aux mains des régents. Ces derniers traquent les Derynis sans merci. Les enfants de Camber font de leur mieux pour protéger leur peuple mais malgré l'aide de Javan, jumeau d'Alroy, éviter que les massacres ne se poursuivent n'est pas une mince affaire.

Le Calvaire de Gwynedd ouvre la quatrième et dernière trilogie que Katherine Kurtz a consacré aux Derynis mais elle se situe, dans la chronologie de l'histoire, en deuxième position après La Trilogie des Rois. Cette dernière m'avait laissé un sentiment mitigé à cause de personnages que je trouvais fades, de leur stratégie pour mettre fin aux troubles de Gwynedd qui donnait lieu à d'autres problèmes sans que cela les ne empêche de toujours se trouver très intelligents et se mêler de tout. Pour leur défense sur ce dernier point, ils y sont obligés pour se sauver eux-même et leurs semblables et quelque part on sent une certaine ironie dans la spirale d'événements qui se déclenchent à chaque intervention où toute solution crée un nouveau problème mais le récit et les protagonistes sont bien trop sérieux pour qu'on ait l'impression que cette ironie soit purement volontaire.

On reprend donc les choses où on les avait laissé: Gwynedd est dirigé par des régents qui persécutent les Derynis, Camber est mort mais ses fidèles font de leur mieux pour limiter les dégâts. Le prince Javan est dans une position délicate, héritier de son frère mais que l'on préférerait voir entrer dans les ordres, allié des Derynis dont il partage les pouvoirs mais qui ne peut faire démonstration d'autorité sans se mettre en danger. Sa précocité a cependant tendance à le rendre agaçant. Le début plein de tension m'a laissée espérer que la suite serait moins plate que la Trilogie des Rois mais hélas, ladite tension ne se maintient pas. Le cycle continue d'avoir tout de même un petit charme particulier peut-être dû à ce cadre de Pays de Galles revisité ou l'importance accordée à la religion et aux ordres monastiques: si cela entraîne parfois ce que je trouve être de pesantes bondieuseries cet aspect rend également la série un poil plus atypique que l'intrigue de base ne le laisse supposer.

Peut-être, comme pour la précédente trilogie, peut-on mettre certains défauts sur le statut de préquelle du Calvaire de Gwynedd et vaut-il mieux tout lire dans l'ordre d'écriture. Peut-être est-ce simplement dû au style de Kurtz. Ce volume en tout cas, s'il ne rassure pas après une Trilogie des Rois en demi-teinte, plonge-t-il ses personnages dans une époque suffisamment troublée pour que l'on puisse encore espérer des péripéties intéressantes à défaut de personnages charismatiques.