Azel, fils d'un propriétaire terrien et d'une servante autochtone, exerce la profession de chasseur de primes au Nouveau-Coronado. Alors qu'une guerre civile menace, il accepte de conduire vers de nouvelles contrées un groupe d'indigènes mais il se retrouve bien malgré lui rattrapé par le conflit.

Il y a deux ans, L'Empire du Léopard d'Emmanuel Chastellière avait entrainé le lecteur dans la Péninsule de Lune d'Or, où des conquérants venus d'un autre continent affrontait le fameux empire du titre. La Piste des Cendres se déroule deux bonnes décennies plus tard et si l'on y retrouve des personnages communs, le livre peut se lire sans difficulté si l'on ne connait pas déjà le précédent roman (mais ça ne devrait pas être un prétexte pour faire l'impasse!).

Fort de 600 pages, La Piste des Cendres propose une histoire bien touffue: il y a de l'aventure avec cette tentative de trouver une terre promise, une menace de guerre civile qui se concrétise rapidement, des intrigues de cour, de l'alchimie, un justicier masqué qui surgit hors de la nuit... Loin de partir dans tous les sens pourtant, le récit est fluide, et met savamment ses éléments en place qui finissent tous par s'emboîter. Les rebondissements sont nombreux et chaque fin de partie permet de rebattre légèrement les cartes, conduisant implacablement les personnages à leur destination, à commencer par Azel. Ce dernier est le type de protagoniste appartenant théoriquement à deux mondes mais rejeté par chacun d'entre eux, qui se cherche une voie, balloté par des enjeux qui le dépassent longtemps, sans être passif pour autant. Les personnages secondaires sont tout aussi marquants, comme Jophiel dont l'excentricité cache un danger réel, Zuhaitza la jeune femme qui cache bien des secrets, ou l'ambitieux Artemis Cortellan avait qui l'on avait pu faire connaissance dans L'Empire du Léopard.

La Piste des Cendres est un beau roman où l'aventure est tout le temps présente, avec quelques accents westerniens, qui ne se départit cependant pas d'un ton dur, et ce dès le prologue qui annonce la couleur. On y aborde des sujets difficiles comme le colonialisme sans apporter une résolution trop simpliste. Cette nouvelle incursion au Nouveau-Coronado ne démérite pas en tout cas par rapport à la première et pourrait peut-être même être l’œuvre la plus aboutie de son auteur.