À la tête d'un groupe hétéroclite, Jon va chercher une preuve au-delà du Mur de l'existence des Marcheurs Blancs pour unir Westeros contre cette menace. Pendant ce temps, à Winterfell, la tension monte entre Sansa et Arya.

On a eu jusque-là l'habitude de voir l'avant-dernier épisode de la saison être celui qui réservait les séquences les plus spectaculaires ou faisant basculer la série dans une nouvelle direction. La situation est un peu particulière cette saison, car si cet épisode a effectivement son lot de scènes chocs et une conclusion qui complique la vie des protagonistes, on aura déjà eu de belles choses à ce niveau un peu plus tôt. L'épisode se concentre principalement au Nord du Mur, alors avant d'y aller on va un peu parler du reste, à commencer par ce pauvre Tyrion.

Ce dernier aborde le sujet de la succession à Daenerys qui est apparemment encore stérile dans la série (même si dans les livres, ses règles faisaient leur grand retour après son départ en catastrophe de Meereen, donc part-on dans une autre direction ou est-ce que le miracle de la fertilité se fait juste un peu attendre?). C'est un sujet qui mérite d'être discuté mais que sa reine renvoie à plus tard, et encore une fois cette saison, le pauvre gars a bien du mal à exister. Soit ses conseils ont été intelligents mais contrecarrés par les manœuvres de ses adversaires, soit comme dans sa scène suivante, il se montre bien trop tiède: oui, Daenerys ne peut pas trop se permettre de courir vers le danger, mais en l'occurrence, il était évident qu'elle ne pouvait pas laisser crever l'expédition pour en envoyer d'autres jusque l'une d'elles réussisse, au vu des enjeux. Malheureusement, son sauvetage préservera l'enjeu de la mission et la vie de personnages bien sympathiques mais donnera au Roi de la Nuit une nouvelle arme de destruction massive, mais Tyrion ne proposait aucune alternative et il serait temps que son habileté fasse son grand retour pour sauver la mise, parce que le personnage n'avait un peu que son esprit comme avantage et là on ne le sent plus trop.

Autre lieu, autres problèmes: Winterfell. Voir Littlefinger magouiller pour brouiller les sœurs afin de se débarrasser du danger que représente Arya était attendu, que les deux filles Stark, qui n'ont jamais été sur la même longueur d'onde, ne comprennent pas ce que l'autre a vécu (en même temps, si elles n'en parlent pas...) d'accord, l'ennui, c'est que la base de leur affrontement, à savoir la lettre écrite par Sansa à Robb sous la contrainte, est bien trop mince. Arya n'a pas eu de formation politique et est plutôt bourrine, mais elle passe pour une idiote: elle n'aurait pas écrit un mot pareil si elle avait été faite prisonnière par les Lannister, mais elle aurait au mieux fini dans un cul de basse-fosse parce qu'elle aurait été ingérable, où elle n'aurait pas été très utile, ensuite Sansa lui fait judicieusement remarquer que "ah bon, tu étais là toi aussi au moment de l'exécution? Remarque, normal que je ne t'ai pas vu puisque tu n'as rien fait non plus", mais surtout, à Harrenhal, Arya a servi du vin à Tywin pendant un bail sans jamais penser à utiliser Jaqen pour le tuer, donc dans le genre "je file doux devant les Lannister pour survivre en attendant mon moment, quitte à laisser passer une opportunité", elle sait de quoi elle parle, donc il est dommage que personne ne soit là pour le lui rappeler.

Que Sansa soit effrayée par la lettre pose problème aussi. D'accord, Lyanna Mormont ne serait pas impressionnée, mais d'une part tout le monde sait déjà qu'elle a été prisonnière des Lannister, qu'elle a été fiancée à Joffrey puis mariée à Tyrion, donc qu'elle a dû s'écraser pour survivre. Robb et Luwin ont très bien compris la lettre, pourquoi pas les autres? Les Nordiens ne sont pas censés n'être que de gros bourrins pétris d'honneur qui ne voient pas au-delà, même s'ils ne sont pas aussi adeptes du jeu des trônes qu'à la cour. D'autre part parmi les Nordiens, on a eu Lyanna Mormont et sa dizaine d'hommes qui s'est immédiatement rallié à Jon, mais Glover a refusé d'aider et n'est venu qu'après la bataille, les Karstark restant ont été épargné mais leur famille était dans le camp Bolton... Bref, il y a eu suffisamment de compromission de leur côté pour qu'ils soient mal placés pour condamner Sansa. Cette querelle pour faire monter la tension est trop artificielle pour convaincre et les deux personnages passent pour les reines des cruches sans que Littlefinger retrouve son aura de comploteur habile pour autant.

Heureusement, tout au Nord, c'est nettement plus plaisant. Les interactions dans le groupe sont excellentes, qu'elles soient humoristiques ou plus poignantes, et on pose une belle ambiance d'épouvante avec l'attaque de l'ours, avant une jolie bataille sur une patinoire. Les scénaristes doivent néanmoins économiser pour un carton final en saison 8 puisqu'on ne perdra que ce brave Thoros de Myr, et probablement Benjen Stark (qui aura une sortie sacrément expédiée alors qu'il aurait pu rejoindre le groupe plus tôt) ainsi que quelques porteurs anonymes là pour faire du body-count.

Arrive la grande scène avec dragons intégrés (ce qui interroge encore sur le rapport temps/distance bien que le groupe poirote une nuit et environ une journée, donc à vol de dragons, ça parait un peu juste mais pourquoi pas), spectaculaire à souhait mais qui équilibrera un peu les comptes pour la suite, ce pauvre Viserion étant victime du champion de javelot qu'est le Roi de la Nuit. Ce qui compromet sérieusement, au moins dans le cadre de la série, la fameuse théorie du dragon à trois têtes mais va rendre la partie un peu plus disputée, faire du barbecue de Marcheurs Blancs sera plus compliqué que prévu.