Un bourreau devient obsédé par les têtes qu'il coupe. Un tailleur accepte une étrange commande. Des collectionneurs en tout genre font l'acquisition d'objets aux effets terrifiants. Une femme échappée d'un asile cherche désespérément de l'aide. Une adolescente soupçonne son charmant voisin d'être un vampire... Trente histoires de Robert Bloch idéales pour trembler de peur.

Robert Bloch restera probablement dans les mémoires avant tout pour être l'auteur de Psychose dont Alfred Hitchcock a tiré un de ses films les plus fameux. C'était aussi un admirateur de Lovecraft qui à peine adolescent a entretenu une correspondance avec le Maître de Providence qui l'a encouragé à écrire. Encouragements bien reçus puisque Bloch a publié sa première nouvelle à 17 ans et sa carrière s'est étalée sur plusieurs décennies. Dans les années 70, il a sélectionné lui-même pour le public français des nouvelles d'épouvante (usant du surnaturel ou non) rassemblées en une anthologie publiée pour le Club du livre fantastique. La collection Pocket Terreur n'en a proposé que la première moitié et un Contes de Terreur II n'a malheureusement pas suivi. On a tout de même droit à pas moins de trente nouvelles ce qui donne un aperçu de la dextérité de Robert Bloch.

On croise souvent des personnages antipathiques voire malintentionnés pris à leur propre piège, à commencer par celui de Chasseur de Têtes, la nouvelle qui ouvre le recueil: un bourreau sous le IIIe Reich qui décide de ramener des têtes chez lui mais pas n'importe lesquelles. La chute grinçante n'est pas sans rappeler le ton des Contes de la Crypte dans lesquelles les vilains ou stupides protagonistes se retrouvaient généralement punis par là où ils ont péché. Les psychopathes ont davantage tendance à s'en sortir s'ils savent se montrer habiles, ainsi que les maris jaloux (les nouvelles ne sont malheureusement pas exemptes d'un petit relent misogyne) et Cours du Soir, même quand on voit le piège se refermer, est amusante pour les adeptes d'humour noir.

Le Lotus noir, une courte nouvelle, lorgne du côté de Lovecraft avec quelques allusions à son univers mais Bloch a son propre ton, ses propres marottes et l'on croise donc à plusieurs reprises des criminels pensant réussir le coup du siècle pour vivre une très amère désillusion ou des personnages souffrants de folie. Écrites avant les années 70, ces histoires peuvent parfois paraître déjà lues, on devinera par exemple très vite de quoi il retourne dans L'ami Roderick mais ce genre de procédé devait être bien plus original à l'époque.

Contes de Terreur est une très bonne entrée dans l’œuvre de Robert Bloch, inquiétante à souhait sans être dépourvue d'humour, pour qui voudrait s'en faire une idée sans être intéressé par les exploits de Norman Bates.