Ancien officier déchu renvoyé de l'armée, Kern Shafter la réintègre en tant que simple soldat et s'engage dans le 7e de Cavalerie, sous les ordres du général Custer, alors que ce dernier prépare une campagne contre les Sioux. Shafter va retrouver à l'occasion un vieil ennemi et faire connaissance avec Joséphine Russell, une jeune femme au caractère indépendant.

Ernest Haycox était un auteur dont l’œuvre a donné lieu à nombre d'adaptations qui sont devenues des classiques du western comme La Chevauchée fantastique (et d'autres non, comme l'adaptation du bouquin dont il est question ici). Cependant ma première lecture d'un de ses romans, Le Passage du Canyon, ne m'avait pas franchement convaincue et c'est en me demandant si je n'avais pas été mal lunée alors, si je n'avais pas choisi ce qu'il avait écrit de mieux pour débuter ou si sa bibliographie n'était pas pour moi que je lui ai donné une deuxième chance. Ce qui valait le coup.

Des clairons dans l'après-midi n'est pas sans rappeler la trilogie de la cavalerie de John Ford, ou plutôt, le roman l'annonce puisqu'il a été publié quelques années avant: on s'attache à décrire la vie d'un régiment, les officiers et leurs épouses, les hommes de troupe et comment s'imposer dans ce milieu où on règle souvent les conflits à coups de poings, il y a de la rivalité amoureuse et du ressentiment... Shafter est un personnage classique avec sa blessure passée mais qui va réapprendre à vivre, tandis que Joséphine Russell, même si elle reste finalement assez en marge de l'action, s'impose vite comme un personnage qui ne se laisse pas tourner facilement la tête.

L'intérêt principal du roman reste néanmoins l'évocation de la bataille de Little Big Horn, victoire écrasante des Sioux dirigés entre autres par Sitting Bull et Crazy Horse sur les hommes de Custer. Ce dernier a droit à un portrait ambivalent mais plutôt à charge: il a certes ses admirateurs mais on montre bien son arrogance, son bilan loin d'être sans taches et sa volonté d'aller au combat pour clouer le bec de ceux qui ne l'estiment pas, juge-t-il, à sa juste valeur en cumulant les erreurs. Bien que la fameuse bataille ne soit vue qu'à travers les yeux de Shafter, on tord le coup à quelques idées amenées par les représentations à l'écran: loin d'être un affrontement vite plié où tout le monde fonce bêtement sur tout le monde, celui-ci s'est déroulé sur plus d'une journée, avec des unités isolées ne parvenant pas à se rejoindre, mal équipée et avec un nombre d'officiers insuffisant.

Haycox livre donc avec Des clairons dans l'après-midi un beau roman qui mêle habilement souffle romanesque et scènes plus intimistes.