Quatre étudiants participent à une étude sur les rêves lucides organisée par un professeur en psychologie. Bientôt, ils arrivent à orienter leurs rêves dans une direction voulue, puis à se retrouver dans leurs songes. L'évolution excitante de leurs pouvoirs va néanmoins conduire au drame. Douze ans plus tard, chacun a suivi une route différente quand ils sont de nouveau plongés dans des rêves terrifiants.

Ce doit être le quatrième romans de Graham Joyce que je lis et je peux me livrer à un constat peut-être temporaire: Joyce, ce n'est jamais mauvais, mais ce n'est jamais génial non plus. Il manque toujours quelque chose, un final impressionnant, un propos clair, un moment vraiment terrifiant. Pourtant, L'enfer du rêve démarre sous les meilleurs auspices. Le monde des rêves, si mystérieux, est propice aux plus grands délires et à une belle plongée dans des cauchemars sans fin. Joyce amène des idées qui seront de nouveaux explorées dans Inception ou Paprika: les rêves enchâssés au point où l'on ne sait plus si l'on est éveillé ou toujours endormi, les rêves qui commencent à déborder sur la réalité... Le prologue est déjà oppressant avec son héros en butte à des réveils successifs qu'il devine factices sans pour autant mettre fin au cercle vicieux...

Cela ne va pourtant pas bien loin: les secrets refont surface alors que l'on découvre l'origine de ce qui a déchiré le quatuor déjà bancal composé de quatre étudiants très typés: Lee le gars commun, Ella la cheffe, Honora la timide, Brad le casse-pieds agressif. Puis tous les non-dits refont surface et le groupe se reforme pour trouver une solution au mal. Seulement voilà, ce dernier n'est jamais totalement développé. Garder une part de mystère n'est pas une mauvaise approche, surtout quand on s'attaque au territoire peu connu du pays des songes mais Graham Joyce en fait un peu trop. On aimerait en savoir plus sur les elementals mais surtout sur l'Autre mentionné au détour d'un dialogue, la sensation que les personnages ont d'être en compagnie d'une présence lors de leurs rendez-vous communs durant leur sommeil. Il ne faut pas y compter, pas seulement parce que les protagonistes nagent dans le flou mais parce qu'eux-même sont réticents à discuter de ce qu'ils savent.

Graham Joyce tient pourtant sans peine en haleine tant on est à la recherche de réponses et les expéditions oniriques ne manquent pas d'un attrait inquiétant. Néanmoins, l'auteur décide de rester bien trop en surface pour ne pas frustrer ses lecteurs.