Cela fait huit ans que Raylan Givens a quitté le Kentucky pour Miami. Un incident sur la route alors qu'il voyage avec sa fille Willa le conduit à Detroit où il doit faire équipe avec la police locale pour démasquer l'assassin d'un juge. Son enquête le confronte à Clement Mansel, un criminel incontrôlable.

Il manquait. D'accord, pas tellement à moi puisque je n'ai rattrapé Justified que l'automne dernier mais Raylan Givens n'avait pas donné signe de vie depuis 2015 après 6 saisons de loyaux et désordonnés services. Jusqu'à ce qu'une minisérie ne soit annoncée. Graham Yost laisse la place à Dave Andron et Michael Dinner au poste de showrunner qui adaptent toujours Elmore Leonard en se basant sur un roman appelé chez nous La Loi de la Cité écrit bien avant la première apparition de Givens dans son œuvre. Adieu le Kentucky, l'essentiel de l'intrigue se déroule en milieu urbain puisque notre brave marshall fait escale à Detroit après avoir corrigé des braqueurs croisés en route. Cela lui vaut un passage au tribunal où il rencontre le juge Alvin Guy et l'ambitieuse avocate Carolyn Wilder, il ne se doute pas que le premier n'a plus que quelques heures à vivre et laissera derrière lui un carnet suscitant bien des craintes et des convoitises tandis que la seconde va lui mettre des bâtons dans les roues... au départ.

Timothy Olyphant a désormais les cheveux poivre et sel mais Raylan n'a finalement pas tellement changé: méthodes très personnelles et contestées pour maintenir l'ordre ou rendre la justice, difficulté à gérer sa vie de famille, notamment Willa devenue une adolescente en crise. On ne remue par ailleurs pas trop le passé. Il faudra attendre les dernières minutes pour l'apparition fracassante d'un personnage emblématique de la série mais Givens est passé à autre chose après ses années au Kentucky et Andron et Dinner ne s'attardent pas à caser des références, tout à leur nouvelle intrigue. Celle-ci mêle un remuant psychopathe, une avocate élevée par un barman au passé musicien et criminel et qui se verrait bien juge ainsi qu'une bande d'Albanais revanchards.

Malgré un décor différent de ce à quoi la série nous avait habitué (bien que l'on y faisait déjà occasionnellement des sauts à Detroit), on retrouve vite ses marques. L'intrigue policière est classique, ne propose rien de révolutionnaire mais dépeint des personnages ambivalents et souvent hauts-en-couleur dans un environnement parcouru de tensions sourdes qui ne demandent qu'à exploser. Givens affronte cette fois en Mansel un personnage moins complexe que Boyd Crowder mais dangereux et surtout, sous des dehors impulsifs, rusé et insaisissable. Il doit travailler avec des policiers de Detroit qui ne sont pas forcément tous très réglos mais à l'instar de ses collègues du Kentucky, restent plutôt à l'arrière-plan, avec peu d'occasions d'être vraiment développés. Il n'en est pas de même de Carolyn Wilder, avocate de Mansel qui se voit bien juge pour remplacer le juge mais que le comportement ingérable de son client va pousser à faire des choix.

Le casting est une nouvelle fois pour beaucoup dans l'intérêt que l'on porte à l'intrigue. Timothy Olyphant rechausse les santiags sans effort apparent tandis que Boyd Holbrook campe un bon psychopathe. Le personnage d'Aunjanue Ellis n'attire pas franchement la sympathie au premier abord mais elle lui donne une sacrée épaisseur alors que l'on avance. Les seconds rôles ont tous des bonnes gueules et Vivian Olyphant, la fille de, se tire correctement de son rôle ingrat d'adolescente rebelle qui s'agace de voir son père ne pas lui accorder l'attention espérée. Notons enfin un caméo de Luis Guzmán car pourquoi pas après tout et on passe huit épisodes dans des mains sûres.

Contrairement à ce que peuvent suggérer les toutes dernières minutes, Justified: City Primeval n'appelle pas à une suite et ne se voulait qu'une minisérie. Pas de saison 2 en vue mais avec cette qualité, prendre des nouvelles occasionnelles de Raylan ne serait pas de refus.