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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Häxan: La Sorcellerie à travers les Âges
En sept chapitres, Häxan emporte le spectateur dans une exploration de la sorcellerie à travers les âges, sous forme d'analyses iconographiques ou de scénettes fictionnelles: sabbats, inquisition et persistances des superstitions, autant de tableaux qui se succèdent pour dresser un panorama de la sorcellerie de l'Antiquité au début du XXe siècle.

Réalisé entre 1919 et 1921 pour arriver sur les écrans l'année suivante, ce film du réalisateur danois Benjamin Christensen se présente comme une conférence qui alterne des passages didactiques dans lesquels le réalisateur nous montre des images et pointe du crayon les détails qui lui semblent intéressants et des petits films mettant en scène les sorcières dans leurs œuvres ou les actions de l'Église pour lutter contre elles, ou tout du moins contre toutes les pauvres femmes accusées de sorcellerie. Ce sont évidemment ces séquences-là qui retiennent le plus l'attention (bien qu'un spectateur ayant vu L'Exorciste ne manquera pas de réagir à l'un des premiers dessins de démons introduit à l'écran). Parmi les scènes de fiction, on a droit à une femme rendant visite à une vieille sorcière pour lui demander un philtre d'amour (destiné à séduire le cousin vieux et moche de frère Tuck, on n'est pas obligé de prendre tout au sérieux), des vieilles dames et de jolies jeunes femmes accusées de sorcellerie et torturées pour qu'elles avouent leur pacte avec le Malin, ce qui conduit à des illustrations desdites confessions par des scènes de sabbat, des nonnes possédées...

Enfin, en dernière partie, Christensen dresse un parallèle entre les femmes accusées de sorcellerie autrefois et les "hystériques" de son époque, démontrant à chaque fois des femmes avant tout victimes de la méfiance et de l'incompréhension de la société parce qu'elles sont différentes ou considérées comme telles. Bien que le réalisateur colle sous le terme d'hystérie à peu près tous les troubles possibles comme la kleptomanie, il a à cœur de faire preuve de bienveillance, tout cela au travers d'une scène représentant une jeune femme que sa famille envisage d'interner mais qui est surtout déphasée par les années de guerre et entre autres le veuvage qui en a résulté.

Le message se révèle ainsi plutôt moderne mais il faut bien avouer que l'on retient avant tous les passages fantasmagoriques au Moyen Âge, dans lesquels Christensen utilise toute une batterie d'effets spéciaux dernier cri en 1922. Les apparitions du Diable peuvent amuser mais les visions de sabbats des sorcières (qui après-coup ne sont pas sans évoquer La Nuit sur le Mont Chauve de Disney) sont particulièrement marquantes et si cela est désormais assez soft pour nos yeux aguerris, on peut comprendre que les scènes de torture et de présentation d'instruments aient pu faire jaser au moment de la sortie du film (mention spéciale tout de même à l'actrice curieuse de tester les poucettes!).

C'est d'ailleurs un des paradoxes du film: malgré son aspect pédagogique revendiqué et son intention de rester rationnel dans l'approche de la sorcellerie, ce qui reste en tête et ce que l'on veut voir avant tout, ce sont les séquences horrifiques et fantaisistes avec tous les ingrédients phares (vieilles sorcières chenues, maléfices, châteaux bizarres, moines tentés par la chair ou par le barbecue, diablotins grimaçants et bacchanales dans la forêt). Le film est de ce fait un peu difficile à classer: il s'agit avant tout d'un documentaire, bien que certains points soient critiquables (on parle surtout du Moyen Âge alors que les persécutions les plus massives envers les personnes accusées de sorcellerie ont eu lieu au XVIIe siècle) mais on verse dans le film d'épouvante lors des scènes reconstituées. Notons qu'il existe plusieurs montages du film, le plus complet faisant 104 ou 110 minutes, selon qu'on le regarde en dvd ou en blu-ray). Film muet oblige, il n'existe pas d'accompagnement musical d'origine et ce dernier peut donc varier selon les versions. Pour ma part j'ai vu le film avec la bande-son signée Matti Bye qui est fort appropriée.

Häxan est un drôle de documentaire, pas spécialement informatif en fin de compte mais avec un propos intéressant. Il possède surtout une ambiance envoutante et convoque toute une imagerie inoubliable.

potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 14 Juillet 2021, 17:47bouillonnant dans le chaudron "Films".