Alors que le procès de l'assassin de Danny débute, Alec Hardy sollicite l'aide d'Ellie Miller sur une autre affaire: celle de Sandbrooke, qu'il n'a pu résoudre de façon satisfaisante et qui connait un rebondissement inattendu.

Quand dans un whodunit, le coupable est démasqué, il n'y a généralement plus grand chose à raconter. Aussi, la première saison de Broadchurch n'appelait pas une suite, qui a pourtant été annoncée dans la foulée de la diffusion du final. Il y avait de quoi entretenir des doutes sur la façon de relancer l'intrigue? Un nouveau meurtre, faisant de Broadchurch une annexe de Midsummer? Et comment justifier la présence d'Ellie et Alec sur place étant donnée l'identité du meurtrier pour la première et des ennuis de santé du second? Chris Chibnall a entretenu le suspense et c'est donc sans trop savoir à quoi s'attendre qu'on retrouve les principaux personnages de la saison 1. Bientôt, premier coup de tonnerre, Joe Miller plaide non-coupable. Si l'on peu craindre un moment que le scénariste remette en cause les conclusions de ses enquêteurs (au risque de les faire passer pour des guignols ou de trouver une explication tirée par les cheveux), il n'en est rien, on se concentre sur la procédure et comment l'action de Joe va affecter la famille de la victime et son entourage. Ce qui est une bonne chose, la série brille généralement plus quand elle se penche sur l'aspect humain des affaires que sur les affaires elles-mêmes.

La seconde sous-intrigue démarre de façon un peu artificielle pour relier l'affaire Sandbrooke à la présence d'Alec à Broadchurch mais se révèle très satisfaisante, en étant moins classique que l'enquête de la saison 1. Ici, on ne passe pas d'un suspect à l'autre pour les éliminer au fur et à mesure et découvrir que le coupable était celui que personne n'avait de raison de soupçonner (en dehors du fait que le spectateur a l'habitude que ce soit justement celui qu'on soupçonne le moins qui a fait le coup. Lee, Claire et Ricky sont tout aussi louche l'un que l'autre et rien ne vient les mettre systématiquement hors de cause. La solution, bien que rappelant un peu trop la mort de Danny, est crédible.

Plus décousue et éclatée que la saison 1, cette suite est aussi moins prévisible bien qu'elle ne soit pas dépourvue de défauts. Si les deux intrigues parallèles sont bien menées, certains personnages sont en retrait (Paul) ou carrément absent (le petit ami de Chloé n'est même pas présent comme soutien) et les nouveaux ne sont pas tous passionnants, comme les deux avocates, dont les échanges dans le prétoire sont tendus mais dont la vie personnelle semble plaquée là pour étoffer ces personnages et ne pas les réduire à leur métier. L'inconvénient majeure, c'est qu'on n'a pas le temps de s'attacher à elles et de ressentir la moindre empathie.

Alors que le choix d'offrir une suite à la saison 1 laissait présager du pire, cette saison 2 parvient à surprendre et à ne pas étirer la sauce. Une nouvelle fois couronnée de succès Broadchurch aura droit à une troisième et ultime saison, qu'on espère aussi inspirée. Car s'il y a encore une fois des bémols, la qualité reste au rendez-vous.