Réduit en esclavage et envoyé dans les mines, Syffe voit une fin à son calvaire après quelques années, lorsqu'une épidémie de peste éclate. Traversant des montagnes glaciales, il n'a qu'une idée en tête, retrouver Brindille, son amour d'enfance.

Voilà quelques temps déjà que je ne trouve plus mon compte dans les sorties fantasy récentes, à moins qu'elles soient signées d'auteurs que je connais déjà et qui sont devenus des valeurs sûres, à quelques exceptions près naturellement, dont Un long voyage de Claire Duvivier, par exemple. Est-ce moi qui ait changé, est-ce le genre qui évolue comme il se doit tandis que mes goûts sont restés les mêmes, je l'ignore mais les vrais coups de cœur se font rares ou même sans aller jusque-là, la satisfaction de me lancer dans une aventure accrocheuse. Aussi, L'Enfant de Poussière, premier tome du Cycle de Syffe, avait fait figure de bonne surprise lorsque je l'avais lu en mai dernier et j'étais curieuse de lire la suite, malgré des avis déçus de personnes ayant comme moi apprécié le livre inaugural.

Je me dois hélas de me ranger à leurs côtés. Une critique fréquente envers les gros cycles de fantasy consiste à en reprocher les longueurs inutiles, la succession de pavés destinée à montrer qu'on a mis en place un monde riche tandis que l'intrigue piétine. Ce n'est pas toujours infondé mais disons que dans le cas d'une J.V Jones avec L'épée des Ombres, il y a tellement de personnages éparpillés que le temps de faire un tour d'horizon pour voir où on les avait laissé, on a déjà de quoi noircir des centaines de pages avant même d'avancer concrètement. Ici, où l'on suit uniquement les pas de Syffe, cela s'excuse moins, et la première partie, presque exclusivement consacrée à suivre son périple solitaire dans la montagne, est un cap difficile à franchir. Comme si Dewdney s'était mis en tête d'écrire un survival tout à coup. On retrouve les rails de l'histoire avec Brindille en ligne de mire (en se doutant bien que ça ne tournera pas comme le désire Syffe) mais sans trop pouvoir juger si les péripéties étaient utiles dans le grand schéma général ou simplement du remplissage. Quant au style, j'avais écris dans mon avis sur le premier tome qu'il était travaillé dans être chichiteux. Il n'a pas changé (avec toujours cette tendance à faire feuler les personnages) mais voilà, quand on est emporté dans un récit, une écriture recherchée va paraître belle, quand on ne l'est pas et qu'on commence à avoir la nette impression que l'auteur se regarde écrire, c'est bien le mot chichiteux qui vient à l'esprit et prend le devant de la scène.

Après avoir espéré tenir à nouveau un gros cycle de fantasy comme au bon vieux temps, le désappointement est considérable. Les échos sur le troisième volume sont un peu plus positifs, espérons donc que cet opus ne soit qu'un passage à vide et pas l'orientation définitive de la série.