Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Florence Foster Jenkins
Florence Foster Jenkins, éminente figure de la haute société new-yorkaise, ne vit que pour la musique. Néanmoins, elle ne souhaite pas se contenter de financer des représentations, elle désire se produire elle-même sur scène pour chanter les plus grands airs d'opéra. Il y a toutefois un léger inconvénient: elle chante comme une casserole.

"Crois en tes rêves", voilà un des grands leitmotivs de bon nombre de films hollywoodiens. Généralement, les obstacles rencontrés par les protagonistes de ces édifiantes histoires avant d'exaucer lesdits rêves sont extérieurs, et quand ils sont intérieurs, ils se bornent à des failles de personnalité. En revanche, on met rarement en cause leurs capacités dans le domaine qui les meut. Le cas de Florence Foster Jenkins, personnalité réelle dont on nous conte ici l'épopée, était un peu différent: elle avait les moyens de vivre sa passion, elle en avait la volonté, seul lui manquait le talent. Ce qui ne l'abattait pas, car elle n'en semblait pas consciente et son entourage faisait tout pour entretenir ses illusions, du moins si l'on se fie à ce film signé Stephen Frears.

Contrairement au Marguerite de Xavier Giannoli avec Catherine Frot dans le rôle-titre, sorti peu de temps avant, on a affaire ici à un biopic plus classique dans son approche et sa réalisation, et aussi beaucoup moins cruel. Difficile de ne pas éprouver de la sympathie pour ce personnage haut-en-couleur, plein d'enthousiasme et avide de faire profiter la foule de son répertoire car jamais on n'a l'impression qu'elle est guidée par la vanité et un besoin de se faire valoir. Non, elle est sincèrement convaincue d'avoir quelque chose à offrir et on se retrouve d'abord à rire de ses vocalises et de ses costumes kitsch puis à vouloir surtout que les gens s'abstiennent de se moquer d'elle et la comprennent mieux. Les personnages qui l'entourent ne manquent pas d'intérêt non plus.

Son mari, notamment, interprété par Hugh Grant qui se taille une solide nouvelle carrière depuis qu'il s'est défait du carcan des rôles de jeune premier coincé de comédies romantiques: entièrement dévoué à Florence, prêt à tout pour la protéger tout en l'aidant à réaliser son grand projet - un concert au prestigieux Carnegie Hall devant un public qui contrairement aux précédents n'est pas soigneusement sélectionné pour jouer le jeu - et qui entretient une maîtresse à côté car la syphilis de son épouse les empêchent de consommer leur union. Il présente également un contrepoids à Florence car si comme elle il entretenait des ambitions artistiques, être un grand acteur, il a compris que c'était hors de sa portée et l'a accepté. Le film soulève d'ailleurs quelques questions: doit-on être franc avec quelqu'un quitte à briser ses illusions? La critique est-elle toujours constructive? Entretenir un mensonge n'est-il pas plus destructeur quand la vérité finit par éclater?

Le scénario suit une option finalement assez gentillette. Florence aura eu raison de "croire en ses rêves", son mari, son accompagnateur, ses amis, auront bien fait de lui prêter main forte dans son délire car après tout, quel tort auront-ils causé? Quant aux mauvaises critiques, à la cantatrice le mot de la fin: "ils pourront dire que je ne savais pas chanter, mais ils ne pourront pas dire que je n'ai pas chanté". Au fond, n'était-ce pas son objectif? Cette charmante et émouvante intrigue est en tout cas bien servi par ses acteurs, en sus de Grant déjà mentionné, Meryl Streep livre un joli numéro d'actrice et cela fait plaisir de retrouver Simon Helberg en dehors de The Big Bang Theory dans le rôle du pianiste dépassé.

On peut reprocher au film , non sans raison, d'être un exemple-type de biopic trop classique, trop lisse, sans rien qui dépasse, mais c'est avec plaisir que l'on suit ce portrait d'une femme hors-normes et qui ne s'excusait pas de l'être.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 19 Juillet 2021, 14:13bouillonnant dans le chaudron "Films".