L'Apocalypse est pour bientôt, les armées des Cieux et de l'Enfer n'attendent que le signal de l'Antéchrist, qui pour l'heure pense surtout à s'amuser avec sa bande de copains dans la campagne anglaise. Pour Aziraphale et Rampa, respectivement ange et démon, le grand événement n'est pas une perspective si formidable. Ils goûtent à leur vie sur Terre et ne sont pas enthousiastes à la voir se terminer, quand bien même grâce à la victoire de leur camp.

Alors qu'après des années d'annonces et de contre-annonces et de projet passé de mains en mains, l'adaptation a enfin une date de sortie (le 31 mai 2019), il était temps que je me rafraichisse la mémoire en relisant De Bons Présages que j'avais découvert au collège (ou était-ce déjà au lycée?). Certains passages m'étaient restés en tête, y compris celui où le traducteur, Patrick Marcel, s'avère incapable de traduire un jeu de mots mais s'en tire par une note de bas de page qui ne dépare pas avec l'esprit du reste du bouquin.

Peut-être parce que j'ai lu davantage de livres de Pratchett que de Gaiman, peut-être parce que le premier, d'après une interview, est responsable des deux-tiers de l'écriture, peut-être parce que son humour est plus caractéristique, le style de l'auteur des Annales du Disque-Monde ressort davantage que celui de son collègue, d'autant qu'on retrouve la Mort, un de ses personnages emblématiques. Quoiqu'il en soit on ne ressent pas un aspect décousu malgré le caractère délirant de l'histoire et la paternité à quatre mains. On n'éclate pas forcément de rire devant les péripéties mais les échanges des membres de la bande des Eux sont savoureux et on croise quelques personnages hauts-en-couleur comme l'Inquisiteur Shadwell, ainsi que des idées amusantes (les disques restés trop longtemps dans une voiture qui se transforment automatiquement en Greatest Hits de Queen...).

Loin d'être une simple parodie d'histoires d'épouvante à base d'Apocalypse et d'Antéchrist comme La Malédiction, De Bons Présages a su se faire une place non-usurpée de classique de l'humour britannique, qu'il est toujours plaisant de revisiter de temps en temps.