Dun Cadal, ancien général d'un empire disparu, noie son chagrin dans l'alcool quand il est approché par une étudiante à la recherche d'une épée légendaire dont il connaîtrait l'emplacement. Cette rencontre ravive des souvenirs douloureux.

Le premier roman d'Antoine Rouaud a eu droit à une sortie en fanfare puisqu'une fois n'est pas coutume il a bénéficié d'une traduction en langue anglaise dans la foulée. Il faut dire qu'il y a pas mal d'éléments séduisants là-dedans, même si le livre n'est pas dépourvu de défauts.

Le principal, c'est le style, plus particulièrement le style des dialogues, quelque chose qui me gêne souvent dans les romans de fantasy français, à quelques exceptions près (Jean-Philippe Jaworsky, par exemple, y échappe): je trouve souvent que les personnages parlent de façon très pompeuse, alors que dans les romans anglophones, et ce malgré certaines traductions, quand il n'y a pas de réels partis pris pour faire archaïque, les dialogues me semblent plus naturels. Dans La Voie de la Colère, on atteint le point Legolas assez rapidement.

Heureusement, malgré cet aspect assez agaçant, la construction de l'histoire, en flashback, fonctionne de façon très fluide malgré un rebondissement en fin de premier partie assez prévisible (à moitié, en ce qui me concernait). Je n'avais pas de mal à voir les scènes s'enchaîner comme dans un film à certains moments. De plus l'univers, bien qu'encore sommairement dépeint, ne manque pas d'intérêt, avec cet empire ayant laissé place à une république, ce qui place Dun Cadal dans une position ambiguë: si on plaint le pauvre gars, on a plus de sympathie pour les gens qu'il combat que pour le régime qu'il défend... Bien que l'auteur ébauche un ennemi commun.

À l'issue de ce premier tome, et alors que des personnages a priori importants ont déjà tiré leur révérence, il est difficile de ne pas se demander ce que Rouaud nous réserve pour la suite, car on a finalement seulement aperçu le véritable enjeu.