Sans revenus et bientôt sans domicile, Georgie se résout à écrire à la reine Mary pour demander de l'aide. Voilà qui tombe à pic: on a justement besoin d'elle pour apprendre les manières de la haute société au jeune héritier d'un duché élevé au fin fond de l'Australie. La tâche n'est pas aisée et se complique encore quand le futur duc se retrouve soupçonné de meurtre.

Une vaste demeure avec un grand parc, une famille pétrie de rancœurs, un héritage... Le décor idéal pour un meurtre, et qui a bien servi depuis les débuts du genre mais étrangement, alors que le contexte s'y prête admirablement dans cette série en particulier, Rhys Bowen ne l'avait pas encore véritablement utilisé de manière aussi directe. Tous les ingrédients sont là, du maître de maison qu'on a bien des raisons de détester à ses parents désespérés en passant par les piques-assiettes, les excentriques, les domestiques et les enfants terribles et pour couronner le tout, un jeune Australien à peine mieux dégrossi que Crocodile Dundee pour qui les titres et les règles de la chasse à courre sont plus qu'ésotériques (oui, c'est un peu Crocodile Dundee meets Gosford Park ce volume).

On se doute qu'il n'est pas l'assassin dans l'affaire du jour, reste à trouver qui et ce qui est plaisant, c'est qu'après quelques frictions Georgie et l'enquêteur local font bien équipe. Évidemment, ce dernier ne coince pas le coupable mais il n'est pas incompétent et prend au sérieux les remarques de l'héroïne au lieu d'être complètement borné. Pour autant, et malgré son aide et celle de Darcy (bien que je l'ai trouvé fort raisonnable, pour ne pas dire étrangement timoré dans ce tome, peut-être parce qu'il s'inquiète pour sa promise?), il faudra attendre les dernières pages pour que Georgie découvre le pot-au-roses (la séance de spiritisme m'avait en partie mise sur la voie, Bowen ne rechigne pas devant une pincée de surnaturel à l'occasion). Du coup, encore une fois, le suspense est préservé jusqu'au bout mais la fin donne l'impression d'être un peu trop expédiée. Je dois aimer qu'on refasse calmement le match, en fait.

Malgré ce petit défaut récurrent, le tome est un bon cru, comme les précédents, avec toujours un humour qui fait mouche tout en effleurant des sujets plus graves (il est pas mal question de pertes et de traumatismes liés à la Grande Guerre, plus que dans les précédents livres en tout cas).