Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Fargo, saison 1
L'existence de Lester Nygaard, falot agent d'assurance dans une petite ville sans histoires du Minnesota, bascule lorsqu'il croise la route d'un mystérieux tueur. Alors que les cadavres s'accumulent, Nygaard trouve le moyen de tirer parti de la situation mais Molly Solverson, membre de la police locale, le soupçonne de ne pas être aussi inoffensif qu'il en a l'air.

À l'heure du grand recyclage des œuvres qui ont plus ou moins marquées les dernières décennies, l'annonce que Fargo, l'un des plus fameux films des frères Coen, allait être décliné en série avait de quoi faire soupirer d'avance, même avec les frangins à la production. Allait-on avoir droit à un remake du film étiré sur dix épisodes? Heureusement Noah Hawley, futur showrunner de la très barrée série Legion, avait davantage de ressources que cela. Il ne s'agit pas de raconter la même histoire bien que les similitudes avec le film soient nombreuses: l'accroche d'ouverture, le cadre de l'action évidemment, le personnage de Nygaard qui rappelle un peu Jerry Lundegaard, un couple de tueurs, une flic ordinaire mais tenace, le passage éclair dans un parking, le thème principal de Jeff Russo qui évoque celui de Carter Burwell (qui fait une apparition, le thème, pas le compositeur)... On comprend que la série se déroule officiellement dans le même univers quand un personnage retrouve une certaine valise. Néanmoins, l'intérêt ne repose pas uniquement dans des citations et des clins d’œil pour les fans du long-métrage ou il n'y aurait pas grand chose à se mettre sous la dent.

L'intrigue est inédite, tout comme les personnages malgré quelques traits communs à ceux du film et le premier épisode pose habilement les bases de ce qui va suivre, tout en réservant pas mal de surprises et de digressions apparentes (toute la partie avec Malvo et l'affaire de chantage). Les acteurs sont tous excellents même si certains comme Keith Carradine ou Bob Odenkirk restent finalement sous-exploités mais se détache particulièrement du lot Billy Bob Thornton en figure maléfique: Malvo n'est pas un simple tueur à gages qui accomplit ses contrats sans états d'âme, il prend un malin plaisir à mettre sur la sellette tous les personnages qu'il croise, psychologiquement parlant, quand il ne les corrompt pas moralement ou s'ingénie à les détruire d'une manière ou d'une autre. Nygaard quant à lui passe à son contact du pauvre gars qui se fait marcher sur les pieds par tout le monde à celui qui trouve en lui des ressources insoupçonnées pour se sortir du pétrin où il s'est mis, gagnant au fur et à mesure en assurance et en arrogance. Malvo l'a-t-il fait basculer du côté obscur ou a-t-il seulement servi à dévoiler à Nygaard quel genre de personne il était depuis le début? Pour contrebalancer face à un certain nombre de personnages mauvais ou simplement antipathiques, Allison Tolman et Colin Hanks forment un duo attachant de policiers en apparence peu taillés pour lutter face à un génie du mal mais qu'on aurait tort de sous-estimer.

On peut reprocher à certains personnages d'être un peu trop outranciers dans leurs traits de personnalité, en particulier les membres de la famille Hess épouvantables au point où l'on se dit que personne ne le serait aussi ouvertement. Le supérieur de Molly est aussi pénible à ne pas lui accorder de crédit car cela entraine des scènes répétitives bien que son comportement se comprend (incapacité à voir en un ancien camarade de classe un meurtrier en puissance, habitude de gérer des petites affaires courantes dans une ville paisible mais inaptitude à se colleter avec un cas plus grave qu'il ne veut donc pas trop creuser...).

Cependant, ce côté ouvertement grotesque des personnages ne détonne pas dans une relecture de la filmographie des Coen. À ce titre, si Fargo est évidemment la référence pour la série, on peut discerner des passerelles avec d'autres films comme l'étonnante pluie de poissons qui s'abat sur le personnage d'Oliver Platt au moment où il se pensait tiré d'affaire après avoir été convaincu d'encourir la colère divine: un passage surréaliste qui peut trouver une explication rationnelle aussi bien que surnaturelle et qui n'est pas sans rappeler la conclusion d'A Serious Man et sa tornade.

Cette première saison atteint parfaitement son but, proposant de replonger dans l'univers des Coen , saisissant bien l'esprit du film, mélange de polar sanglant et de comédie dramatique acide, sans que cela vire au simple pastiche.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 20 Février 2022, 13:59bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".