Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Django
Django arrive dans une petite ville à la frontière mexicaine, traînant un cercueil derrière lui. Son contenu lui sera fort utile pour régler un conflit qui déchire la région, entre les hommes du major Jackson, un ancien officier sudiste, et ceux du général Hugo Rodriguez, un révolutionnaire.

Des trois Sergio qui ont marqué de leur empreinte le western italien (et le western tout court) Corbucci est le plus prolifique et peut-être pour cette raison, le plus inégal. Ainsi, Django n'est pas son premier western, mais c'est le premier à être remarquable et qui porte vraiment sa patte. On remarque vite les similitudes dans le scénario avec Pour une Poignée de Dollars: la ville paumée qui vit dans la terreur de deux clans ennemis, un héros mystérieux et mutique qui vient donner un grand coup de pieds dans la fourmilière, une femme retenue de force, un tenancier de taverne qui aide en traînant plus ou moins les pieds... En fait, les grands esprits se rencontrant, Leone et Corbucci avaient tous les deux flairé le potentiel d'une transposition au Far-West du Yojimbo de Kurozawa, et le premier a simplement coiffé le second au poteau. Néanmoins, Corbucci s'éloigne suffisamment de cette histoire pour ne pas avoir été accusé de plagiat par Kurosawa, contrairement à son estimé collègue.

Si en VF Franco Nero, dans le rôle-titre, bénéficie du même doubleur que l'Homme sans Nom d'Eastwood, renforçant la ressemblance entre les deux pistoleros mal-rasés au regard clair, Django se distingue par un passé qui va conditionner ses relations avec les deux chefs de bandes: il a sauvé la vie du général mexicain, ce qui fait de ce dernier un allié potentiel, et on devine que Jackson a tué sa femme, ce qui lui donne une raison supplémentaire de vouloir le liquider. Mais surtout, ce qui rend Django si mémorable, c'est sa violence.

À la sortie des Leone, on leur a notamment reproché cet aspect, mais Corbucci prend un malin plaisir à pousser les potards à fond: on commence avec une femme qui se fait fouetter, Jackson et ses hommes s'amusent à tirer sur des péons, on coupe l'oreille d'un personnage et on la lui fait manger, et à la moitié du film, le nombre de morts doit allégrement dépasser la cinquantaine... Tout le monde patauge dans la boue, que ce soit pour souligner la perdition générale ou pour une bonne grosse scène racoleuse de prostituées se crêpant le chignon dans la gadoue. Django lui-même n'est pas épargné: Eastwood se faisait esquinter une main dans Une Poignée de Dollars? Ici, ce sont les deux qui seront réduites en bouillie, avec une guérison beaucoup moins rapide!

Si les outrances prêtent par moment à rire, le fond reste tout de même bien sombre avec un personnage principal tourmenté et un méchant parfaitement odieux (très bon Eduardo Fajardo) puisqu'il ne se contente pas d'être un tyran, c'est également un gros raciste à le tête d'une milice qui évoque évidemment le Ku Klux Klan, bien que leurs capuchons soient différents. La réalisation manque sans doute d'ampleur même si on a quelques idées (une bagarre avec de la vue subjective, notamment) et une jolie musique de Luis Bacalov qui est une très bonne alternative à Ennio Morricone. Dommage en revanche que la VF, sortie des personnages principaux, soit plutôt médiocre avec à quelques exceptions près des répliques peu marquantes ou trop basiques.

Crade, outrancier, compensant son petit budget par ses excès de violence et un personnage immédiatement iconique avec son cercueil qui l'accompagne partout, Django a su s'imposer comme un des fleurons du genre, ce qui lui a valu pas mal de suites non officielles de qualité très variable, mais c'est une autre histoire.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 14 Octobre 2019, 16:58bouillonnant dans le chaudron "Films".