Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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L'Origine du Mal
Stéphane, modeste employée dans une conserverie, contacte son riche père qu'elle n'a jamais connu qui l'invite à passer une journée dans sa villa de Porquerolles. Elle fait la connaissance du reste de sa famille qui voit son arrivée d'un mauvais œil.

Troisième film de Sébastien Marnier, projeté lors du dernier festival de Venise, L'Origine du Mal a pas mal d'atouts dans sa manche. Une histoire d'ouvrière débarquant dans un milieu qui n'est pas le sien, peu accueillant à l'exception de son père et qui va mettre à jour un vrai panier de crabes plein de rancœurs. L'atmosphère déjà inconfortable de la demeure pourtant paradisiaque va devenir de plus en plus étouffante alors que les secrets sont déterrés et pas des moindres. On s'identifie d'emblée à Stéphane quand elle est confrontée à Louise, l'épouse de son père qui collectionne tout et n'importe quoi moins par passion que par désir d'agacer son mari, George, sa demi-sœur qui a repris les rênes de l'entreprise familiale après l'AVC de son père ou Agnès, la domestique très proche de Louise. Quant à Jeanne, la fille de George, elle n'est pas tant hostile que plus occupée à prendre des photos et consulter son portable que communiquer avec la nouvelle venue.

Le clash des milieux sociaux fonctionne alors que Stéphane tente de s'inventer une carrière plus prestigieuse qu'elle n'est et peu à peu, les révélations arrivent et les impressions se transforment. Serge, le père d'abord bienveillant malgré de nombreuses aventures de jeunesse, affaibli par un AVC, devient de plus en plus trouble, d'une petite réplique en apparence anodine mais révélatrice de son caractère en scènes plus glauques tandis que l'on comprend mieux l'attitude de son entourage. Certaines séquences du quotidien de Stéphane comme ses visites à sa copine en prison semblent au début inutiles ou répétitives, seulement pour illustrer la vie plus précaire et terne de la jeune femme comparée à ses riches parents mais se justifient alors que l'intrigue avance. Quant à Stéphane d'ailleurs, elle se pare d’ambiguïté car son désir de rencontrer son père n'est pas forcément désintéressé. Ambiguïté qui sera levée dans la dernière partie du film.

Sébastien Marnier s'y entend pour poser un décor faussement rassurant et extrêmement surchargé et son scénario ménage quelques surprises réussies, avant d'accumuler les rebondissements au risque de lasser. De plus, le ton navigue entre thriller, comédie noire et drame social sans que le tout se marie toujours bien et l'on ne sait plus si l'on doit s'émouvoir de la détresse de certains personnages ou tout prendre comme une farce grotesque, à des lieues de la scène d'ouverture à l'ambiance pesante. Aucun personnage n'en rachète l'autre mais certains semblent appartenir à des films, et pas seulement un monde, tellement différents, comme Louise et la détenue, qu'ils ont finalement du mal à cohabiter au sein du même long-métrage.

Le casting est pour sa part excellent, notamment Laure Calamy dans le rôle de Stéphane, par les yeux de qui on découvre cette famille délirante et infernale mais qui ajoute de l'ambivalence à l'ingénuité des débuts. Dominique Blanc s'en donne à cœur joie en grande dame fofolle qui n'a pas son pareil pour envoyer des scuds et dans cette distribution très féminine, Jacques Weber campe un être de plus en plus monstrueux, un ogre qui se cache derrière une façade de fausse placidité paternelle.

L'Origine du Mal se montre habile à distiller un portrait vénéneux d'une famille de grands-bourgeois à problèmes et sait ménager des instants de suspense et un renversement de situation efficace à mi-parcours mais à trop vouloir brasser de genres sans vraiment trancher, il laisse un sentiment d'inaboutissement frustrant malgré ses nombreuses qualités.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 8 Octobre 2022, 22:00bouillonnant dans le chaudron "Films".