Bigby accepte une mission risquée en territoire ennemi dont la réussite lui permettrait de vivre avec sa famille. L'Adversaire planifie une riposte terrible à long terme. Le Fable le plus improbable qui soit va de son côté se couvrir de gloire.

Les trois premiers tomes de Fables alternaient les grands récits épiques et les petites intrigues intimes, balançaient entre horreur et humour selon les besoins mais étaient toujours entrainants. Une bonne partie de ce recueil semble marquer le pas. Certes, la première histoire, Et ils vécurent heureux revêt une importance capitale puisque Bigby porte un grand coup à l'Adversaire et peut renouer avec sa famille. On enchaîne cependant sur des chapitres plus anecdotiques comme Hair sur Raiponce et ses problèmes de tifs ou Grands et Petits qui montre Cendrillon en mission diplomatique chez les Géants du royaume des nuages (lieu stratégique inédit accessible grâce aux haricots magiques de Jack).

On ne tombe pas dans le pur remplissage, toutefois. Au contraire, les pièces sont soigneusement avancées pour la suite: Gepetto et ses sbires se réunissent pour mettre au point une ultime stratégie destructrice contre le monde des Communs, Hansel, désormais inquisiteur fanatique, est envoyé officiellement en ambassade à Fableville mais conspire, on développe les relations entre Bigby et son père le Vent du Nord, des promesses sont faites et des rancunes naissent... Néanmoins, cela manque de grands moments jusqu'à ce qu'on arrive au morceau de bravoure du volume: Le bon prince. Gobe-mouche, le gentil concierge des Sylves, récupère ses souvenirs et le vit mal, jusqu'à ce qu'il soit investi d'une mission par l'intermédiaire du Chevalier parjure en quête de rédemption. S'ensuit une odyssée pleine de rebondissements qui permettra de retrouver quelques personnages décédés qui saisiront, ou non, une seconde chance: belles armures, duels épiques, héros pur mais qui a oublié d'être idiot... L'histoire fonctionne également parce que Bill Willingham a disséminé des indices et mis en place progressivement ses personnages pour qu'une fois dans le vif du sujet, il puisse dérouler de manière ultra-efficace.

Ce n'est, en tout cas, pas un volume dans lequel l'Adversaire est à la fête. Au contraire, il subit défaite sur défaite. On ne va pas plaindre le vieux tyran mais on pourrait souhaiter qu'il se reprenne sinon on risque de penser que nos amis ont la partie trop facile! Ce volume demande en tout cas un peu de patience avant de décoller de la plus belle des manières.