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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Kaamelott - Premier Volet
Cela fait dix ans que le Royaume de Logres tremble sous le joug du tyrannique Lancelot. La résistance s'organise autour du clan des Semi-Croustillants mais l'obsession du despote reste avant tout Arthur, qui n'a pas donné signe de vie depuis une décennie. Pourtant, il pourrait enfin, bien malgré lui, faire son grand retour.

"Bientôt, Arthur redeviendra un héros" nous promettait la fin du Livre VI. Cependant, il a fallu bien des obstacles et plus de dix ans pour que le film arrive enfin en salle (et on ne regrette pas le délai lié à la pandémie pour le découvrir sur grand écran plutôt que de le voir directement mis en ligne sur une plate-forme de streaming ou une autre). Certes, à l'échelle de la tectonique des plaques ou du rythme d'écriture de George R.R. Martin, ce n'est pas grand chose mais à force d'attendre, il y avait beaucoup d'espoir mêlé de crainte. On pourra également se demander à quoi aurait ressemblé le film s'il avait pu être réalisé dans la foulée de la série, en quoi aurait-il été différent (pas forcément mieux ou moins bien d'ailleurs).

Quoiqu'il en soit, le voici, ce Premier Volet, celui-ci et pas un autre et en deux heures (et une petite scène post-générique, vous être prévenus qu'elle existe même s'il n'y a pas de quoi se monter le bourrichon), il y a beaucoup à dire, à montrer. Dans l'esprit, comme on pouvait s'y attendre, on est davantage dans la lignée des Livres V et VI, mélange de situations cocasses, de répliques savamment envoyées et de tragédie, que dans celle des premiers Livres. Ce qui est totalement approprié, enchaîner les scénettes humoristiques de quelques minutes ne fait pas un long-métrage. Alexandre Astier arrive d'ailleurs habilement à ramener les fondamentaux (repas tendus où l'on s'envoie des vacheries, logique très personnelle de Perceval et Karadoc...) sans que cela tourne à la suite de sketches, en ne perdant pas de vue son intrigue principale: ainsi, on aura droit à une séquence portant sur un jeu du Pays de Galles aux règles incompréhensibles mais loin d'être une digression, il apporte un enjeu et s'intègre parfaitement au fil de l'histoire. On ne cherche pas à nous caser de force de la nouvelle réplique culte à tout prix, ni à citer abondamment les anciennes: un petit "mécréant!" par-ci, un "j'ai bien ma chemise mais c'est mou" par-là, et basta, pas de fan-service, merci...

C'est avec plaisir que l'on retrouve quasiment toute la petite bande (un absent de taille, Yvain, auquel il n'est de plus fait aucune allusion - alors qu'il est le beau-frère du roi tout de même), pour la plupart égaux à eux-même tout en recelant quelques surprises (Perceval semble un peu plus grave qu'avant bien que ce soit discret, Merlin est toujours une tanche en magie mais se montre compétent dans d'autres domaines, Guenièvre est agréablement sarcastique envers les mecs qui lui en auront fait voir tout en gardant son fond de romantisme, le duc d'Aquitaine est plus subtil et actif que son aspect débonnaire le laisse supposer) et on trouve moyen de les exploiter pour certains comme la série n'avait pas permis de le faire (les Burgondes!). Du côté des nouveaux, les sentiments sont mêlés: Sting est très classe dans le rôle de Horsa, le mercenaire saxon (qui promet de belles choses, croisons les doigts pour le deuxième volet!), Guillaume Gallienne fait une belle composition en chasseur de primes doucereux mais les petits jeunes qui déboulent dans la deuxième partie sont beaucoup moins marquants que leurs aînés.

Du point de vue visuel, même si le budget n'a pas dû être hollywoodien (l'armée burgonde est modeste), il y a quand même des moyens et cela fait plaisir de voir des forteresses et non pas deux bouts de remparts qui se courent après tandis que les scènes tournées à Oman ont un sacré cachet. Les costumes sont plus cossus et plus originaux que jamais (la tenue de Lancelot est déconcertante pour dire le moins mais colle à un personnage cloisonné dans sa folie et ses obsessions). Aussi compositeur, Alexandre Astier a élaboré une belle partition mais son intérêt pour la musique ne se borne pas à la bande originale, comme on aura l'occasion de le découvrir. Néanmoins, on sent parfois un manque d'ampleur dans la mise en scène, en témoigne par exemple un duel filmé en plans très serrés et je reste dubitative quant aux flash-back sur la jeunesse d'Arthur, alors Arturus, faisant ses classes en Mauritanie. Alors qu'on avance, on comprend mieux ce qu'Alexandre Astier essaie de nous dire mais ces scènes ont tendance à casser le rythme et en l'occurrence, leur aspect tragique ne s'intègre pas aussi bien au récit que la déchéance du royaume de Logres.

Ce Kaamelott - Premier Volet n'est donc pas dépourvu de défauts, et il est suffisamment riche et un peu foutraque aussi sur les bords pour demander du temps afin de vraiment décanter. Le passage délicat de la série-télé au grand écran et le retour non moins délicat à un univers après des années d'absence (on a eu des bandes dessinées, soit) est en tout cas maîtrisé et réussi, et l'on peut donc dire qu'Alexandre Astier a réussi son pari. On lui souhaite toutefois une conception du deuxième volet moins chaotique.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 22 Juillet 2021, 12:24bouillonnant dans le chaudron "Films".