Malva, fille du Coronador de Galnicie, préfère fuir avec sa suivante Filomène qu'être contrainte à un mariage arrangé. Orfeus, descendant d'une lignée de marins, s'engage dans un équipage parti à sa recherche. Les deux jeunes gens et quelques compagnons de route vont s'embarquer dans une aventure qui les conduira au-delà des frontières du monde connu.

Avec une carte présentant un continent occidental baptisé "Arémique", on ne peut pas dire que ce roman de fantasy jeunesse partait sous les meilleurs auspices. S'il a d'autres défauts, il ne faudrait cependant pas être rebuté par un nom aussi peu imaginatif et le remettre aussitôt en rayon.

Puisqu'on parle des défauts, le personnage de Malva se révèle des plus agaçants pendant la majeure partie de l'histoire. Bien sûr, on comprend son envie de liberté et sa fuite est aussi due à une manœuvre extérieure, mais les conséquences de ses aventures sont telles qu'on lui en veut de n'avoir pas plus de sens des responsabilités et d'abnégation. Elle considère sa suivante "comme sa sœur" histoire de nous montrer qu'elle est sympathique, mais considérer quelqu'un comme sa sœur signifie apparemment l'entraîner dans les pires dangers sans lui demander son avis et partir du principe que si elle ne discute pas, c'est parce qu'elle est d'accord et que la différence sociale n'a rien à voir là-dedans. Chaque fois qu'elle est susceptible d'être confrontée à sa conduite, on botte en touche. Orfeus commence à lui dire ses quatre vérités? Il n'est pas dans son état normal et c'est son comportement à lui qui est inquiétant. Elle avoue enfin qu'elle a été gâtée et égoïste? Son amoureux la rassure immédiatement, pas du tout, elle est exceptionnelle. Bien sûr, elle finit plus sage qu'elle a commencé, mais la transition parait ne découler que d'un seul événement conduisant à une réalisation et pas l'aboutissement d'une suite d'épreuves. Le méchant est également très basique, roman pour la jeunesse ou pas, et son aspect quasi-increvable rend ses apparitions prévisibles. Quant à l'histoire d'amour, elle est tout de même dépeinte de façon assez mièvre.

Cela étant dit, le roman dégage aussi un bon parfum d'aventure, et le passage dans l'Archipel est plutôt réussi, et n'est pas sans évoquer L'Odyssée. Ou en tout cas L'Odyssée du Passeur d'Aurore, ce qui n'est déjà pas si mal. La nouvelle édition propose, en plus du récit de base, une fin alternative (que j'ai trouvé moins bonne que l'originale, qui avait le mérite d'être un peu inattendue).

Si l'on n'est pas trop dérangé par le caractère très simpliste des principaux personnages et la personnalité de l'héroïne, on a tout de même là un roman rondement mené et sans longueurs.