Emportés par un TARDIS qui n'a guère apprécié de se faire asperger de café, le Docteur et Donna sont emportés dans l'espace et le temps pour finalement être abandonnés dans un vaisseau spatial aux ultimes confins de l'univers. Explorant les lieux désertés, ils vont découvrir une menace inconnue.

The Star Beast réunissait le Docteur version Tennant (une version différente mais il faut le dire vite) et Donna, un des duo les plus divertissant de l'histoire de la série, ramenait Murray Gold pour donner un pep's musical qui manquait ces dernières années, la créature était fort réussie (et si la stratégie était de vendre des peluches, j'ai envie de dire, ne vous gênez pas c'est gagné) et l'écriture de Russell T. Davies apportait des dialogues piquants dont on commençait à perdre le souvenir. Cependant, l'épisode ne vieillit pas bien dans ma tête, la faute à un message assené avec la délicatesse d'un panzer et qui en devenait maladroit pour ne pas dire contradictoire par moment. Sans parler d'une interprétation peu convaincante qui aurait pu faire passer la pilule autrement.

C'est donc avec curiosité mais sans impatience que j'attendais ce deuxième épisode spécial. Je pense qu'il faut que je me fasse une raison: Russell T. Davies ou pas, sursaut en qualité et meilleur rythme ou pas, je ne retrouverai probablement jamais l'enthousiasme que m'ont procuré les dix premières saisons, en particulier à l'époque où je découvrais les saisons déjà diffusées. La première période Davies jusqu'à The Water Of Mars. Cela fait partie de l'histoire de la série, des spectateurs s'en vont ou restent mais estiment que c'était mieux avant, de nouveaux arrivent et accrochent à ce qu'on leur propose. Bref, Wild Blue Yonder alors? Je l'ai trouvé bien plus solide que le précédent, ayant évacué ce qui me chagrinait dans The Star Beast. On est sur quelque chose de bien différent, avec un décor quasi-unique et un casting très limité. Le genre d'épisode-concept qui repose sur son ambiance et l'originalité de l'ennemi du jour.

Les vingt premières minutes consistent à explorer le vaisseau une fois que le TARDIS s'est cavalièrement éclipsé avec le tournevis sonique du Docteur, ce qui évite le recours trop facile à cette martingale. Le décor est soigné, l'ambiance aussi mais rien de bien original jusqu'à ce que la bizarrerie s'installe et que la menace se dévoile. On cherche à se référer à quelque chose de connu: les Autons? Les doubles de chair? Une évolution des Boneless? Une autre manifestation de la créature mimétique de Midnight dont on ne sait toujours rien? On sera sur encore autre chose, qui permet quelques trouvailles visuelles (les effets spéciaux ne sont pas toujours à la hauteur de l'idée mais la série a fait largement pire) et surtout, ne constitue par le seul mystère à résoudre, ce qui conduit à un final haletant (même si on se doute bien que les héros vont s'en sortir) avant d'embrayer sur l'amorce de l'épisode suivant, qui s'annonce plus spectaculaire. L'intérêt de ces dernières minutes est moins d'introduire un nouveau danger que de faire revenir un personnage aimé dont l'acteur est décédé après le tournage. Autant dire qu'on ne s'y attendait plus et c'est touchant à souhait.

Si le scénariste continue de mettre en place ses indices et ses questionnements (pourquoi le retour de ce visage?), Wild Blue Yonder n'est pas plus convaincant que le précédent en tant qu'épisode spécial célébrant le 60e anniversaire de la série. Peut-être est-ce du au retour de Davies? Je n'aurais pas confié les rênes d'un événement aussi important à Chibnall mais un "nouveau" venu va forcément être plus occupé à poser les bases pour la suite qu'à regarder en arrière.

Wild Blue Yonder est donc un très bon épisode. Un très bon épisode qui aurait eu sa meilleure place au sein d'une saison classique mais qui n'a pas l'étoffe d'un épisode correspondant à l'occasion.